Thierry Breton left the EU Commission earlier this month.

Jean Delaunay

Que deviendra la loi européenne sur les télécoms sans Thierry Breton ?

Alors que Henna Virkkunen devrait remplacer Thierry Breton au poste de commissaire européen en charge des télécommunications, la portée du prochain Digital Networks Act est incertaine.

Avec la nomination de la Finlandaise Henna Virkkunen au poste de nouvelle commissaire européenne en charge de la technologie et des télécommunications, la refonte prévue des règles des télécommunications – la loi sur les réseaux numériques – pourrait changer de direction.

La proposition, qui doit être publiée début 2025 et qui vise à résoudre les problèmes de connectivité, de spectre et d’investissement, a été portée par l’ancien commissaire au Marché intérieur Thierry Breton, lui-même ancien PDG de France Télécom.

L’ancienne députée européenne du Parti populaire européen Virkkunen a été chargée par la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, de « travailler sur une nouvelle loi sur les réseaux numériques, pour contribuer à stimuler le haut débit sécurisé, à la fois fixe et sans fil », selon sa lettre de mission.

Elle devrait « encourager et inciter les investissements dans les infrastructures numériques », en tenant compte des réponses à la consultation.

Breton, qui a démissionné plus tôt ce mois-ci, a introduit l’idée d’une nouvelle loi sur les télécoms en 2023, ce qui a donné lieu à un débat intense entre le secteur des télécoms d’un côté, et les services de streaming de l’autre.

L’idée initiale d’une option dite de « partage équitable » – qui verrait les grandes entreprises technologiques payer pour les infrastructures de télécommunications – a été édulcorée lors de la consultation publique qui a suivi, qui a défini plusieurs options politiques. Cette consultation s’est clôturée en juin et les États membres débattent désormais des résultats et des plans potentiels, en attendant la proposition de la Commission l’année prochaine.

Les options pourraient inclure l’élargissement de la portée des règles actuelles de l’UE en matière de télécommunications, qui protègent l’accès au réseau et la concurrence, afin de « garantir des conditions de concurrence réglementaires » avec des droits égaux pour toutes les entreprises actives dans le secteur.

La Hongrie, qui pilote actuellement les réunions ministérielles, a pour objectif de parvenir à des conclusions du Conseil d’ici la fin de l’année.

Le calendrier de la proposition de l’opérateur de télécommunications pourrait être décalé

La nouvelle Commission devant commencer ses travaux le 1er décembre, il semble moins probable qu’un plan soit publié début 2025. Le calendrier de publication de l’ADN l’année prochaine est également compliqué par le fait que le Code des communications électroniques européen (EECC), qui réglemente les réseaux et services de télécommunications, doit également être révisé l’année prochaine.

En outre, la plupart des 27 États membres de l’UE restent sceptiques quant aux projets de refonte des règles de télécommunications et à la nécessité de règles supplémentaires. Ils ont récemment appelé la Commission à analyser plus en détail les défis posés par les technologies émergentes, à envisager des solutions à l’épreuve du temps et à fonder ses propositions sur des données factuelles.

La nouvelle commission semble se réorienter vers l’investissement, conformément à l’essentiel du rapport Draghi, qui appelait à davantage d’investissements dans le bloc.

Les secteurs de la technologie et des télécommunications restent divisés sur ce que la nouvelle Commission devrait faire dans le domaine des télécommunications. Alessandro Gropelli, directeur général désigné de l’association des télécommunications Connect Europe, anciennement ETNO, a déclaré que le rôle des vice-présidents de la Commission Ribera et Virkkunen sera « crucial », avec une nouvelle approche de la concurrence et l’ADN désormais « fermement ancrés dans le paysage ».

« Comme l’écrit Draghi dans son rapport, c’est la compétitivité qui est en jeu », a-t-il ajouté.

D’autre part, Constantin Gissler, directeur général de DOT Europe, qui représente les entreprises en ligne, s’est dit heureux que les lettres de mission « reflètent le large retour d’information des parties prenantes contre l’imposition de coûts d’investissement réseau sur les services en ligne ».

« La loi sur les réseaux de l’UE devrait plutôt se concentrer sur la simplification du cadre réglementaire et s’attaquer aux véritables obstacles à l’investissement dans les infrastructures en Europe », a-t-il ajouté.

Du point de vue du consommateur, Claudio Teixeira, responsable juridique du Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC), a déclaré à L’Observatoire de l’Europe que les consommateurs ont « raison de s’inquiéter » de la direction que semble prendre la Commission dans les télécommunications, avec sa volonté d’accroître la concentration et la déréglementation des marchés européens des télécommunications.

« Ce dont nous avons besoin, c’est d’un contrôle des fusions et du maintien des règles existantes pour protéger la concurrence, qui sont les meilleurs moyens de protéger les consommateurs contre la hausse des prix et d’injecter plus d’innovation sur le marché. Ce n’est pas en ayant deux ou trois géants des télécoms à l’américaine que l’on obtiendra plus d’innovation », a-t-il déclaré.

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