La France prévoit d’arracher 30 000 hectares de vignes alors que la consommation de vin continue de baisser.
Le gouvernement français a présenté un plan de 120 millions d’euros pour déraciner 30 000 hectares de vignobles du pays en réponse au déclin du secteur viticole.
Ce plan, élaboré par l’Etat, la région Nouvelle-Aquitaine et le Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux, prévoit l’arrachage de 30 000 des 800 000 hectares de vignes du pays.
Ce plan s’inscrit dans le cadre d’un plan plus vaste du ministère de l’Agriculture visant à arracher jusqu’à 100 000 hectares. Le département de la Gironde a déjà commencé à réduire son vignoble de 8 000 hectares.
Les propriétaires de vignobles se sont vu offrir jusqu’à 4 000 euros par hectare qu’ils autorisent le gouvernement à arracher. Ceux qui acceptent ces offres ne sont pas autorisés à replanter de la vigne sur les mêmes terres avant 2029 au moins.
La consommation de vin en France est en chute libre depuis plusieurs décennies, avec une baisse de 70% en 60 ans. Dans les années 1960, le Français buvait en moyenne 120 litres de vin par an. Il n’en consomme plus que 40 aujourd’hui, selon l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT).
La tendance s’accentue, indique l’organisme gouvernemental FranceAgriMer, avec des ventes de vin rouge en baisse de 15 % au cours des trois dernières années seulement.
Les jeunes Français rejettent de plus en plus le vin comme boisson de prédilection. L’évolution des habitudes de consommation, comme la préférence pour la bière au profit du vin, et le rejet généralisé de la consommation d’alcool par les moins de 34 ans, ont alimenté ce changement sur le marché.
L’industrie vinicole française est également impactée par une baisse de la demande internationale pour la boisson. Les chiffres des exportations de vin en 2023 ont diminué de 10 % par rapport à l’année précédente. La France a été le premier exportateur de vin au monde en 2023, avec 48 millions d’hectolitres, même si l’Italie devrait retrouver ce titre cette année.
La Chine, autrefois l’un des plus gros marchés d’exportation de vins français, a réduit sa demande en raison de l’essor de son industrie vinicole nationale et d’une préférence pour les vins espagnols et italiens.
Ces facteurs ont conduit la région de Bordeaux à décider de déraciner une grande partie de ses hectares de vignes. Ce premier plan gouvernemental de 120 millions d’euros pour les 30 000 premiers hectares sera probablement suivi par d’autres plans visant à achever l’arrachage d’un total de 100 000 hectares.
Le prochain centre viticole de l’Europe ?
Un autre facteur à long terme susceptible d’avoir un impact sur l’industrie viticole française pourrait également être le réchauffement climatique. À mesure que le climat évolue, le terroir qui définit les vins uniques de chaque région française évolue également.
Pour l’instant, tout va bien pour le vin français. Une étude réalisée entre 1950 et 2020 sur 19 appellations d’origine contrôlées de Bordeaux a montré que leur qualité s’améliorait grâce à des étés plus chauds et des hivers plus humides.
Cependant, si les températures continuent d’augmenter, ces mêmes vignobles qui ont bénéficié d’une hausse des températures pourraient être confrontés à la sécheresse, ce qui sera incroyablement préjudiciable à leurs récoltes.
C’est ce qui a conduit à un essor considérable de l’industrie du vin au Royaume-Uni. Le climat plus tempéré du Royaume-Uni s’est également amélioré pendant les étés, et les investisseurs dans le vin ont vu le potentiel du pays pour devenir un producteur de vin majeur au cours du 21e siècle.
Le gel, qui peut être dévastateur pour les vignes, se produit désormais rarement dans certaines régions du sud de l’Angleterre. Les vignobles poussent partout dans le pays, du sud jusqu’en Écosse. Avec une augmentation de 74 % des plantations de vignes, soit 4 000 nouveaux hectares au cours des cinq dernières années, la Grande-Bretagne est la région viticole qui connaît la croissance la plus rapide au monde en raison de ce changement de climat.