Historiquement, les actions européennes ont réagi positivement aux baisses de taux de la Fed, en particulier lorsqu’elles ne sont pas liées à une récession. Cependant, en période de récession, la performance du marché est volatile. La baisse des taux liée à la pandémie de 2020 a été un cas exceptionnel, les actions ayant bondi en raison d’une relance mondiale sans précédent.
Septembre 2024 marque le début d’un nouveau cycle de réduction des taux d’intérêt par la Réserve fédérale, plus de quatre ans après la dernière réduction du coût des emprunts par la banque centrale américaine.
Historiquement, les baisses de taux de la Fed ont eu un impact significatif sur les marchés mondiaux, influençant non seulement les actions américaines mais également les actions européennes.
Les investisseurs considèrent généralement les baisses de taux comme un catalyseur positif pour les actifs comme les actions, car la baisse des coûts d’emprunt peut encourager les entreprises à investir et à se développer. Elles sont également traditionnellement bénéfiques pour les obligations et l’immobilier, ce dernier pouvant potentiellement profiter d’une demande accrue de prêts hypothécaires.
La réaction historique des marchés boursiers européens aux baisses de taux de la Fed a été généralement positive, comme le montre l’analyse ci-dessous. Toutefois, un facteur crucial est de savoir si ces baisses ont été déclenchées par des conditions de récession aux États-Unis.
Performance historique de l’Euro Stoxx 50 après le début des baisses de taux de la Fed
La performance historique de l’Euro Stoxx 50 – l’indice qui suit 50 sociétés de premier ordre de la zone euro – après la première baisse des taux de la Fed présente un tableau mitigé, fortement influencé par la présence ou non des États-Unis en récession à l’époque.
En moyenne, en incluant les épisodes récessionnistes et non récessionnistes, l’Euro Stoxx 50 a enregistré des gains modestes à court terme, augmentant de 0,4 % un mois après la baisse des taux, de 3,8 % après trois mois et de 5 % après six mois.
Lorsque la Fed a abaissé ses taux en dehors d’une période de récession, les actions européennes ont eu tendance à mieux performer. Bien que l’Euro Stoxx 50 ait reculé de 1,0 % un mois après la baisse, il a ensuite affiché une forte vigueur, en augmentant de 8,3 % après trois mois et de 12,2 % après six mois. Cela suggère que les baisses de taux dans un environnement économique stable sont souvent interprétées de manière positive, car elles signalent des coûts d’emprunt plus faibles et une expansion économique potentielle.
En revanche, lorsque des baisses de taux ont eu lieu pendant ou avant des récessions imminentes, la réaction de l’Euro Stoxx 50 a été plus volatile et modérée.
En moyenne, l’indice a augmenté de 2,3 % un mois après la baisse, mais a chuté de 2,9 % après trois mois et de 5,9 % après six mois.
Toutefois, en excluant l’épisode récessionniste extraordinaire de la pandémie de COVID-19, l’impact sur le marché devient encore plus prononcé, l’indice chutant de 1,2 % après un mois, de 11,0 % après trois mois et de 17,5 % après six mois.
Les épisodes clés de la première baisse des taux de la Fed et la performance de l’Euro Stoxx 50
Plusieurs épisodes historiques offrent un aperçu de la manière dont les actions européennes ont réagi aux changements de politique monétaire de la Fed :
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Récession de 1990 (13 juillet 1990) : Suite à la baisse des taux de la Fed en pleine récession, l’Euro Stoxx 50 a subi des pertes importantes, chutant de 7,4 % un mois plus tard, de 20,5 % après trois mois et de 27,0 % après six mois. Cette période a été caractérisée par un ralentissement économique mondial et la guerre du Golfe, qui ont contribué à l’incertitude des marchés et à une forte baisse des actions.
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Récession de 2007 (18 septembre 2007) : Alors que la crise financière mondiale se déroulait, la Fed a commencé à réduire ses taux pour atténuer le ralentissement économique. L’Euro Stoxx 50 a d’abord augmenté de 3,7 % un mois après la baisse, mais a ensuite chuté de 16,6 % sur six mois. L’aggravation de la crise financière et les turbulences du secteur bancaire ont entraîné une panique généralisée sur les marchés et des baisses substantielles sur les marchés boursiers.
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Baisse non récessionniste en 2019 (30 juillet 2019) : En 2019, la Fed a abaissé ses taux en raison des inquiétudes concernant le ralentissement de la croissance mondiale, les tensions commerciales et une inflation modérée, mais sans récession. L’Euro Stoxx 50 a réagi avec une relative stabilité, affichant une baisse modeste de 1,0 % un mois plus tard, suivie de gains de 4,6 % et 6,6 % au troisième et au sixième mois, respectivement. Cette stabilité reflète un environnement économique plus favorable, dans lequel les baisses de taux ont été perçues comme préventives plutôt que réactives.
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Récession pandémique de 2020 (15 mars 2020) : L’épisode le plus extraordinaire s’est produit en mars 2020, lorsque la Fed a décrété une baisse d’urgence des taux en réponse à la pandémie de COVID-19, ce qui a déclenché un arrêt de l’économie mondiale. Malgré la récession, l’Euro Stoxx 50 a grimpé en flèche, gagnant 12,8 % après un mois, 21,3 % après trois mois et 28,9 % après six mois.
Cette hausse remarquable a été alimentée par une vague sans précédent de mesures de relance monétaire et budgétaire de la part des banques centrales et des gouvernements du monde entier. Ces interventions ont contribué à stabiliser les marchés et à alimenter un rebond rapide des actifs à risque, ce qui a entraîné une brève récession de février à avril 2020.
À quoi faut-il s’attendre après la baisse des taux de septembre 2024 ?
Compte tenu du contexte historique, la réaction de l’Euro Stoxx 50 à la prochaine baisse des taux de la Fed dépendra probablement de divers facteurs, notamment les conditions économiques sous-jacentes, le sentiment des investisseurs et les réponses politiques.
Si la baisse des taux intervient dans un environnement non récessionniste, l’histoire suggère un potentiel de gains modérés pour les actions européennes à moyen terme.
Toutefois, si cette baisse est perçue comme une réponse aux difficultés économiques croissantes, les marchés pourraient être confrontés à une certaine volatilité et à une certaine incertitude.
Le cas exceptionnel de 2020 rappelle que les actions des banques centrales, notamment en temps de crise, peuvent avoir des répercussions démesurées sur le comportement des marchés.
L’ampleur sans précédent des mesures de relance mises en œuvre pendant la pandémie a catalysé une croissance exceptionnelle des marchés boursiers du monde entier dans les mois qui ont suivi les confinements de mars 2020. Toutefois, cet épisode reste l’exception plutôt que la norme.