Too much plastic: A swan stands between dumped plastic bottles and waste at the Danube river in Belgrade, Serbia

Jean Delaunay

Aujourd’hui, c’est la Journée mondiale contre le gaspillage plastique : un traité international inédit pourrait endiguer la vague de déchets

Nous n’en sommes qu’aux trois quarts de l’année, mais la Terre a déjà produit trop de déchets plastiques. Que faut-il faire ?

Saviez-vous que plus de 220 millions de tonnes de déchets plastiques seront générées en 2024 ?

Le 5 septembre marque le Plastic Overshoot Day, le moment de l’année où les déchets plastiques de l’humanité dépassent la capacité des systèmes de gestion des déchets à gérer les quantités produites.

Depuis l’année dernière, l’ONG suisse Earth Action publie un rapport sur le Plastic Overshoot Day et, en 2024, elle révèle que 66 % de la population mondiale vit dans des zones où les déchets plastiques ont déjà dépassé la capacité locale de gestion des déchets.

Le rapport intervient avant une dernière série de négociations qui se déroulera en novembre en Corée du Sud, dans le but d’élaborer un traité international juridiquement contraignant sur la pollution plastique.

Lors de l’événement, Earth Action travaillera avec les entreprises et les délégués pour faire pression en faveur de ce traité.

Des policiers s'efforcent de retirer les déchets de la rivière Tagaret polluée qui se jette dans le lac Uru Uru, près d'Oruro, en Bolivie
Des policiers s’efforcent de retirer les déchets de la rivière Tagaret polluée qui se jette dans le lac Uru Uru, près d’Oruro, en Bolivie

Quelle est la gravité de la situation des déchets plastiques dans le monde ?

Actuellement, seulement 12 pays sont responsables de 60 % des déchets plastiques mal gérés dans le monde, les cinq premiers étant la Chine, la Fédération de Russie, l’Inde, le Brésil et le Mexique.

Aucun pays sur la planète n’est exempt de production de déchets : environ 28 kg sont produits chaque année dans le monde et, depuis 2021, ce chiffre a augmenté de 7,11 %.

La Terre n’a pas la capacité de gérer tout le plastique et, selon le rapport, un tiers de ce plastique sera mal géré à la fin de sa vie. Cela représente 69,5 millions de tonnes de plastique existant dans la nature.

Que révèle le rapport sur les déchets plastiques ?

Rapport sur la Journée mondiale contre le plastique de cette année L’étude a également pris en compte les déchets plastiques de l’industrie textile et les déchets ménagers dans son analyse, par opposition aux seuls déchets d’emballages en plastique, qui étaient le seul facteur inclus dans son rapport inaugural.

Malgré une amélioration des pratiques actuelles de gestion des déchets plastiques, ce qui signifie que la Journée a été déplacée au 5 plutôt qu’au 4 l’année dernière, la quantité globale de déchets plastiques mal gérés reste plus ou moins inchangée en raison de l’augmentation de la production de déchets plastiques chaque année.

Cela signifie, en théorie, qu’il y aura 117 jours de dépassement de la quantité de plastique – ce qui montre que les déchets plastiques produits du 5 septembre jusqu’à la fin 2024 seront probablement mal gérés dans le monde entier.

En revanche, un plastique bien géré est un plastique qui est géré de manière à minimiser son impact sur l’environnement. Cela peut être réalisé de différentes manières, mais les plus importantes sont généralement le recyclage et la conception des plastiques pour la recyclabilité, la diminution de la quantité de plastique utilisée afin de réduire la pollution et les émissions de plastique, la réutilisation du plastique et l’élimination des emballages inutiles.

Earth Action a averti que toute amélioration de la capacité de gestion des déchets est souvent dépassée par l’augmentation de la production de plastique. Ils estiment que l’hypothèse selon laquelle le recyclage « résoudra la crise du plastique » est fondamentalement erronée.

« La Journée mondiale du plastique doit servir à la fois de témoignage de notre trajectoire actuelle et de modèle pour les mesures nécessaires. Les décisions prises aujourd’hui auront des répercussions sur les écosystèmes et les économies pendant des générations », déclare Sarah Perreard, co-PDG d’Earth Action & Plastic Footprint Network. « Une approche habituelle pour résoudre la crise du plastique ne fera qu’aggraver ses effets. »

Quelle est la solution à la crise des déchets plastiques ?

« La nécessité du changement est fondée sur la nécessité de protéger l’environnement et notre santé, mais le risque de l’inaction pour les entreprises est souvent négligé : les profits ainsi que la planète seront victimes de cette crise », ajoute Perreard. « De nombreuses entreprises et PME prennent des mesures pour tenir compte de leur empreinte plastique et instaurer la circularité dans les chaînes d’approvisionnement. C’est cette action des entreprises, cette collaboration et cette réglementation par le biais d’un traité efficace de l’ONU qui apporteront le changement. »

Ce traité représentera le premier effort global au monde visant à réglementer le plastique, avec des objectifs allant de la réduction de la production de plastiques inutiles à l’interdiction de produits chimiques spécifiques et à l’établissement d’objectifs de recyclage ambitieux.

Earth Action travaille avec des entreprises internationales, des gouvernements et des PME pour évaluer l’impact des plastiques sur leurs chaînes d’approvisionnement et les conseiller sur la transition vers des modèles commerciaux circulaires.

Un homme marche sur une voie ferrée jonchée de plastique et d'autres déchets à Mumbai, en Inde
Un homme marche sur une voie ferrée jonchée de plastique et d’autres déchets à Mumbai, en Inde

Elle est également la fondatrice du Plastic Footprint Network, un regroupement de plus de 35 organisations mondiales, dont Decathlon, WWF, Mars et Breitling.

« Aujourd’hui nous rappelle avec force qu’il est temps de changer. Les chiffres sont clairs : aux trois quarts de l’année, nous avons déjà épuisé notre capacité à contenir la marée de plastique », déclare Nicolas Rochat, fondateur de Mover Plastic Free Sportswear. « Continuer sur cette voie de production débridée de plastique est inadmissible et menace la prospérité des entreprises et de l’humanité. »

« Des solutions dites comme le recyclage des plastiques « Cela ne fera qu’accroître la pollution physique et chimique du plastique. Il est temps d’aller au-delà des solutions temporaires et d’investir dans des alternatives innovantes et non polluantes dans les chaînes d’approvisionnement qui nous protégeront contre une catastrophe imminente », ajoute-t-il.

« Notre planète ne peut plus supporter le coût de l’inaction ni celui de la perpétuation du problème. »

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