Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, est favorable à une baisse des taux de la BCE en septembre, invoquant la baisse de l’inflation dans la zone euro. Les analystes minimisent quant à eux l’impact de l’inflation des services.
Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a appelé à une nouvelle baisse des taux d’intérêt de la Banque centrale européenne (BCE) en septembre, après celle mise en oeuvre en juin.
Dans une interview avec Le Point Dans un article paru vendredi 30 août dans le magazine économique Euronext, Villeroy de Galhau a estimé qu’une nouvelle baisse des taux serait « juste et sage », en cohérence avec l’approche gradualiste de la BCE.
« Notre réunion du 12 septembre devrait, à mon avis, déboucher sur des mesures. Il serait juste et sage de décider d’une nouvelle baisse des taux », a déclaré M. Villeroy, soulignant l’importance d’un « gradualisme actif et pragmatique », et exhortant la BCE à se laisser guider à la fois par l’inflation observée et par les anticipations futures.
« Le marché s’attend à des taux d’intérêt dans la zone euro l’année prochaine compris entre 2% et 2,5% », a-t-il ajouté.
Villeroy a toutefois également souligné l’équilibre délicat que la BCE doit trouver.
« La BCE doit se méfier du risque d’une croissance insuffisante », a-t-il averti, soulignant que, même si l’inflation n’atteint pas encore durablement l’objectif de 2% de la BCE, « nous l’atteindrons très probablement au premier semestre de l’année prochaine pour la France et au second semestre pour la zone euro ».
Il a averti qu’attendre que l’inflation atteigne 2 % avant de baisser les taux entraînerait un retard dans l’action, car « les changements de taux prennent toujours un certain temps à se traduire dans l’économie réelle ».
L’inflation de la zone euro atteint son plus bas niveau depuis trois ans
Les commentaires de Villeroy interviennent à un moment crucial, alors que la zone euro est aux prises avec une baisse de l’inflation, ce qui a renforcé l’argument en faveur d’un assouplissement monétaire.
La semaine dernière, les données préliminaires d’Eurostat ont révélé que l’inflation dans la zone euro était tombée à son plus bas niveau depuis plus de trois ans. L’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) a augmenté de 2,2 % sur un an en août 2024, contre 2,6 % en juillet, marquant la plus faible hausse annuelle depuis juillet 2021.
Chris Turner, responsable mondial des marchés chez ING, a déclaré : « Les données d’inflation de la zone euro du mois d’août étant surprenantes à la baisse, la BCE a le feu vert pour réduire ses taux de 25 points de base lors de sa réunion du 12 septembre. »
Malgré la baisse de l’inflation globale, l’inflation des services reste préoccupante. Les dépenses liées aux services, qui représentent près de 45 % de l’IPCH de la zone euro, ont augmenté de 4,2 % en glissement annuel en août, contre 4 % en juillet.
L’inflation sous-jacente, qui exclut les composantes volatiles telles que l’énergie et l’alimentation, n’a connu qu’une légère baisse, passant de 2,9 % à 2,8 % sur un an, la pression à la hausse persistante due à la hausse des prix des services servant de point de friction principal.
Impact des événements de l’été européen sur l’inflation
Bill Diviney, responsable de la recherche macroéconomique chez ABN Amro, a observé que l’inflation des services en France a bondi à 3,1 % en août contre 2,6 % en juillet, tirée par les « services d’hébergement et de transport », qui pourraient avoir été influencés par les Jeux olympiques de Paris.
Il a suggéré qu’une gamme plus large d’événements culturels estivaux dans la zone euro, notamment l’Euro 2024 et la tournée de Taylor Swift, pourrait également avoir contribué aux pressions inflationnistes dans le secteur des services.
Néanmoins, la tendance générale à la désinflation et l’affaiblissement des indicateurs de croissance des salaires plaident en faveur d’une nouvelle baisse des taux.
« Étant donné que la désinflation se poursuit globalement et que les principaux indicateurs de croissance des salaires pointent vers le sud, nous pensons que le Conseil des gouverneurs sera à l’aise pour aller de l’avant avec une nouvelle baisse des taux en septembre », a conclu Diviney.