Tourists visit the Zaisan Memorial, a monument that honors allied Mongolian and Soviet soldiers killed in World War II, in Ulaanbaatar, Mongolia on June 29, 2024

Jean Delaunay

Le Kremlin n’est pas inquiet de la visite de Poutine en Mongolie, État membre de la CPI

Le Kremlin affirme qu’il n’a « aucune inquiétude » concernant la visite de Poutine en Mongolie, malgré un mandat d’arrêt de la CPI à son encontre.

Le Kremlin affirme n’avoir « aucune inquiétude » quant à la prochaine visite du président russe Vladimir Poutine en Mongolie, pays membre de la Cour pénale internationale, qui a émis l’année dernière un mandat d’arrêt à son encontre.

La visite, prévue pour mardi prochain, sera le premier déplacement de Poutine dans un État membre de la CPI depuis que le mandat d’arrêt a été émis en mars de l’année dernière pour des crimes de guerre présumés en Ukraine.

En vertu du traité fondateur de la Cour, le Statut de Rome, les membres de la CPI sont tenus de détenir les suspects contre lesquels la Cour a émis un mandat d’arrêt s’ils mettent le pied sur leur sol.

Mais la Cour ne dispose d’aucun mécanisme de mise en œuvre. Dans un cas célèbre, le président soudanais de l’époque, Omar el-Béchir, n’a pas été arrêté en 2015 lors de sa visite en Afrique du Sud, pays membre de la Cour, ce qui a suscité la colère des militants des droits de l’homme et du principal parti d’opposition du pays.

Le porte-parole de Poutine, Dmitri Peskov, qui avait auparavant souligné que la Russie ne reconnaissait pas la juridiction de la CPI, a déclaré aux journalistes lors de sa conférence téléphonique quotidienne vendredi que le Kremlin n’avait « aucune inquiétude » concernant le voyage à venir : « Nous avons un merveilleux dialogue avec nos amis de Mongolie », a-t-il déclaré.

Le porte-parole de la CPI, Fadi El Abdallah, a souligné dans un communiqué vendredi que la Mongolie « est un État partie au Statut de Rome de la CPI » et a donc l’obligation de coopérer avec la Cour.

« La CPI compte sur ses États parties et d’autres partenaires pour exécuter ses décisions, y compris en ce qui concerne les mandats d’arrêt », a déclaré le responsable, ajoutant : « En cas de non-coopération, les juges de la CPI peuvent prendre une décision à cet effet et en informer l’Assemblée des États parties. Il appartient alors à l’Assemblée de prendre toute mesure qu’elle juge appropriée. » La déclaration n’a pas clairement indiqué le type de mesures que cela pourrait impliquer.

Il y a des « événements cérémoniels »

Selon un communiqué publié jeudi par le Kremlin, Vladimir Poutine se rendra en Mongolie à l’invitation du président Ukhnaa Khurelsukh « pour participer aux cérémonies consacrées au 85e anniversaire de la victoire conjointe des forces armées soviétiques et mongoles sur les militaristes japonais sur la rivière Khalkhin Gol ». Poutine s’entretiendra également avec Khurelsukh et d’autres hauts responsables mongols, selon le communiqué.

La CPI a accusé Poutine d’être personnellement responsable des enlèvements d’enfants en Ukraine, où Moscou mène une guerre d’agression dévastatrice depuis deux ans et demi.

C’est la première fois que la Cour internationale de Justice émet un mandat d’arrêt contre un dirigeant d’un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU. La CPI a déclaré dans un communiqué que Poutine « est présumé responsable du crime de guerre de déportation illégale (d’enfants) et du transfert illégal (d’enfants) des zones occupées d’Ukraine vers la Fédération de Russie ».

Le tribunal a également inculpé l’envoyée de Poutine pour les droits des enfants, Maria Lvova-Belova, pour les mêmes chefs d’accusation et a émis plus tard des mandats d’arrêt contre l’ancien ministre de la Défense Sergueï Choïgou et le chef d’état-major général Valéry Gerasimov pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité ou actes inhumains.

La Russie n’est pas membre de la Cour, ne reconnaît pas sa compétence et refuse de lui livrer les suspects. Les autorités ont qualifié ces mandats d’arrêt de « nuls et non avenus ».

Poutine n’a pas voyagé dans les pays membres de la CPI depuis que le mandat d’arrêt a été émis. Il a également manqué un sommet des pays en développement du BRICS l’année dernière en Afrique du Sud.

L’Afrique du Sud a fait pression sur Moscou pendant des mois pour que Poutine ne participe pas à la réunion, afin d’éviter les retombées diplomatiques, le pays étant membre de la CPI. Les deux pays ont finalement annoncé qu’ils avaient conclu un « accord mutuel » selon lequel Poutine ne participerait pas à une réunion à laquelle il participe habituellement.

Le Kremlin a indiqué que Vladimir Poutine avait décidé de ne pas participer en personne au sommet de Johannesburg. Il a préféré participer par liaison vidéo, au cours de laquelle il a lancé une diatribe contre l’Occident.

L’année dernière, le Kremlin s’est également irrité contre la décision de l’Arménie de rejoindre la CPI, ce qui a accru les tensions entre les deux pays. Les responsables arméniens ont cependant rapidement cherché à assurer à la Russie que Poutine ne serait pas arrêté s’il entrait dans le pays.

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