In this June 5, 2014 file picture the Euro sculpture stands in front of the European Central Bank building in Frankfurt, Germany.

Jean Delaunay

L’inflation dans la zone euro atteint son plus bas niveau depuis plus de trois ans : une baisse des taux de la BCE est-elle imminente ?

L’inflation annuelle de la zone euro est tombée à 2,2 % en août 2024, mais l’inflation sous-jacente, alimentée par la persistance des coûts des services, reste tenace. M. Schnabel, de la BCE, appelle à la prudence concernant d’éventuelles baisses de taux.

L’inflation dans la zone euro est tombée à son plus bas niveau depuis plus de trois ans, ce qui intensifie les spéculations selon lesquelles la Banque centrale européenne (BCE) pourrait bientôt envisager de baisser ses taux d’intérêt.

Selon les données préliminaires d’Eurostat, l’indice harmonisé des prix à la consommation dans l’ensemble du bloc monétaire a enregistré une hausse annuelle de 2,2 % en août 2024. Il s’agit du taux d’inflation annuel le plus bas depuis juillet 2021, avant de culminer à 10,6 % en octobre 2022.

Il s’agit d’un net ralentissement par rapport à la hausse de 2,6 % enregistrée en juillet, ce qui est conforme aux attentes des économistes. Sur une base mensuelle, l’indice global a progressé de 0,2 %, après une stagnation en juillet.

La baisse de l’inflation annuelle est principalement due à une forte baisse de 3 % des prix de l’énergie et à des effets de base favorables.

Hors composantes volatiles telles que l’énergie et l’alimentation, l’inflation sous-jacente a légèrement diminué, passant de 2,9 % à 2,8 % sur un an, atteignant son plus bas niveau depuis avril 2024. Toutefois, sur une base mensuelle, l’inflation sous-jacente a connu une hausse de 0,3 %, principalement en raison d’une hausse des prix des services.

Les dépenses liées aux services, qui constituent près de 45% de l’indice harmonisé de la zone euro, ont augmenté de 4,2% sur un an en août, contre 4% précédemment, et ont connu une hausse mensuelle de 0,4%.

Le taux d’inflation global de la zone euro chute à son plus bas niveau depuis 3 ans, mais le taux de base reste stable

« La politique monétaire doit être menée de manière progressive et prudente, car le niveau actuel de l’inflation globale sous-estime les défis auxquels la politique monétaire est toujours confrontée », a déclaré Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE, lors d’un discours prononcé vendredi en Estonie. Elle a souligné que l’inflation intérieure restait élevée à 4,4 %, en grande partie en raison des pressions persistantes sur les prix dans le secteur des services, où la désinflation est effectivement au point mort depuis novembre dernier.

Dans un communiqué séparé, Eurostat a rapporté que le taux de chômage de la zone euro a diminué de 6,5% à 6,4% en août, en dessous des prévisions du marché de 6,5%.

L’inflation diminue en Allemagne tandis que celle en Belgique s’envole

Parmi les États membres de la zone euro, l’Allemagne a joué un rôle important dans le ralentissement de l’inflation globale de la région en août.

L’indice harmonisé des prix à la consommation pour l’Allemagne est tombé à 2% sur un an en août, chutant nettement en dessous des 2,3% attendus.

Sur une base mensuelle, l’Allemagne a enregistré une déflation, avec une contraction des prix de 0,2 %, provoquée par une forte réduction des prix de l’énergie.

Les autres États membres ayant enregistré une inflation mensuelle négative en août sont la Lituanie (-0,5 %), la Finlande (-0,5 %), la Lettonie (-0,4 %), l’Italie (-0,1 %), l’Autriche (-0,1 %) et le Portugal (-0,1 %).

À l’inverse, la Belgique a connu une poussée notable des pressions inflationnistes au cours du mois, son taux d’inflation harmonisé ayant augmenté de 1,6 % par rapport à juillet 2024. Cette forte augmentation a marqué un retournement de situation significatif

par rapport à la baisse de 0,6 % observée en juillet et représente la plus forte hausse mensuelle depuis février 2024. Sur une base annuelle, la Belgique a enregistré le taux d’inflation le plus élevé à 4,5 %, bien qu’il s’agisse d’une baisse par rapport aux 5,4 % de juillet, suivie de l’Estonie à 3,4 % et des Pays-Bas à 3,3 %.

Réactions du marché

L’euro a tenu bon face au dollar après la publication des chiffres de l’inflation, probablement soutenu par l’inflation tenace dans le secteur des services. À 11h15, heure d’Europe centrale, la monnaie unique s’échangeait à 1,1080 USD, maintenant une stabilité après deux séances consécutives de baisse.

Les rendements des obligations souveraines à 10 ans sont restés largement inchangés en Allemagne après la baisse de jeudi, tandis qu’ils ont légèrement baissé de 3 points de base en France, en Italie et en Espagne.

Les actions européennes ont poursuivi leur tendance à la hausse vendredi, l’Euro Stoxx 50 gagnant 0,6%, se positionnant pour une quatrième semaine consécutive de hausse. Parmi les valeurs les plus performantes de l’Euro Stoxx 50 figurent Adidas, LVMH et Amadeus IT, qui ont progressé respectivement de 1,6%, 1,4% et 1,1%.

Parmi les indices nationaux, le CAC 40 français a augmenté de 0,6%, le FTSE MIB italien de 0,5% et le DAX allemand de 0,1%, ce dernier atteignant de nouveaux records au-dessus de 18 950 points au cours de la séance du matin.

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