A special police task force (SEK) after the fatal knife attack Friday at the festival in Solingen, August 2024

Milos Schmidt

Euroviews. L’islamisme continuera de représenter une menace pour les démocraties libérales en Europe. Voilà pourquoi

Tout comme dans la lutte contre l’extrémisme de droite, des lignes claires doivent être tracées avec les islamistes, non seulement sur la question de la violence mais aussi sur leur position sur les valeurs fondamentales démocratiques, écrit Gülden Hennemann.

Vendredi soir : attaque au couteau lors de la fête de Solingen. Samedi matin : incendie criminel d’une synagogue dans le sud de la France. Dimanche matin : début de la grande offensive tant attendue du Hezbollah contre Israël.

C’est un week-end triste marqué par l’islamisme et la haine islamiste. Ces trois événements ont en commun : la haine d’inspiration islamiste contre les valeurs démocratiques libérales et contre Israël.

Compte tenu de la menace croissante de l’extrême droite, l’accent politique s’est récemment porté sur les efforts visant à lutter contre l’extrémisme de droite.

La société civile a également démontré haut et fort sa détermination à lutter contre le racisme, l’hostilité envers les personnes et le nationalisme ethnique à travers d’innombrables manifestations et actions diverses (des concerts aux campagnes sur les réseaux sociaux).

Dans le même temps, on observe un silence notable de la part des politiques et de la société civile sur le thème de l’islamisme.

Au contraire, de nombreux scientifiques, experts, auteurs ou journalistes évitent délibérément le sujet de l’islamisme par peur, car la pression publique sur les réseaux sociaux ou les menaces contre eux-mêmes, leurs amis ou leur famille sont presque insupportables.

Surtout depuis l’attaque terroriste du Hamas et de ses groupes islamistes alliés le 7 octobre dernier, toute déclaration sur l’islamisme, Israël et la Palestine ressemble à une marche dans un champ de mines.

Mais, au vu des années de menace islamiste inchangée, ce silence est la pire option imaginable. Car il suggère soit une approbation, soit un signe de lâcheté. Dans les deux cas, il s’agit de menaces existentielles pour les démocraties libérales.

Il est d’autant plus important que nous nous attaquions enfin à l’islamisme et à ses conséquences, et pas seulement sur le plan juridique et pénal, car le monde est différent depuis le 7 octobre.

Des décennies de haine

Même si les enquêtes à Solingen sont toujours en cours et que le contexte exact du crime n’est pas clair, de nombreux faits indiquent qu’il s’agit d’un attentat terroriste à motivation islamiste.

Le média officiel de la milice terroriste dite État islamique (EI) a déjà revendiqué la responsabilité de l’attaque, la présentant comme une « vengeance pour les musulmans en Palestine et ailleurs ».

Un regard sur l’histoire idéologique de l’islamisme montre que la haine d’Israël et des Juifs, combinée au rejet des valeurs démocratiques et des modes de vie libéraux, sont des éléments fondamentaux de l’idéologie islamiste.

Depuis le siècle dernier, les islamistes ont systématiquement propagé ces idées. En premier lieu, à travers les écrits et les œuvres de Sayyid Qutb (1906-1966), principal idéologue des Frères musulmans et fondateur de l’islamisme moderne au XIXe siècle, auquel on fait encore référence aujourd’hui à des fins de radicalisation.

Depuis le 7 octobre, on ne parle plus beaucoup de ces éléments fondamentaux de l’islamisme et du terrorisme islamiste… même si cette attaque terroriste du Hamas & Co a le potentiel non seulement de réorganiser le Proche et le Moyen-Orient, mais aussi de déclencher une nouvelle vague de radicalisation islamiste en Europe.

Un militant masqué du Hamas porte son arme lors d'un rassemblement du groupe dans le camp de réfugiés de Shati, en avril 2007.
Un militant masqué du Hamas porte son arme lors d’un rassemblement du groupe dans le camp de réfugiés de Shati, en avril 2007.

Son essai « Notre bataille contre les Juifs » a eu une influence durable sur la haine des islamistes envers les Juifs et Israël, notamment parce qu’il se réfère à des sources et traditions religieuses, obtenant ainsi la justification prétendument religieuse de cette haine.

Il ne faut pas oublier qu’Abdullah Azzam (1941-1989), lui-même Palestinien et cerveau idéologique et organisationnel d’Al-Qaïda, a explicitement appelé à l’usage de la violence comme moyen de défense des terres musulmanes dans le monde entier, particulièrement en Palestine contre Israël.

Et enfin, il y avait aussi Yusuf al-Qaradawi (1926-2022), qui a non seulement favorisé l’émergence d’une génération musulmane orientée vers le fondamentalisme — notamment en Europe — mais qui a également été l’un des plus éminents partisans du Hamas et a explicitement préconisé le recours à la violence par les Palestiniens, y compris par le biais d’attentats suicides.

Cependant, depuis le 7 octobre, on ne parle plus beaucoup de ces éléments fondamentaux de l’islamisme et du terrorisme islamiste.

Et ce, alors même que cette attaque terroriste du Hamas & Co a le potentiel non seulement de réorganiser le Proche et le Moyen-Orient, mais aussi de déclencher une nouvelle vague de radicalisation islamiste en Europe.

Au contraire, les cercles politiques affirment que l’islamisme et le terrorisme islamiste ne sont arrivés en Europe qu’avec le mouvement des réfugiés en 2015.

L’extrémisme se cache derrière les lois démocratiques

Même si l’antisémitisme musulman est devenu un problème croissant dans le sillage des mouvements de réfugiés depuis 2015 et, combiné à d’autres facteurs psychosociaux, constitue un terrain fertile pour la radicalisation islamiste, cela ne doit pas occulter le fait que les islamistes ont systématiquement construit leurs structures, étendu leurs réseaux et accru leur influence en Europe, en particulier dans les sphères éducatives, sociales et sociopolitiques, depuis les années 1970 et surtout depuis les années 1980.

Depuis des décennies, nous assistons donc à un islamisme européen croissant, alimenté par des groupes et mouvements islamistes – notamment les Frères musulmans – au travers de discours antidémocratiques, antisémites et anti-occidentaux. Les organisations islamistes sont souvent protégées par la liberté d’expression et de religion garantie par les lois démocratiques.

Des policiers et des ambulances près du lieu où des personnes ont été tuées et blessées lors d'une attaque lors d'un festival à Solingen, en août 2024
Des policiers et des ambulances près du lieu où des personnes ont été tuées et blessées lors d’une attaque lors d’un festival à Solingen, en août 2024

Et tant qu’ils ne franchissent pas les limites du droit pénal, ils peuvent continuer à s’organiser et à réseauter sans être inquiétés, atteignant parfois les plus hauts niveaux politiques.

Ils sont encore souvent consultés comme partenaires et conseillers sur les questions d’intégration ou de lutte contre le terrorisme, en partie parce qu’ils s’opposent publiquement à la violence au nom de la religion.

De plus, les groupes islamistes, tels que ceux idéologiquement alignés sur les Frères musulmans, bénéficient toujours d’un soutien financier dans de nombreux pays européens et sont considérés comme des représentants légitimes des musulmans sur les plans politique et social.

Réductionnisme romantique légitimant les crimes

Dans le contexte du conflit israélo-palestinien actuel, les conséquences de ce réseau islamiste sont particulièrement évidentes.

Ce sont des organisations comme la Communauté palestinienne en Allemagne (PGD) ou le réseau Samidoun (Réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens), interdit en Allemagne mais toujours actif dans toute l’Europe, qui prétendent représenter les intérêts des Palestiniens mais qui, au fond, propagent la haine d’Israël et des Juifs, aidant ainsi des groupes islamistes comme le Hamas.

Ce sont ces organisations et d’autres similaires qui cherchent à fortement émotiviser les sociétés européennes, notamment pour influencer le discours public dans le sens de leurs propres intérêts anti-israéliens et islamistes et ainsi influencer les décisions politiques concernant Israël.

Ils bénéficient d’un soutien public, politique et sociétal, en particulier de la part de la gauche. On peut ainsi observer comment des étudiants, des féministes et des militants LGBTQ+, pourtant considérés comme éclairés, ont été utilisés pendant des mois pour légitimer les viols, les meurtres, les massacres et les enlèvements motivés par les islamistes en gardant le silence sur les atrocités du 7 octobre, tout en réduisant simultanément le terrorisme islamiste du Hamas & Co de manière presque romantique à une forme d’autodéfense contre l’agresseur présumé Israël.

Ces cercles ne se rendent pas compte à quel point ils légitiment le Hamas et ses complices en les présentant comme les représentants légitimes des Palestiniens, alors que les femmes, les homosexuels et les dissidents sont opprimés et persécutés depuis que le Hamas a pris le pouvoir à Gaza.

Un manifestant pro-palestinien se dispute avec le personnel du défilé alors qu'il bloque le parcours du défilé lors de la marche des fiertés de New York, en juin 2024
Un manifestant pro-palestinien se dispute avec le personnel du défilé alors qu’il bloque le parcours du défilé lors de la marche des fiertés de New York, en juin 2024

Le fait que des personnes qui militent depuis des années et des décennies en faveur des droits des femmes et des LGBTQ+ s’alignent désormais sur ceux qui, par conviction islamiste, sont précisément contre ces droits et soutiennent le Hamas islamiste à Gaza constitue donc une trahison sans commune mesure.

Il est particulièrement choquant que ces cercles ne réalisent pas à quel point ils légitiment le Hamas et ses complices en les présentant comme les représentants légitimes des Palestiniens, alors que les femmes, les homosexuels et les dissidents sont opprimés et persécutés depuis que le Hamas a pris le pouvoir à Gaza.

Ce sont précisément les développements de ces derniers mois qui mettent en évidence une chose : les critiques des développements politiques en Israël, comme la politique de colonisation ou les manifestations pro-palestiniennes, sont importantes et légitimes.

Il est toutefois dangereux de se faire le porte-parole des islamistes et de dénier à Israël son droit à l’existence. Cela légitime non seulement le terrorisme islamiste, mais met également en danger les principes fondamentaux de la démocratie.

Ne donnez pas aux extrémistes la satisfaction de vous faire taire

Si nous voulons lutter efficacement contre une nouvelle montée de l’islamisme européen et du terrorisme islamiste à l’avenir, nous devons non seulement nous concentrer sur les mesures juridiques et sécuritaires, mais aussi aborder enfin les liens idéologiques et ainsi exposer les discours islamistes.

Tout comme dans la lutte contre l’extrémisme de droite, des lignes claires doivent être tracées avec les islamistes, non seulement sur la question de la violence mais également sur leur position sur les valeurs fondamentales démocratiques.

Il est essentiel, d’une part, de promouvoir davantage la capacité de penser de manière critique afin que les gens puissent reconnaître la propagande et la désinformation islamistes comme telles et, d’autre part, de favoriser une culture du débat et de la discussion dans laquelle les dangers à long terme de l’idéologie islamiste pour les démocraties sont ouvertement abordés et, surtout, communiqués.

Le silence n’est pas une option car alors les islamistes et leurs complices auraient atteint leur objectif.

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