Le leader de centre-droit de Forza Italia a relancé le débat politique en soutenant le « ius scholae », qui permettrait aux enfants de résidents d’acquérir la nationalité italienne après avoir terminé leurs études formelles dans le pays.
Le vice-Premier ministre italien et leader de Forza Italia, Antonio Tajani, a suscité un débat politique en soutenant l’introduction du « ius scholae » — le principe qui accorde la citoyenneté italienne aux enfants de résidents étrangers qui terminent leurs études en Italie.
Intervenant sur la radio RTL 102.5, Tajani a insisté sur le fait que Forza Italia, le parti de centre-droit fondé par Silvio Berlusconi, restait fidèle à ses alliés de la coalition et à ses électeurs, mais a souligné l’indépendance de son parti : « Nous ne sommes pas un parti unique et personne ne peut nous donner d’ordres. »
Cette décision l’éloigne de ses partenaires de la coalition de droite au pouvoir dans le pays, positionnant Forza Italia plus près des partis d’opposition qui rejettent les positions dures sur l’immigration.
Les commentaires de Tajani ont suscité l’inquiétude du Premier ministre Giorgia Meloni, qui souhaite maintenir l’unité de la coalition dans un contexte politique difficile, notamment avec la nomination d’un commissaire européen italien et la prochaine loi budgétaire.
Au lieu de cela, Tajani a souligné la division idéologique entre les trois partis de la coalition au pouvoir, Forza Italia, les Frères d’Italie d’extrême droite et un autre parti d’extrême droite, la Lega, qui siègent tous dans trois groupes différents au Parlement européen.
Retour à l’école
La loi italienne actuelle sur la citoyenneté, qui date de 1992, est fondée sur le principe du ius sanguinis, ou « droit du sang », selon lequel la citoyenneté est accordée en vertu de la filiation.
Pour ceux qui ne sont pas nés de parents italiens, la naturalisation est un processus complexe et long qui nécessite 10 ans de résidence continue.
La position de Tajani est de simplifier cela en accordant la citoyenneté à tous les enfants qui terminent leur scolarité obligatoire en Italie, qui s’étend de 6 à 16 ans.
Ce changement pourrait à terme bénéficier à près d’un million d’enfants de nationalité étrangère qui fréquentent les écoles italiennes.
Tajani a critiqué la règle actuelle du ius sanguinis, soulignant qu’elle conduit souvent les gens à demander la nationalité italienne simplement pour obtenir un passeport, et non en raison d’un lien réel avec l’Italie.
Il a souligné les données montrant qu’environ 40 000 descendants d’émigrés italiens, principalement d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud, acquièrent chaque année la nationalité italienne bien qu’ils ne résident pas en Italie.
La position de Tajani n’a pas été accueillie chaleureusement par tous.
Son co-vice-Premier ministre Matteo Salvini, chef de file de la Ligue d’extrême droite, a immédiatement rejeté toute modification de la loi sur la citoyenneté, affirmant qu’elle n’était « pas une priorité » et la qualifiant d’« idée propre à Forza Italia qui le restera ».
Meloni est restée silencieuse sur la question, se concentrant plutôt sur le programme plus large de son gouvernement.
La stratégie de Forza Italia
Quelle que soit la probabilité d’un succès législatif lors de la reprise des travaux du Parlement le 10 septembre, la position de Tajani est considérée comme faisant partie d’une stratégie plus large de Forza Italia visant à affirmer sa position pro-européenne et à attirer les électeurs modérés, renforçant ainsi son influence au sein du gouvernement.
En exprimant son soutien au ius scholae, une question impopulaire auprès d’autres dirigeants de droite, Tajani signale la volonté de Forza Italia de collaborer au-delà des clivages partisans, même avec la gauche, faisant écho à son approche au Parlement européen.
Tajani a été franc sur sa stratégie : « Je crois que tout ce que nous faisons aide le centre-droit. Mon objectif est de continuer à gagner et d’occuper les espaces laissés vacants aujourd’hui, l’espace entre Giorgia Meloni et (la chef du Parti démocrate) Elly Schlein. »
Cette manœuvre fait suite aux élections européennes, où Forza Italia a surpassé de manière inattendue la Lega, se distinguant encore davantage au sein de la coalition.
Le soutien de Forza Italia au ius scholae s’aligne sur celui de son partenaire de coalition Maurizio Lupi de Noi Moderati, un petit parti centriste.
La Ligue reste toutefois fermement opposée à toute réforme de la citoyenneté, arguant que l’Italie accorde déjà plus de nationalités que tout autre pays de l’UE.
La position des Frères d’Italie est moins claire : alors que Meloni s’est abstenue de tout commentaire récent, son parti a suggéré que la réforme de la citoyenneté n’était pas une priorité du gouvernement.
En revanche, les partis d’opposition sont unis dans leur soutien à la réforme des lois sur la citoyenneté italienne, même s’ils diffèrent sur les détails.
Le Parti démocrate de centre-gauche (PD) et l’Alliance de la gauche verte sont favorables au jus soli, qui accorderait la citoyenneté sur la base de la naissance en Italie.
Toutefois, les deux partis accepteraient également une réforme plus modérée, comme le ius scholae, qui est également soutenu par le Mouvement 5 étoiles, bien qu’ils s’opposent au ius soli.
Les dirigeants d’Azione et d’Italia Viva, Carlo Calenda et Matteo Renzi, respectivement, ont également exprimé leur soutien à la réforme de la loi sur la citoyenneté, en la liant au niveau d’éducation.