FILE: An alpinist heads down a ridge on the Aiguille du Midi towards the Vallee Blanche on the Mont Blanc massif, in the Alps, near Chamonix, 12 October 2011

Milos Schmidt

Tourisme de la dernière chance : visite d’un glacier en voie de disparition à Chamonix

Le nouvel ascenseur et le Glaciorium font partie des grands travaux en cours sur le site du Montenvers pour assurer l’accès à la Mer de Glace et à la haute montagne française.

Habitant à Chamonix, il n’est pas facile d’échapper au fait que, depuis 10 ans, la célèbre Mer de Glace ressemble moins à une mer de glace qu’à une mer de décombres.

Selon les dernières données, le plus grand glacier de France et le deuxième plus long des Alpes témoigne du changement climatique, perdant 6 mètres d’épaisseur par an. Il s’étendait autrefois des pentes du Mont Blanc jusqu’au fond de la vallée de Chamonix.

Malgré cela, le glacier, également connu sous le nom de Montenvers, attire des milliers de visiteurs chaque année, avec quelque 450 000 personnes en 2023.

Et depuis l’hiver dernier, ils peuvent l’admirer de près, à 1 913 mètres d’altitude, grâce au nouveau téléphérique. En seulement deux minutes, les visiteurs sont transportés entre la plateforme d’observation et la glace en contrebas.

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A bord, ils pourront admirer la beauté du territoire, avec ses sommets célèbres, comme les Grandes Jorasses et les Drus, qui séduisent les alpinistes depuis quatre siècles.

L’année dernière, les visiteurs devaient gravir un long escalier raide pour atteindre le site, car le glacier avait beaucoup reculé.

Avec la fonte continue des glaciers, la Compagnie du Mont-Blanc a dû s’adapter pour faciliter les déplacements des visiteurs et l’accès aux attractions les plus populaires, comme la grotte du glacier, creusée chaque année pour permettre aux visiteurs de voir le glacier de l’intérieur.

« Il faut 10 minutes pour descendre jusqu’à la grotte, là où il fallait beaucoup plus de temps auparavant, explique Stéphane Seux, directeur d’exploitation de la Compagnie du Mont-Blanc. Nous n’avons plus qu’une centaine de marches, alors qu’avant il y en avait 600. Cela change vraiment l’accessibilité du site. »

S’adapter à la fonte des glaces

La nouvelle télécabine, construite à environ 40 mètres en amont de celle de 1988, s’inscrit dans le cadre des grands travaux entamés sur le site du Montenvers. L’objectif est de garantir son attractivité comme lieu d’accès à la haute montagne tout en sensibilisant à sa vulnérabilité au changement climatique.

La restauration de l’hôtel historique et du chemin de fer rouge du Montenvers fait également partie du projet.

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Un nouveau centre d’interprétation du climat et des glaciers, le Glaciorium, sera construit à partir de décembre 2025 et devrait ouvrir en 2026. Grâce à des expositions interactives, le Glaciorium retracera l’évolution des glaciers et notre relation avec eux.

Le glaciologue local Luc Moreau étudie les glaciers de Chamonix depuis 1987. Il constate que par endroits, le glacier a perdu 40 m en quatre ou cinq ans.

Pour les guides de montagne locaux comme Jérôme Stoessel, le retrait du glacier signifie qu’il doit emmener les clients de plus en plus loin pour atteindre la partie du glacier où il peut faire des entraînements :

« On a rajouté une bonne vingtaine de minutes pour les balades. Après, au fur et à mesure qu’on avançait, il fallait encore (marcher) sur la Mer de Glace. Jusqu’ici, on ne peut pas vraiment faire notre randonnée glaciaire ou notre travail technique, il faut aller beaucoup plus en amont sur la Mer de Glace. »

La nouvelle télécabine permet aux glaciologues comme Moreau d’observer de près les conséquences du réchauffement climatique, tout en favorisant le tourisme local.

Moreau souligne que — télécabine ou pas — dans 15 ans, le glacier aura considérablement fondu.

Tourisme de la « dernière chance »

Les experts estiment que la partie skiable du glacier ne sera disponible que pendant 30 ans au maximum, et Moreau estime que d’ici la fin du siècle, les Alpes se réchauffant plus vite que le reste du monde, tous les glaciers situés en dessous de 3 500 mètres auront disparu.

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Pour l’instant, il profite encore de la présence des glaciers pour les faire connaître. « On sensibilise le plus possible, on parle aux gens de cet environnement qu’on se doit de préserver », explique-t-il.

De nombreux visiteurs apprécient également le fait que cela pourrait être leur dernière chance de les voir.

« On pensait qu’à la fin de l’année, il ne serait plus là. C’est pour ça qu’on a profité de venir. On sait très bien que dans quelques années, le paysage ne sera plus le même », confie l’un d’eux.

« Nous avons réalisé que nous étions privilégiés et que cela ne durerait plus très longtemps ».

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