PARIS — La France reste coincée dans les limbes politiques après que le président Emmanuel Macron a refusé lundi d’accepter le candidat de la gauche, vainqueur des élections, au poste de Premier ministre.
Macron, qui, en tant que chef de l’État, est chargé de nommer un nouveau Premier ministre et un nouveau gouvernement, a rencontré lundi les chefs de partis et les dirigeants parlementaires de tous les horizons politiques. Il a ensuite publié une déclaration indiquant qu’il ne nommerait pas de chef de gouvernement issu de la coalition de gauche du Nouveau Front populaire, qui a remporté les élections législatives de juin, arguant que cela conduirait à l’instabilité.
« Le président de la République a souligné qu’un gouvernement basé uniquement sur la plateforme et les partis présentés par l’alliance comptant le plus de députés, le Nouveau Front populaire, serait immédiatement renversé par un vote de défiance de tous les autres groupes représentés à l’Assemblée nationale », indique le communiqué.
Les élections législatives anticipées ont été convoquées par Macron après que son parti centriste a été battu aux élections européennes de juin par le Rassemblement national d’extrême droite. Alors que le parti d’extrême droite était donné vainqueur, la coalition électorale du Nouveau Front populaire, constituée à la hâte et composée des principales forces de gauche françaises, a remporté une victoire surprise.
L’alliance de Macron est arrivée troisième lors de ces élections, et son gouvernement a démissionné le 16 juillet, mais il n’a pas encore été remplacé par un nouveau cabinet et agit depuis comme une structure intérimaire.
La coalition de gauche détient 193 sièges à la Chambre des députés, soit bien en deçà des 289 sièges nécessaires pour obtenir la majorité absolue qui lui garantirait la capacité de gouverner sans risquer une motion de censure. Mais ses dirigeants ont souligné l’absence d’une alliance alternative qui obtiendrait plus de sièges et souhaitent que Macron nomme sa candidate au poste de Premier ministre, Lucie Castets, à la tête du gouvernement.
« Grossier et sans conséquence. Le président a décidé de ne pas respecter les résultats d’une élection qu’il a lui-même convoquée », a écrit sur X Cyrielle Chatelain, la cheffe de file des Verts à l’Assemblée nationale. « Nous ne renoncerons pas. Lucie Castets est la candidate légitime. »
La présidence française a déclaré que les forces pro-Macron, les plus affaiblies des élections anticipées, ainsi que d’autres députés indépendants avaient « esquissé des pistes possibles pour une coalition », et a fait pression sur les communistes, les verts et les socialistes, actuellement membres du Nouveau Front populaire, pour qu’ils abandonnent leur alliance au profit d’une large coalition.
« Une nouvelle série de consultations avec les dirigeants des partis et les personnalités ayant l’expérience de servir l’Etat et la République va reprendre », a-t-il ajouté. Les dirigeants de la coalition de gauche avaient indiqué plus tôt dans la journée qu’ils ne participeraient pas à de nouvelles discussions si Macron ne nommait pas Castets Premier ministre.