La livre sterling a atteint son plus haut niveau face au dollar américain, compte tenu de la position moins accommodante de la Banque d’Angleterre par rapport à celle de la Réserve fédérale lors du symposium de Jackson Hole vendredi.
La livre sterling s’est appréciée face aux autres devises du groupe G10 vendredi après le symposium de Jackson Hole, une conférence organisée dans le Wyoming par la Réserve fédérale (Fed) pour discuter des politiques des banques centrales.
La livre sterling a bondi face au dollar américain, atteignant plus de 1,32, le niveau le plus élevé depuis mars 2022. Elle a augmenté face à l’euro à plus de 1,18, un plus haut de trois semaines.
Le président de la Fed, Jerome Powell, a annoncé une probable baisse des taux en septembre, contribuant ainsi à une nouvelle baisse du dollar américain.
En revanche, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Andrew Bailey, a déclaré que de nouvelles baisses des taux d’intérêt ne seraient pas précipitées, malgré un apaisement à long terme des pressions inflationnistes.
Cette position a été perçue comme plus agressive que celle du président de la Fed.
La livre sterling émerge comme une monnaie à haut rendement
La livre sterling a gagné en attrait auprès des investisseurs en raison des attentes de rendements plus élevés par rapport aux autres devises.
Les marchés anticipent que la Banque d’Angleterre pourrait maintenir ses taux d’intérêt à des niveaux élevés plus longtemps après le discours du gouverneur Bailey, ce qui entraînerait un rendement plus élevé sur les obligations d’État britanniques que sur leurs homologues américaines.
Le rendement des obligations d’État britanniques à 10 ans s’élevait à 3,91 % à la clôture de vendredi, le plus élevé parmi les principales banques centrales.
En revanche, le rendement du Trésor américain à 10 ans est tombé à 3,78 %, marquant son point le plus bas de l’année.
Après être entrée en récession technique au second semestre 2023, les données économiques récentes indiquent que l’économie britannique s’est rapidement redressée cette année, avec un produit intérieur brut (PIB) en croissance de 0,6 % au deuxième trimestre, après une hausse de 0,7 % au cours des trois premiers mois de 2024.
Il s’agit de la plus forte croissance des six premiers mois parmi les pays du G7, contre une hausse de 0,7 % aux États-Unis et de 0,3 % dans la zone euro.
Dans le même temps, l’inflation annuelle a augmenté à 2,2 % en juillet, contre 2 % le mois précédent, ce qui dissuade probablement la Banque d’Angleterre de procéder à de nouvelles baisses de taux.
La livre sterling a également été soutenue par les élections britanniques de début juillet, la victoire écrasante du Parti travailliste devant assurer la stabilité et soutenir davantage la croissance économique.
L’optimisme politique a rendu la livre particulièrement attractive.
En particulier, le nouveau parti au pouvoir s’est engagé à ne pas augmenter les impôts ni la sécurité sociale, tout en s’engageant à stimuler l’offre de logements et à réduire la migration.
La faiblesse du dollar pourrait se poursuivre en raison du changement de politique de la Fed
Le dollar américain devrait prolonger sa faiblesse cette année après la confirmation par la Réserve fédérale d’une baisse des taux en septembre.
Lors de l’événement de Jackson Hole vendredi dernier, le président de la Fed, Jerome Powell, a déclaré : « Le temps est venu pour la politique de s’ajuster », marquant un moment charnière pour la banque centrale.
Les marchés anticipent même une possible réduction plus profonde de 0,5 % le mois prochain et une baisse complète de 1 % pour le reste de l’année.
Ce changement de cap de la Fed pourrait n’être que le début d’un affaiblissement du dollar américain, exerçant une pression à la hausse sur les autres grandes devises du groupe G-10.
La livre sterling pourrait être particulièrement soutenue par la faiblesse du dollar, étant donné la réticence de la Banque d’Angleterre à mettre en œuvre de nouvelles baisses de taux.
Le gouverneur de la BOE, Andrew Bailey, a noté qu’il était « trop tôt pour crier victoire » sur l’inflation et a mis en garde contre une réduction des coûts d’emprunt « trop rapide ou trop importante ».
Les analystes s’attendent à ce que la Banque d’Angleterre n’effectue qu’une seule baisse de taux supplémentaire pour le reste de l’année, après la première réduction d’août.
Le rythme plus lent attendu des baisses de taux, par rapport à celui de la Fed, pourrait soutenir une tendance haussière à long terme de la livre sterling par rapport au dollar américain.
Si cette tendance se poursuit, la dynamique pourrait pousser la paire GBP/USD à dépasser 1,4, un niveau observé pour la dernière fois en juin 2021, lorsque la Fed a signalé le début des hausses de taux dans un contexte d’inflation galopante à l’époque.
L’indice du dollar américain, une mesure de la valeur du dollar par rapport à un panier de devises étrangères, est tombé à 106,5, le niveau le plus bas depuis décembre 2023, tôt lundi.
Non seulement la livre sterling a bondi face au billet vert, mais l’euro s’est également renforcé vendredi, l’EUR/USD atteignant un peu moins de 1,2, le niveau le plus élevé depuis juillet 2023.
