Après des baisses inattendues en juillet, la Banque populaire de Chine (PBOC) a laissé inchangés les taux d’intérêt préférentiels à un an et à cinq ans. Dans un contexte de données mitigées sur l’activité économique, l’économie chinoise montre des signes de reprise modeste.
La PBOC a laissé ses principaux taux de prêt – le LPR à un an et à cinq ans – inchangés à 3,35 % et 3,85 %, respectivement, après les avoir abaissés à de nouveaux plus bas records le mois dernier.
Le LPR à un an sert de taux de référence pour les prêts aux entreprises et aux ménages, tandis que le LPR à cinq ans est le taux utilisé pour les prêts hypothécaires.
Les responsables chinois considèrent ces deux taux de prêt comme des outils permettant de réguler la croissance des entreprises et les dépenses de consommation.
Un exercice d’équilibriste pour soutenir l’économie
Les décisions d’aujourd’hui étaient largement attendues, car deux baisses de taux consécutives étaient considérées comme prématurées, notamment après les mesures prises par la banque pour freiner une reprise frénétique des marchés obligataires chinois la semaine dernière.
Les régulateurs chinois ont soigneusement équilibré leurs efforts pour soutenir l’économie tout en évitant une réaction de marché excessive.
En juillet, la banque centrale a réduit de manière inattendue deux taux directeurs de 10 points de base. Elle a également réduit le taux de repo à sept jours de la même marge, de 1,8 % à 1,7 %.
Ces baisses de taux font suite au Troisième Plénum, un événement crucial qui guidera le développement économique de la Chine pour les cinq années suivantes.
Cette mesure reflète les efforts continus de la Chine pour stimuler son économie et atteindre l’objectif de croissance de 5 % en 2024.
Les acteurs du marché estiment que le taux d’opération de rachat inversé à sept jours pourrait être utilisé comme taux directeur de référence de la PBOC pour guider les marchés, en remplacement du taux de la facilité de prêt à moyen terme (MLF), utilisé depuis deux ans.
Les rendements des obligations d’État chinoises ont chuté à un niveau historiquement bas après les baisses de taux surprenantes de juillet, en partie à cause des activités de trading spéculatives.
La banque a indiqué que les autorités devaient éviter des mesures drastiques tout en s’engageant à continuer de soutenir la reprise économique.
La semaine dernière, la PBOC a demandé aux banques rurales de ne pas régler leurs récents achats d’obligations d’État, ce qui a entraîné une hausse du rendement des obligations d’État de référence à 10 ans.
Des données économiques mitigées laissent présager une croissance économique modeste
Le PIB de la Chine a augmenté de 4,7 % au deuxième trimestre à un taux annualisé, bien plus faible que les 5,1 % estimés et en baisse par rapport aux 5,3 % du premier trimestre.
Toutefois, des données récentes publiées par le Bureau national des statistiques de Chine (NBS) suggèrent que l’économie pourrait connaître un rythme de croissance modeste au troisième trimestre.
Les ventes au détail ont augmenté de 2,7 % sur un an en juillet, contre 2 % le mois précédent, ce qui indique que les récentes baisses de taux ont renforcé la confiance des consommateurs.
Toutefois, la production industrielle a augmenté de 5,1 % par rapport à l’année précédente, soit le taux le plus lent depuis quatre mois.
Les faibles données de production reflètent le troisième mois consécutif de contraction des activités manufacturières et des chiffres d’exportation décevants en juillet.
En dollars américains, les exportations et les importations ont augmenté de 7 % et de 7,2 % sur un an en juillet, les premières étant inférieures aux estimations et les secondes dépassant les attentes.
Les taux d’intérêt devraient encore baisser
Malgré cela, les données indiquent des progrès modestes dans la croissance économique de la Chine.
En particulier, les nouveaux prêts en yuans en Chine ont chuté de 88 % sur un an, à 260 milliards de yuans (33 milliards d’euros) en juillet, soit le niveau le plus bas depuis 15 ans, ce qui témoigne d’une demande de crédit toujours faible et d’une consommation intérieure atone.
Toutefois, la lenteur des prêts bancaires peut être attribuée aux mesures de répression réglementaire, la Chine ayant limité ses activités de crédit pour éviter une « auto-circulation », selon un rapport de CNBC.
Certaines entreprises ont emprunté à des taux plus bas et ont déposé des fonds, ce qui a compromis l’objectif de la PBOC de soutenir les activités économiques réelles.
Néanmoins, la Chine devrait encore réduire ses taux d’intérêt de référence cette année pour soutenir la croissance économique.
La tendance mondiale des banques centrales à réduire leurs taux d’intérêt va particulièrement encourager cette mesure, car elle réduit le risque de dévaluation du yuan chinois.