Les gouvernements occidentaux ont pris des mesures extrêmes et sans précédent qui sortent des paramètres normaux de l’exercice de l’autorité politique, sans se soucier vraiment des conséquences plus vastes de ces mesures, écrit Oded Forer.
Le décret exécutif sans précédent du 1er février du président américain Joe Biden a été suivi par une série d’annonces similaires de la part des gouvernements occidentaux sanctionnant des individus et des groupes en Israël.
L’impact de ces sanctions va bien au-delà des personnes dont elles restreignent les libertés. Les gouvernements qui se sont longtemps proclamés alliés de la seule démocratie du Moyen-Orient ont, en fait, outrepassé les fondements de la démocratie israélienne.
En annonçant des mesures punitives extrêmes contre des personnes, des mouvements publics et des organisations de la société civile qui n’ont jamais été accusés d’actes criminels par le gouvernement israélien et contre lesquels aucune procédure légale n’a jamais été menée en Israël, aux États-Unis ou en Europe, le régime de sanctions rejette fondamentalement les institutions de la démocratie israélienne.
En phase avec l’administration Biden, les gouvernements du Canada, de l’Australie, du Japon et de la France – et l’UE dans son ensemble – se sont arrogé le droit de décider, sur la base de sources et de processus totalement opaques, quels citoyens d’Israël sont coupables et quelles positions politiques sont considérées comme criminelles, apparemment sans procédure régulière.
Les sanctions visent exclusivement les individus et les organisations qui expriment ou incarnent une vision positive des droits d’Israël en Judée-Samarie, berceau indigène et ancestral de la civilisation juive.
Ces individus ont une vision critique de la viabilité et de l’opportunité d’un État palestinien, et s’opposent à tout compromis politique avec le Hamas, opinions partagées par la majorité des Israéliens après le massacre du 7 octobre.
Cette politisation de l’outil extrême des sanctions, utilisé jusqu’à récemment comme arme dans la guerre contre les organisations terroristes et criminelles internationales, est une tragédie pour la démocratie, non seulement en Israël mais partout et en tout lieu.
Elles sont censées avoir un effet dissuasif sur le droit à la différence et porter directement atteinte à la liberté d’expression et de dissidence en tant que valeurs dans les démocraties libérales comme la nôtre.
Des sanctions comme celles-ci porteront préjudice à la démocratie partout dans le monde
Dans une tentative de faire évoluer les processus politiques en Israël pour mieux les conformer à leurs propres perspectives et intérêts géopolitiques, les gouvernements occidentaux et les organismes internationaux ont mis de côté ces principes fondamentaux.
Les conséquences risquent de porter un coup durable à la conduite des relations internationales et à la démocratie elle-même.
En plus d’exprimer une approche colonialiste à l’égard des institutions démocratiques israéliennes, les sanctions ciblées sont potentiellement toxiques pour l’ensemble de la société civile israélienne et, par extension, pour les organisations de la société civile partout dans le monde.
Les gouvernements israéliens se sont abstenus pendant des années d’interférer avec les organisations non gouvernementales, malgré l’implication massive de gouvernements étrangers dans le paysage politique interne d’Israël par l’intermédiaire d’une multitude d’organisations de la société civile bien financées.
Si les sanctions américaines, canadiennes et européennes visent désormais à distance les organisations de la société civile sioniste légales et non violentes, on peut s’attendre à ce que les décideurs et les leaders d’opinion israéliens se sentent plus libres d’abandonner leur politique de retenue à l’égard des organisations de la société civile antisionistes et pro-palestiniennes.
Ces organisations sont en grande majorité financées par l’Union européenne et ses États membres, et l’application des lois sur la transparence et d’autres restrictions que les parlementaires israéliens se sont jusqu’à présent abstenus d’appliquer pourrait bientôt devenir la « nouvelle norme ».
Étouffer le discours civilisé n’est dans l’intérêt de personne
La plus fondamentale de toutes les libertés démocratiques est la liberté d’expression, la liberté de remettre en question, de différer — même au sein du pouvoir — et, lorsque cela est nécessaire, d’exprimer son désaccord.
Lorsqu’un citoyen estime que son gouvernement poursuit une politique injuste ou imprudente, il a le devoir démocratique sacré de prendre position, de présenter des arguments sur le marché des idées et d’exprimer ses préoccupations dans les sphères publiques et parlementaires.
Lorsque les citoyens ont des raisons de croire que le gouvernement lui-même ne parvient pas à faire respecter la loi, les organismes de surveillance, les organisations non gouvernementales de la société civile, sont priés de tirer la sonnette d’alarme.
Toutes les sociétés démocratiques partagent la conviction que l’étouffement du discours et du débat civilisés, de l’activisme juridique et des manifestations publiques pacifiques conduit inévitablement les citoyens à la marginalisation. Cela n’est dans l’intérêt de personne.
En adoptant ces nouvelles sanctions radicales, les États-Unis ont jeté une ombre très sombre sur leur engagement envers ces principes fondamentaux de la démocratie.
Les gouvernements occidentaux ont pris des mesures extrêmes et sans précédent qui sortent des paramètres normaux de l’exercice de l’autorité politique, sans se soucier vraiment des conséquences à plus grande échelle.
Ces sanctions doivent être reconsidérées pour le bien des relations américano-israéliennes et la vitalité de nos valeurs communes de démocratie, de liberté et de liberté.