Local community members first on the scene to protest the mini hydropower plant construction.

Milos Schmidt

Des manifestants luttent pour empêcher une construction « illégale » sur l’Una, l’une des rivières les plus singulières des Balkans

Les ONG locales affirment qu’elles ne craignent pas seulement pour l’Una mais aussi pour le précédent que ce « crime contre la nature » crée pour d’autres rivières d’Europe.

Des manifestants bloquent la construction d’une petite centrale hydroélectrique en Croatie qui, selon eux, menace l’un des fleuves les plus uniques et les plus sacrés des Balkans.

La source de la rivière Una est l’une des sources karstiques les plus profondes de la planète. Elle coule de la Croatie à la Bosnie et sert de frontière naturelle. Elle revêt une importance culturelle majeure et représente le patrimoine commun des deux pays.

La rivière abrite également 17 espèces menacées et les militants affirment que les travaux de construction mettent cette voie navigable protégée en danger de graves dommages environnementaux en aval.

L’ensemble des petits ruisseaux et sources qui donnent naissance à la rivière est protégé par le réseau Natura 2000 – une initiative de l’UE visant à préserver les habitats et les espèces d’importance européenne.

La source de la rivière Una en Croatie.
La source de la rivière Una en Croatie.

Environ 150 mètres de son cours d’eau sont classés monument naturel hydrologique depuis 1968.

Alors que la rivière Una se jette en Bosnie-Herzégovine, certaines parties de celle-ci sont également protégées en tant que parc national.

Malgré ces protections, la construction d’une centrale hydroélectrique a récemment commencé juste en aval de la source de la rivière. Selon les manifestants, elle est réalisée sans permis valables et sans tenir compte du statut protégé du site.

Les travaux ont laissé les résidents locaux sans eau

Le développement rapide du projet inquiète les habitants et les groupes environnementaux, notamment parce que de nombreux habitants, notamment en Bosnie, dépendent de la rivière pour leur eau potable et d’autres ressources. Certains disent qu’ils se sont retrouvés sans eau potable pendant plusieurs jours au plus fort d’une des vagues de chaleur de cet été.

Les ONG locales affirment toutefois qu’elles ne craignent pas seulement pour l’Una, mais aussi pour le précédent que ce « crime contre la nature » crée pour d’autres rivières d’Europe. Elles se demandent comment le promoteur a obtenu un permis du comté de Zadar pour construire la centrale, affirmant que celui-ci a été approuvé sans évaluation de son impact environnemental.

Des manifestants se rassemblent à la source de la rivière Una.
Des manifestants se rassemblent à la source de la rivière Una.

Les habitants de la région ne sont pas les seuls à s’opposer à la construction du barrage hydroélectrique. La manifestation de vendredi a été soutenue par la marque de vêtements d’extérieur Patagonia. Plus de 14 000 personnes ont signé une pétition pour soutenir l’opposition locale au projet.

De nombreuses personnalités publiques et organisations de Bosnie, de Croatie et de Serbie ont également soutenu les manifestations.

« La construction de l’usine menace non seulement l’intégrité écologique de la rivière, mais aussi le mode de vie des gens qui sont attachés à ses rives depuis des siècles. Una est menacée de dévastation qui aura des conséquences à long terme sur l’environnement et les communautés qui en dépendent », a déclaré Eko BiH, un réseau environnemental de Bosnie-Herzégovine, dans un communiqué.

La première d’une série de manifestations majeures.
La première d’une série de manifestations majeures.

Les citoyens et les responsables des trois pays se sont unis vendredi pour s’opposer aux travaux de construction.

Ils ont finalement conclu un accord avec les ouvriers du bâtiment pour suspendre les travaux jusqu’à ce qu’une inspection officielle soit terminée. Les travaux auraient toutefois déjà causé des dégâts, le chemin d’origine menant à la source ayant été rasé pour faire place aux machines.

Les autorités évaluent la légalité des travaux

Suite aux protestations et objections de personnalités publiques, l’autorité chargée de la gestion du réseau écologique Natura 2000 de la région a demandé une évaluation pour savoir si la construction avait les permis appropriés.

La police arrive sur les lieux de la manifestation.
La police arrive sur les lieux de la manifestation.

Puis, fin juillet, des responsables du ministère croate de la Protection de l’environnement et de la Transition verte ont décidé d’examiner la légalité des travaux.

Bien qu’ils aient constaté que le permis de construire était valide, ils ont également constaté que certains documents manquaient dans ce qu’on appelle le permis d’implantation. L’inspecteur a constaté qu’avant que ce permis ne soit modifié, l’avis du ministère compétent n’avait pas été demandé sur la nécessité d’une étude d’impact environnemental.

L’enquête sur le projet est toujours en cours, mais les militants affirment que ces conclusions ne font que confirmer leurs affirmations.

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