Bruxelles a averti Belgrade et Pristina que le refus de compromis mettrait en péril les chances de la Serbie et du Kosovo d’adhérer à l’Union européenne.
La Commission européenne a averti le Kosovo que la fermeture par la police de plusieurs agences de la Poste serbe pourrait avoir des « conséquences très négatives » pour la population locale et qu’elle viole les accords conclus dans le cadre du dialogue facilité par l’UE.
Au moins neuf agences de la Poste serbe ont été perquisitionnées lundi dans le nord du Kosovo par la police, dans ce que l’UE a décrit dans un communiqué comme une « mesure unilatérale et non coordonnée ».
Un porte-parole de la Commission européenne a ajouté mardi que « l’UE a dit très clairement ce que nous attendons de l’administration (du Premier ministre kosovar Albin) Kurti ».
« Nous espérons qu’ils reconsidèrent leur position et qu’ils abordent cette question dans le cadre du dialogue facilité par l’UE, qu’ils présentent une proposition qui traiterait des éventuels impacts négatifs de cette décision sur la population du nord du Kosovo », a également déclaré le porte-parole.
Les tensions entre la Serbie et le Kosovo – dont l’indépendance de la Serbie de 2008 n’est pas reconnue par Belgrade – se sont intensifiées l’année dernière à la suite d’un différend sur la validité des élections locales dans la partie à majorité serbe du nord du Kosovo, qui a déclenché de violents troubles.
L’UE a adopté des mesures temporaires contre le Kosovo en raison des violences, notamment une suspension des contacts de haut niveau et de la coopération financière.
Depuis lors, Pristina a également décrété que l’euro, sa monnaie officielle depuis 2002, serait la seule monnaie légale au Kosovo, interdisant de fait l’utilisation du dinar serbe. Cette monnaie est largement utilisée par la minorité serbe du Kosovo, qui dépend du soutien financier du gouvernement serbe et qui accède aux fonds par l’intermédiaire d’institutions serbes, notamment des banques et de la Poste de Serbie.
Belgrade a dénoncé les fermetures de lundi comme étant « un nouvel exemple de démonstration ouverte de force et d’actions illégales de la part des institutions temporaires d’autonomie à Pristina ».
Interrogé sur la possibilité que la dernière décision de Pristina ait des conséquences au niveau de l’UE, le porte-parole de la Commission a ajouté : « Le fait que l’UE ait introduit des mesures contre le Kosovo l’année dernière est le reflet de mesures qui ont conduit à une escalade.
« Nous assistons aujourd’hui à davantage de mesures unilatérales, à davantage d’actions non coordonnées. Il ne s’agit pas vraiment d’une désescalade, mais plutôt d’une nouvelle escalade. Je pense que ceux qui prennent les décisions à Pristina doivent le comprendre très clairement », a-t-il ajouté.
Bruxelles a averti Belgrade et Pristina que le refus de compromis mettrait en péril les chances de la Serbie et du Kosovo de rejoindre le bloc.