Sheep look for water in a dry pond used by local farms for their livestock, in Contrada Chiapparia, near the town of Caltanissetta, central Sicily.

Jean Delaunay

Une réserve d’eau cachée deux fois plus grande que le Loch Ness découverte en Sicile frappée par la sécheresse

Les élus locaux ont appelé à ce que l’eau soit extraite, mais les experts affirment que ce n’est pas si simple.

Une immense réserve d’eau douce a été découverte cachée sous les monts Iblei en Sicile.

Cette immense réserve d’eau douce, qui pourrait contenir environ 17 milliards de mètres cubes d’eau et se situer entre 700 et 2 500 mètres de profondeur, pourrait être la solution à la sécheresse qui frappe actuellement la Sicile, l’une des pires d’Europe.

« Il s’agit d’une étude très importante qui pourrait s’avérer fondamentale pour résoudre un problème qui met la Sicile en grande difficulté », affirme le professeur Lorenzo Lipparini, chercheur à l’Institut national de géophysique et volcanologie (INGV). « D’après nos calculs, il pourrait y avoir une réserve importante même sous le niveau de la mer. »

C’est une équipe de chercheurs de l’INGV et des universités de Malte et de Rome Tre qui a publié ses résultats en novembre. On pense que des traces d’eau ont été découvertes pour la première fois au début des années 2000, lorsque la compagnie pétrolière Maurel et Prom recherchait du gaz naturel dans la région.

Un élu de la province de Raguse, où se trouve une partie de cette eau, a lancé un appel au gouvernement régional pour qu’il exploite au mieux cette ressource.

« En novembre dernier, nous ne savions pas encore que pendant l’hiver auquel nous nous préparions, il ne pleuvrait pas suffisamment pour éviter la grave sécheresse que nous vivons actuellement et, à la lumière de la façon dont les choses se sont déroulées, la découverte des deux universités pourrait être décisive pour affronter cette crise avec des actions concrètes », peut-on lire dans la question de Nello Dipasquale.

L'eau est amenée par un camion-citerne pour le bétail d'une ferme, à Cammarata, dans le centre de la Sicile, en Italie.
L’eau est amenée par un camion-citerne pour le bétail d’une ferme, à Cammarata, dans le centre de la Sicile, en Italie.

« J’ai demandé au gouvernement régional s’il avait l’intention de lancer un projet qui permettrait de connecter cette réserve d’eau au réseau et de l’utiliser dans les moments les plus critiques, comme celui que nous vivons actuellement. »

Le réservoir souterrain, une solution à la sécheresse ?

Bien qu’il s’agisse d’une découverte importante, les experts estiment qu’elle doit être abordée avec prudence en tant que solution potentielle à la sécheresse.

Pour y accéder, il faudrait évaluer si le forage pourrait rendre la zone géologiquement instable, puis forer profondément sous terre, ce qui pourrait prendre un mois ou plus selon les experts.

« Techniquement, tout pourrait être fait très rapidement d’un point de vue pratique, mais je ne sais pas quel serait le délai de la bureaucratie. Cependant, j’ai déjà été contacté par la protection civile régionale de Sicile pour un rendez-vous », explique Lipparini. « Ils veulent vérifier la faisabilité du projet dans les plus brefs délais ».

Si les études de faisabilité démontrent que c’est possible, la réserve souterraine pourrait fournir non seulement une ressource précieuse pour l’eau potable, mais aussi pour l’agriculture et l’élevage, essentiels à l’économie de l’île.

Les agriculteurs siciliens sont actuellement au bord de la rupture, car les récoltes sont mauvaises en raison du temps sec et certains craignent de devoir vendre du bétail si les conditions ne s’améliorent pas.

Comment cet immense réservoir sous-marin a-t-il été créé ?

Les monts Iblei se trouvent au sud-est de la Sicile, la plus grande île de la Méditerranée. Ils sont constitués de roches calcaires légèrement ondulées, interceptées par les murets de pierre caractéristiques de la Sicile. Ils chevauchent les provinces de Raguse et de Syracuse.

À l’aide de modèles 3D, les chercheurs ont reconstitué l’histoire géologique de la région et ont découvert l’aquifère, dont le volume est deux fois plus important que celui du Loch Ness en Écosse. Selon eux, l’eau remonte à environ six millions d’années, à une période connue sous le nom de crise de salinité messienne.

C’est à cette époque que le niveau de l’eau de la mer Méditerranée a chuté de façon spectaculaire, permettant à l’eau de pluie de pénétrer dans la croûte terrestre. Les roches de la région ont probablement agi comme une éponge, retenant la pluie et la piégeant lorsque le niveau de la mer est revenu à la normale.

Les chercheurs pensent également que l’eau pourrait être potable et qu’elle pourrait aider à faire face à la sécheresse actuelle en Sicile.

La Sicile a connu une année presque sans pluie et des températures record. Elle est particulièrement vulnérable au changement climatique et fait face à une désertification sur 70 % de son territoire.

Une étude récente, référencée par Dipasquale, a révélé que d’ici 2030, un tiers de la Sicile pourrait devenir une zone désertique comparable à certaines régions d’Afrique du Nord.

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