Euro sculpture is seen in the autumnal sun in front of the European Central Bank (file photo)

Jean Delaunay

L’inflation dans la zone euro augmente à nouveau en juillet : les baisses de taux de la BCE sont-elles menacées ?

L’inflation dans la zone euro a atteint 2,6% en juillet, dépassant les attentes et remettant en cause une éventuelle baisse des taux d’intérêt de la BCE en septembre. Les prix de l’énergie ont largement contribué à cette hausse.

L’inflation dans la zone euro a encore augmenté en juillet, défiant les attentes des économistes et soulevant des questions sur la faisabilité d’une baisse rapide des taux d’intérêt par la Banque centrale européenne.

L’indice des prix à la consommation harmonisé de la zone euro a augmenté de 2,6% sur un an en juillet, en légère hausse par rapport aux 2,5% du mois précédent, selon les estimations préliminaires d’Eurostat publiées mardi. Le taux d’inflation annuel de juillet a notamment dépassé les prévisions d’une baisse à 2,4%.

Les coûts de l’énergie ont été un facteur important de la hausse, avec des prix en hausse de 1,3 % sur une base mensuelle, une forte augmentation par rapport à la hausse de 0,2 % en juin. Les biens industriels non énergétiques ont également connu une augmentation plus rapide, de 0,8 %, contre 0,7 % en juin.

Les services ont enregistré le taux annuel le plus élevé en juillet, à 4,0 %, contre 4,1 % en juin, suivis par l’alimentation, l’alcool et le tabac, à 2,3 %, contre 2,4 % en juin. Hors alimentation et énergie, l’inflation de base s’est maintenue à 2,9 % en glissement annuel en juillet, dépassant les attentes du marché qui tablait sur une baisse à 2,8 %.

L’inflation augmente en Allemagne, la pression sur les prix ralentit en Espagne et au Portugal

Parmi les pays membres de la zone euro, la Belgique a continué de connaître en juillet le taux d’inflation annuel le plus élevé, à 5,6 %, le plus élevé depuis janvier 2023. Toutefois, sur une base mensuelle, l’inflation en Belgique a ralenti de 0,6 %, inversant une hausse de 0,5 % en juin. En Allemagne, les prix à la consommation harmonisés ont augmenté de 2,6 % par rapport à juillet 2023, marquant une légère hausse par rapport au taux précédent de 2,5 %.

En glissement mensuel, l’inflation en Allemagne a augmenté de 0,5 %, contre 0,2 % en juin. Aux Pays-Bas, l’inflation a également progressé de 3,5 % à 3,6 %, atteignant ainsi son plus haut niveau depuis juillet 2023.

En revanche, les prix à la consommation ont fortement baissé en Espagne et au Portugal. Le taux d’inflation annuel harmonisé de l’Espagne est passé de 3,6% à 2,9%, tandis que celui du Portugal est passé de 3,1% à 2,7%.

Les deux pays ont enregistré les plus fortes baisses mensuelles, l’Espagne et le Portugal enregistrant respectivement des baisses de 0,7% et 0,8%. La France n’a connu qu’une légère hausse de l’inflation annuelle, passant de 2,5% à 2,6%.

La BCE va-t-elle baisser ses taux d’intérêt en septembre ?

Le rapport sur l’inflation de juillet a marqué un revers dans les efforts de désinflation de la zone euro, cette hausse ayant surpris les économistes qui s’attendaient à un nouvel assouplissement.

Les marchés anticipent actuellement une probabilité de 90 % que la Banque centrale européenne réduise ses taux d’intérêt lors de sa réunion du 14 septembre.

Toutefois, les dernières données sur l’inflation pourraient inciter à reconsidérer la situation, notamment parmi les membres les plus bellicistes de Francfort.

Plus tôt ce mois-ci, la BCE a réitéré dans son communiqué de politique monétaire qu’elle ne s’engageait pas à l’avance sur une trajectoire de taux particulière. La présidente Christine Lagarde a souligné ce point lors de sa conférence de presse, en précisant que les décisions continueraient de dépendre des données et seraient prises au fur et à mesure des réunions.

« Les chiffres sont plus élevés que prévu, mais ils n’ont pas bouleversé les attentes de la BCE en matière de taux. Je m’attends toujours à une deuxième baisse des taux en septembre. Une inflation fluctuante autour des niveaux actuels est exactement ce sur quoi la BCE a basé ses projections, il n’y a donc pas grand-chose à apprendre d’une faible volatilité des chiffres principaux », a commenté Kyle Chapman, analyste des marchés des changes chez Ballinger Group.

Réactions des marchés : l’euro se stabilise, les actions européennes réduisent leurs gains

Les réactions des marchés ont été modérées peu après la publication des chiffres de l’inflation de juillet. L’euro est resté stable à 1,0820-1,0830 face au billet vert, avant la réunion du Comité fédéral de l’open market qui doit se tenir aujourd’hui. Le président de la Fed, Jerome Powell, doit s’exprimer à 20h30 CET.

L’euro a perdu 1,2% face au yen japonais, la Banque du Japon ayant relevé ses taux d’intérêt et réduit son programme d’achat d’obligations.

Les rendements souverains européens sont restés globalement inchangés, le rendement du Bund allemand s’établissant à 2,33 %.

Les actions ont légèrement réduit leurs gains de séance. L’Euro STOXX 50, qui avait ouvert en hausse de 1,2% mercredi, était en hausse de 0,8% à 11h30. ASML Holding a été le principal gagnant, en hausse de plus de 5%, suivi de Danone et Airbus, en hausse de 3,8% et 3,6%, respectivement. Le principal retardataire a été Banco Bilbao Vizcaya Argentaria, malgré des bénéfices et des revenus supérieurs aux attentes au dernier trimestre.

L’indice allemand DAX a progressé de 0,4%, tandis que le CAC 40 français a surperformé, en hausse de 1,3%. L’IBEX 35 espagnol a chuté de 1,3%, tandis que le FTSE Mib italien a progressé de 0,2%.

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