Brazilian Economy Minister Fernando Haddad attends a press conference at the G20 Finance Ministers and Central Bank Governors Meeting, in Rio de Janeiro, Brazil.

Milos Schmidt

Les pays du G20 s’accordent sur la taxe brésilienne sur les super-riches – et cela pourrait aider à lutter contre le changement climatique

Bien que le G20 soit parvenu à un accord théorique, des désaccords subsistent quant à un plan viable.

Pour la première fois, les dirigeants financiers des pays du G20 se sont mis d’accord sur un impôt sur la fortune pour les super-riches du monde. Cet impôt pourrait rapporter environ 230 milliards d’euros pour lutter contre le changement climatique et la pauvreté.

L’impôt sur la fortune a été proposé lors d’une réunion entre les ministres des Finances et les banquiers centraux des plus grandes économies développées et émergentes du monde à Rio de Janeiro. Une déclaration commune publiée vendredi dernier indiquait que tous les pays avaient convenu de « coopérer pour garantir que les personnes très fortunées soient effectivement imposées ».

Derrière ce consensus se cachent cependant des désaccords sur la viabilité du plan, sur la personne qui superviserait le processus et sur la manière d’introduire concrètement un impôt sur les super-riches.

Certains gouvernements se sont montrés en privé sceptiques quant à la possibilité d’une telle initiative.

Existe-t-il un soutien en faveur d’une taxe sur les super-riches ?

Le Brésil est à la tête de la campagne en faveur d’une taxe sur les ultra-riches. Le changement climatique et la pauvreté figurent parmi les priorités de sa présidence des réunions du G20 cette année, en prévision de la COP30, la conférence climatique de l’ONU qui se tiendra en 2025.

Selon un rapport de l’économiste français Gabriel Zucman commandé par le Brésil, les milliardaires paient actuellement l’équivalent de 0,3 % de leur patrimoine en impôts. Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva espérait une taxe minimale de 2 % sur les 3 000 milliardaires les plus riches, ce qui pourrait débloquer entre 184 et 230 milliards d’euros par an à l’échelle mondiale.

Le rapport indique que cet argent pourrait financer des services publics comme l’éducation et les soins de santé, ainsi que la lutte contre le changement climatique.

Malgré l’accord théorique, certains pays se sont opposés à la proposition, notamment le ministre allemand des Finances Christian Lindner et la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen.

La secrétaire américaine au Trésor Janet L. Yellen, à gauche, s'exprime après la signature d'une déclaration conjointe avec le ministre brésilien de l'Économie Fernando Haddad, à droite.
La secrétaire américaine au Trésor Janet L. Yellen, à gauche, s’exprime après la signature d’une déclaration conjointe avec le ministre brésilien de l’Économie Fernando Haddad, à droite.

Janet Yellen a déclaré aux journalistes à Rio que les Etats-Unis « voient la nécessité ou pensent vraiment qu’il est souhaitable de tenter de négocier un accord mondial sur ce sujet ». Les experts estiment qu’un accord mondial est nécessaire pour éviter que certains pays ne deviennent des paradis fiscaux pour les ultra-riches.

D’autres pays, dont la France, l’Espagne, l’Afrique du Sud, la Colombie et l’Union africaine – une union continentale de 55 États membres – soutiennent l’initiative.

Zucman a déclaré qu’il était trop tôt pour que les pays s’accordent sur sa proposition, mais il a salué le « consensus parmi les pays du G20 sur la nécessité de modifier la manière dont nous taxons les super-riches ».

Les militants écologistes saluent l’idée d’une taxe sur les super-riches

Ce consensus a également été salué par les militants écologistes qui espèrent qu’une partie des fonds qu’une telle taxe pourrait rapporter pourra être utilisée pour lutter contre la crise climatique.

« Nous entendons souvent dire qu’il n’y a pas assez d’argent pour résoudre la crise climatique, qui va coûter des milliers de milliards de dollars chaque année », explique Camila Jardim, spécialiste de politique internationale pour Greenpeace Brésil.

« Mais taxer les super-riches peut commencer à montrer qu’il y a largement assez d’argent – ​​il faut juste le détourner de la destruction. »

Susana Ruiz, responsable de la politique fiscale chez Oxfam International, a qualifié cet événement de « progrès mondial sérieux » en matière de coopération fiscale internationale.

« Enfin, on dit aux plus riches qu’ils ne peuvent pas contourner le système fiscal ni éviter de payer leur juste part. »

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