Le statut strictement protégé des loups européens a été confirmé par deux arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne à Luxembourg ce mois-ci, mais la droite politique cherche à ouvrir la population croissante à la chasse.
La région de Castille-et-León, dans le nord de l’Espagne, ne peut pas autoriser la chasse aux loups alors que cette espèce est protégée au niveau national, a jugé la Cour de justice de l’Union européenne dans la deuxième décision de ce type rendue ce mois-ci après un verdict similaire rendu en Autriche.
Le jugement rendu aujourd’hui signifie que le gouvernement de la plus grande des 17 communautés autonomes d’Espagne, dirigée depuis 1987 par le Parti populaire (PP) conservateur, ne peut pas continuer à reconnaître le loup comme un gibier de choix pour les chasseurs, à qui un quota de 339 animaux a été accordé dans une zone au nord du fleuve Duero pour la période 2019-21.
En septembre 2021, le gouvernement de gauche espagnol a étendu la protection stricte à tous les loups à l’initiative de la ministre de l’Environnement et candidate à la prochaine Commission européenne, Teresa Ribera. Les exceptions régionales existantes pourraient toutefois continuer à s’appliquer dans certaines circonstances. La Cour de justice de l’Union européenne a jugé que cette mesure était contraire à la directive européenne sur les habitats.
« En effet, le loup ne peut être désigné comme espèce chassable dans une partie du territoire d’un État membre lorsque son état de conservation au niveau national est défavorable », a précisé la juridiction luxembourgeoise dans un communiqué.
Juan Carlos Suárez-Quiñones, ministre régional de l’Environnement de Castille-et-León, a reconnu la décision tout en soulignant qu’aucune chasse n’avait eu lieu depuis l’introduction de la loi nationale en 2021, selon les médias locaux.
La décision d’aujourd’hui fait suite à un arrêt similaire rendu le 11 juillet, dans lequel la CJUE a estimé que les dérogations à l’interdiction générale de la chasse au loup en vertu de la directive appliquée par l’État fédéral autrichien du Tyrol ne peuvent être accordées que si l’animal se trouve dans un état de conservation favorable tel que défini par la loi, qui date de 1992.
Les deux affaires avaient été renvoyées devant la CJUE par des tribunaux nationaux en réponse à des recours introduits par des groupes de protection de la nature.
Le statut strictement protégé dont jouissent actuellement les loups dans toute l’UE pourrait toutefois être remis en question, la Commission européenne ayant annoncé à la fin de l’année dernière qu’elle prévoyait de faire pression pour un changement de catégorie dans le cadre de la Convention de Berne relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe, un préliminaire nécessaire à un assouplissement de la protection en vertu du droit de l’UE.
La Commission a souligné que le nombre de loups atteignait environ 20 000 à travers l’Europe, mais les critiques accusent l’exécutif européen de fonder sa décision en grande partie sur des preuves anecdotiques, ou même que sa présidente Ursula von der Leyen pourrait garder une rancune personnelle après qu’un poney familial nommé Dolly ait été sauvagement attaqué par un loup voyou en 2022.
Plus tôt ce mois-ci, dans une interview exclusive accordée à L’Observatoire de l’Europe, le coordinateur de la politique environnementale du Parti populaire européen a inscrit l’assouplissement du statut de protection des loups parmi les priorités politiques du groupe pour le prochain cycle législatif.