À la rencontre de… Etienne Hidier
Engagé au sein de la liste « Nous Gonessiens » à Gonesse
En quelques mots, pourriez-vous préalablement vous présenter ?
Étienne, étudiant en communication et médias, je termine actuellement mon semestre d’Erasmus à Dublin. Je suis passionné par le cinéma, le dessin, la photographie, le théâtre.
Vous êtes engagé au sein de la campagne municipale de la liste « Nous Gonessiens » à Gonesse. Pouvez-vous nous y expliquer votre rôle ?
Du fait de mes études, je me charge de la communication, tant sur les réseaux sociaux que graphique. Je suis Co-Président délégué à la communication. Au delà de la communication, c’est surtout un travail d’équipe sur le terrain qui m’a amené à faire de l’événementiel, l’organisation de Grands Débats par exemples, ou bien apprendre à parler devant les médias.
Quelles sont les motivations qui vous ont poussé à vous engager ?
Je n’ai jamais été intéressé par la politique auparavant et pour être tout à fait honnête, je n’ai même pas voté lors des premières élections auxquelles je pouvais faire entendre ma voix. Je crois que c’était les dernières élections régionales. Je m’en fichais. La politique était à 2000km de mes préoccupations. Je me suis engagé après les élections présidentielles, ne me retrouvant pas dans les tendances politiques affichées et surtout concerné par la question écologique, européenne, par la culture. Tout d’un coup, je souhaitais me rendre utile en défendant des idées qui étaient les miennes, parfois aux antipodes les unes des autres. Et je voulais faire partie d’un projet porteur et universel en dehors des politiques politiciennes. Je ne souhaitais pas être relégué à un mouvement de jeunesse qui correspondait à une ascension carriériste et reléguait les jeunes aux tractages bête et méchant. Je ne crois pas au carriérisme en politique. La politique est un engagement. C’est la raison pour laquelle j’ai rejoint le parti politique Allons Enfants en fin 2017 après quelques recherches. Après avoir participé aux élections européennes en tant que graphiste, j’ai accepté de superviser la communication du parti pour les échéances à venir. Mais je me sentais plutôt m’investir à l’échelle locale, car c’est là que j’avais envie d’échanger, innover, encourager les initiatives. Entre temps, une association en 2018 se créait dans ma ville, valorisant la démocratie participative, l’écologie, le débat : Nous Gonessiens. Pour la plupart du même âge, nous souhaitions encourager les Gonessiens et Gonessiennes à sortir d’un certain immobilisme. Nous n’avions pas l’esprit de se présenter à quelconques élections. Loin de là. L’association citoyenne est comme je l’aime, elle rassemble toutes sortes de connivences autours de valeurs dans un esprit de débats. C’est cet esprit associatif et municipal qui m’a donné envie. Face aux discussions, à nos actions de terrain contre l’implantation d’Europacity sur les terres de notre ville en l’occurrence, mais aussi face aux élus locaux figés dans leur égoïsme, nous avons décidé de présenter une liste alternative pour les municipales, malgré notre âge, malgré le supposé “manque d’expérience”
Être jeune dans une campagne électorale, avantage ou frein ?
Pour l’avoir expérimenté tant sur des élections européennes que durant nos actions avec Nous Gonessiens depuis 2018. Cela peut l’être aujourd’hui. Mais il faut reconnaître que les personnes, les citoyens de tous les jours y font moins attention. L’investissement des jeunes lors des marches pour le climat change les regards. Aussi, nous avons reçu avec Nous Gonessiens comme lors de mes autres engagements, beaucoup d’encouragements de toutes personnes, de toutes orientations politiques différentes. Beaucoup voient un renouveau, et ils le demandent. Tant dans les profils certes mais surtout dans les façons de faire, dans les pratiques. Néanmoins on nous sous-estime, nous jeunes. Surtout lorsque l’on vient des banlieues. Qu’on caricature. Beaucoup de personnes ou bien d’élus s’étonnaient de nos ambitions ou bien de notre éloquence, de notre ouverture sous prétexte que nous ne venions pas d’un milieu qui y est propice dans leur imaginaire. Les élus ou citoyens croient de plus en plus en la jeunesse mais ne l’élève pas. Ces derniers reprocheront aujourd’hui non pas que l’on soit jeune mais “inexpérimenté”. Je dirais alors qu’être jeune est un frein sur lequel les préjugés lèvent légèrement le pied. On peut très vite nous accueillir de jeunisme. Les mentalités changent mais demeurent des barrières à abolir !
Pensez-vous que les élections municipales de 2020 seront celles de la jeunesse ?
Il faut et j’y crois. Aujourd’hui, 62% des maires ont 60ans ou plus. À peine environ 12 % des élus municipaux ont moins de 40ans. C’est un écart saisissant avec la réalité. En outre, comment encourager les jeunes à voter s’ils ne peuvent pas être représenter par des élus qui leurs ressemblent ? Il ne s’agit pas de dominer la classe politique par un ave6. Il s’agit d’être juste. Et la jeunesse est souvent très investie localement de manière associative. Elle peut donc s’investir localement. Le pas est minime. Aussi, on l’a bien avec les marches que la jeunesse n’est que partiellement écoutées pour ce qui concerne le climat, le social. Le GIEC l’a aussi dit : près de 70% des mesures pouvant inverser l’impact du réchauffement climatique sont à prendre au niveau local. Il est donc raisonnable de penser que la meilleure façon de défendre ses idées aujourd’hui, quand on est Jeunes, c’est de pouvoir les voter et les appliquer. Il nous faut des conseils municipaux en cohérence avec leurs temps. La jeunesse doit dire son mot pour un impact évident dans nos villes et par effet sur notre pays. Pensons à l’impact nationale que cela aurait d’autant que nous sommes le pays européen avec le plus de communes. Je pense que la jeunesse peut être le moteur du renouveau démocratique. Il aura lieu en mars 2020. Au-delà de ça, imposé un seuil de jeunes proportionnel à la commune en position éligible sur les listes me paraît évident.
Comment ressentez-vous le lien entre jeunesse et politique dans ces élections locales ? Comment amener les jeunes à s’y engager davantage ?
Je l’ai bien vu lors des différentes élections. La jeunesse veut dire des choses. Mais elle s’autocensure. Je me suis également autocensuré longtemps sous prétexte par exemple que je n’ai pas les compétences ou les connaissances afin de m’exprimer sur la politique. Pour les élections locales, la jeunesse peut parfois ne pas se sentir concernée. Car après toutes les communes ne s’occuperait que des écoles élémentaires. C’est faux. Et je pense que ce lien a été perdu par beaucoup de communes oublient souvent, surtout en périphérie, la jeunesse des 16-29ans. Celle qui part car elle étudie. Si bien qu’on peut voir nos villes que comme de simples dortoirs. Il faut retisser ce lien des élections locales en investissant la jeunesse au cœur des proposition, en la laissant les porter. En la remettant au centre du cadre vie local. Pour permettre à la jeunesse de s’engager davantage, il faut pour ça lui montrer que ses idées peuvent avoir des répercutions, qu’elles ont des résultats. Il ne faut pas la discriminer en la reléguant à un groupe de soutien. La jeunesse veut en être concrètement. Des lors, je crois que la jeunesse, avec des modèles s’engageant, se sentira non plus timide de s’engager localement mais surtout légitime. Il faut aussi rassurer. Non, être élu local n’est pas être ministre, c’est un engagement très étroit avec les activités associatives. Même, ne pas être élu. S’engager pour les élections locales, c’est se confronter à la réalité. C’est parler. Beaucoup. Et montrer à la jeunesse que ce sont tout autant d’actions cool, proches et sincères. Il faut changer l’image de la politique et ses clichés qui souvent ne touchent pas nos communes. C’est promouvoir l’engagement humain. Ainsi je crois que la jeunesse, non seulement votera, mais pourra s’engager de quelques formes que ce soit. Comme je le disais, on reproche à la jeunesse d’être soi-disant peu expérimentée, mais ce n’est pas en la privant de tant d’expériences locales enrichissantes et ainsi en la responsabilisant peu que des jeunes s’engageront plus. Il faut en finir avec ces barrières et les obstacles générationnels. Travailler ainsi de manière intergénérationnelle pour le futur de notre jeunesse actuelle. Mais il est clair que si les élus ou les responsables se moqueront encore des décideurs de demain, il faut à la jeunesse de prendre les décisions maintenant.
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