Le conflit des années 1960 et 1970 a fait des milliers de morts ou de disparus et déplacé un quart de la population chypriote grecque.
Des milliers de personnes sont toujours portées disparues à Chypre, 50 ans après l’invasion turque de 1974, laissant les familles incapables d’organiser des funérailles pour elles et de mettre fin à leur deuil.
Ce dimanche 21 juillet marquera les 50 ans de l’invasion qui a divisé l’île. La partie sud, où la plupart des habitants parlent grec, est un État indépendant reconnu internationalement qui a rejoint l’UE en 2004.
Pour Chypre du Nord, seule la Turquie le considère comme un pays indépendant.
La recherche des disparus continue
Chaque année, les Chypriotes grecs commémorent les milliers de personnes qui ont perdu la vie dans le conflit. Les personnes toujours portées disparues sont également commémorées, alors même que les recherches se poursuivent.
« Nous recherchons nos disparus. Peu importe que nous recherchions des Chypriotes grecs ou turcs. Nous recherchons les nôtres, ils appartiennent tous à Chypre », explique l’archéologue chypriote Ceren Ceraloglu sur le site d’une fosse commune datant de 1974, juste à l’extérieur de Nicosie.
Le Comité bicommunautaire des personnes disparues de l’île, composé de Chypriotes grecs et turcs, ainsi que d’archéologues, tente de retrouver les restes de ceux qui sont toujours portés disparus.
Des témoins oculaires ont affirmé que seize personnes y avaient été enterrées à l’époque. Les archéologues surveillent les fouilles, toujours par deux : un Chypriote grec et un Chypriote turc.
« Les archéologues ont trouvé les os que vous voyez sur ces tables », explique l’anthropologue Theodora Eleftheriou.
« On nous a apporté des cartons de ces os au laboratoire. Certains étaient mélangés. Nous avons essayé de synthétiser ces os pour créer le squelette de ces quatre individus. »
Alors que les scientifiques peinent à identifier les ossements découverts à Chypre, le Comité des personnes disparues a déjà retrouvé près de 1 000 personnes, dont des civils et des soldats disparus, des deux côtés du conflit à l’époque.
« Parfois, on ne retrouve que quelques os, et parfois, on découvre le profil complet d’un corps. Mais il faut souvent des années avant de savoir exactement qui est cette personne. Si cela se produit, si toutes les pièces du puzzle sont réunies et que l’identification peut avoir lieu, c’est un moment très important pour la famille et les proches. Ils peuvent alors enfin tourner la page », a déclaré Eleftheriou.
Mais pour certains proches, cela seul peut suffire.
« Il est revenu sous forme d’os, de squelette. Mais nous sommes heureux qu’il soit enfin revenu et nous l’enterrerons à côté de notre mère. Nous sommes très heureux car nous sommes maintenant arrivés à la fin de notre histoire », a déclaré Kutlay Erk, un proche d’une victime.
« Ce sont les objets que Petros avait dans sa poche », a déclaré un autre membre de la famille. « Quelque chose de Petros. Les chaussures. »
L’invasion de la Turquie
Chypre a obtenu son indépendance de la Grande-Bretagne en 1960, mais la violence a rapidement déchiré le gouvernement conjoint entre les Chypriotes grecs et turcs.
Quatorze ans plus tard, la Turquie, encouragée par la Grèce, envahit le pays en réponse à un coup d’État des Chypriotes grecs.
La protection des Chypriotes turcs, qui représentaient environ 18 % de la population de l’île, a servi de prétexte à l’invasion.
Près de 160 000 Chypriotes grecs furent chassés vers le sud et plus d’un tiers de l’île fut occupé par la Turquie. Plus de 3 000 personnes périrent.
Les efforts de réunification ont échoué
Les tentatives de réunification de Chypre ont jusqu’à présent toujours échoué. Alors que les Chypriotes grecs souhaitent une réunification sous forme de fédération, les Chypriotes turcs souhaitent un règlement à deux États.
Les Chypriotes grecophones et turcophones ne sont pas d’accord, entre autres, sur la division géographique de l’île.
La situation à Chypre est relativement calme depuis des années, mais elle reste tendue.