Le député européen infiltré : j'ai accepté mon poste inutile avec fierté

Martin Goujon

Le député européen infiltré : j’ai accepté mon poste inutile avec fierté

Depuis mon arrivée à Bruxelles et Strasbourg cet été en tant que nouveau député européen, j’ai assisté à de nombreuses réceptions, serré de nombreuses mains et oublié de nombreux noms. Tout le monde veut rencontrer les 54 % de députés qui sont nouveaux au Parlement.

Bien que je ne sois pas un jeune adulte ni un novice en politique, je suis nouveau dans la bulle européenne. Cela signifie que j’ai du mal à m’y retrouver dans le jargon. Quand quelqu’un m’a demandé si je voulais rejoindre CULT, je me suis inquiété. (Il s’avère que c’est la commission de la culture – et la vraie secte est de toute façon la commission des affaires constitutionnelles.)

Je ne dirai pas grand-chose sur qui je suis, si ce n’est que je fais partie d’un groupe influent, un groupe au sein duquel nous pensons pouvoir influencer l’orientation de l’Union européenne au cours des cinq prochaines années. Bien sûr, je sais que la Commission européenne et le Conseil européen détiennent le véritable pouvoir. Il a été assez difficile de surmonter la montagne de formalités administratives nécessaires pour obtenir mon badge de député européen, alors je garde mes ambitions sous contrôle.

Je sais que la Commission européenne et le Conseil européen détiennent le véritable pouvoir. | Johannes Simon/Getty Images

J’ai remarqué que les gens regardaient souvent mon ventre, ce qui m’a fait craindre d’avoir pris plus de poids que je ne l’espérais ces derniers mois. Peut-être était-ce le stress de la campagne, me disais-je. Jusqu’à ce qu’un collègue aimable me fasse remarquer qu’ils regardaient simplement mon badge bleu foncé pour vérifier si j’étais bien député européen, car personne ne me reconnaissait.

Plus le groupe est grand, plus vous avez de pouvoir. Mais plus les réunions de groupe durent longtemps et plus vos collègues ont envie de discuter, moins vous avez de temps pour utiliser votre pouvoir.

Le Parlement de Strasbourg ressemble à un labyrinthe construit par des populistes anti-UE. Comment les gens peuvent-ils comprendre l’Europe s’ils ne peuvent même pas contourner le bâtiment ? J’ai presque réussi à me rendre à l’hémicycle depuis mon bureau. Mon bureau à Bruxelles était occupé par un député européen d’un autre groupe politique, qui était plutôt mécontent de devoir déménager après que son groupe ait perdu autant de sièges. Pas de chance !

Au cours du mois qui a suivi mon entrée en fonction, il ne s’est pas passé grand-chose. Les tâches les plus urgentes de ces premières semaines semblent être d’élire des personnes pour occuper les mêmes fonctions qu’elles occupaient déjà. Cela va de la direction de notre groupe au président de la Commission.

Tout le monde reçoit un titre honorifique. Je ne révélerai pas le mien, sinon vous devinerez qui je suis, mais je peux dire sans me tromper que ce n’est rien de plus qu’une feuille de vigne pour me faire sentir important. Je l’ai accepté avec fierté.

J’ai également eu mes premiers contacts avec des journalistes, même si les relations avec la presse fonctionnent différemment sur la planète UE et au niveau national. La façon dont on donne des informations aux journalistes à Bruxelles est ce qu’on appelle « en arrière-plan », ce qui signifie qu’ils ne peuvent pas les utiliser, mais que vous pouvez toujours influencer leur façon de penser. Cela signifie que s’ils les utilisent, a) vous avez une possibilité de déni plausible et b) ils se sentent coupables et vous n’avez plus besoin de leur parler.

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