Traffic rolls on a highway in Frankfurt, Germany.

Jean Delaunay

Italie, Allemagne, France : les pays de l’UE sont loin d’atteindre leurs objectifs d’émissions de 2030

Seuls six des 27 États membres de l’UE ont présenté des plans climatiques nationaux à la hauteur.

Selon une étude analysant les plans climatiques nationaux, 12 pays de l’UE risquent de ne pas atteindre leurs objectifs nationaux en matière de climat au titre du règlement sur la répartition de l’effort (RRE). Sept autres pays risquent de ne pas atteindre leurs objectifs.

S’ils ne respectent pas les réductions d’émissions requises, ils risquent d’être confrontés à des pénalités financières.

L’ESR est un cadre politique – qui fait partie du paquet climat-énergie de l’UE – qui fixe des objectifs nationaux contraignants en matière de gaz à effet de serre pour les 27 États membres. Il les oblige à réduire collectivement leurs émissions de 40 % (par rapport à 2005) d’ici 2030.

Les États membres doivent atteindre des objectifs climatiques dans cinq secteurs clés : le transport routier, le bâtiment, la petite industrie, les déchets et l’agriculture. Chaque objectif est ajusté en fonction du PIB du pays, les pays les plus riches ayant des exigences plus strictes.

Selon les plans actuels des pays de l’UE, les émissions ne diminueraient que de 35,5 % d’ici 2030, soit 4,5 % de moins que l’objectif de 40 %. Et certains pays obtiennent des résultats bien moins bons que d’autres.

Quels pays de l’UE sont en passe de ne pas atteindre leurs objectifs en matière d’émissions ?

Selon le rapport de Transport & Environment (T&E), les deux pays les moins performants sont l’Allemagne et l’Italie. L’Allemagne devrait manquer ses objectifs climatiques de 10 % et l’Italie de 7,7 %.

La France ne devrait atteindre ses objectifs que de très peu et tout retour en arrière sur les politiques ou même un hiver froid poussant à la hausse la consommation d’énergie pourrait signifier un échec.

Les plans soumis par les Pays-Bas mettent également le pays sur la bonne voie pour atteindre ses objectifs.

Dans le cadre de l’ESR, les pays qui n’atteignent pas leurs objectifs climatiques peuvent acheter des crédits carbone à ceux qui les atteignent. Le prix de ces crédits est fixé par les deux pays signataires de l’accord. Selon les projections des experts, chacun pourrait être échangé au prix moyen de 129 euros.

Les États membres susceptibles d’accumuler le plus de crédits excédentaires sont l’Espagne, la Grèce et la Pologne. L’Espagne devrait dépasser ses objectifs de 7 % et pourrait recevoir environ 10 milliards d’euros de la part des pays qui ne sont pas sur la bonne voie.

L’Allemagne pourrait à elle seule absorber 70% des crédits disponibles, selon l’étude. Le pays pourrait alors se retrouver avec une facture de 16,2 milliards d’euros. L’Italie pourrait faire face à des coûts équivalents à 15,5 milliards d’euros.

Mais le rapport de T&E met en garde : si de nombreux pays ne parviennent pas à atteindre leurs objectifs, il est probable que les crédits se raréfient. Cela ferait grimper les prix et pourrait conduire à une guerre des enchères en 2030.

Les sanctions auxquelles les pays pourraient faire face sont « ahurissantes »

Il est encore temps de rectifier les politiques gouvernementales pour atteindre ces objectifs de 2030, selon T&E.

« Le montant des pénalités que les pays pourraient devoir payer en 2030 est ahurissant », a déclaré Sofie Defour, directrice du climat chez T&E, lors de la publication du rapport en juin.

« Les pays sont confrontés à un choix clair : payer des milliards à leurs voisins pour leur dette carbone, ou mettre en œuvre de nouvelles politiques qui améliorent la vie de leurs propres citoyens, comme l’isolation des maisons. »

L’Allemagne et l’Italie, par exemple, pourraient mettre en œuvre de nouvelles mesures pour accroître l’adoption des véhicules électriques, isoler les bâtiments, etc.

Les pays devaient soumettre leurs nouveaux Plans nationaux pour l’énergie et le climat (PNEC) le 30 juin, mais seuls quatre d’entre eux ont respecté le délai : les Pays-Bas, le Danemark, la Finlande et la Suède. Le PNE est une mesure clé de ces plans, mais seuls quelques pays ont prévu qu’ils atteindraient leurs objectifs dans leurs projets de textes.

Seuls six pays – la Croatie, la Tchéquie, la Hongrie, le Luxembourg, la Slovénie et l’Espagne – ont obtenu la note de passage de la Commission, qui évalue les plans. Le Danemark a apporté quelques modifications à ses projets de documents, notamment dans des domaines liés au RSE, ce qui, selon lui, le met désormais sur la bonne voie pour atteindre ses objectifs.

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