Lawmakers gather at the National Assembly in Paris.

Milos Schmidt

Le Parlement français face à un casse-tête complexe dans les négociations post-électorales pour former une coalition

Un climat politique conflictuel et de profondes divisions idéologiques rendent la recherche d’un terrain d’entente extrêmement difficile.

Une large coalition de gauche est arrivée en tête à l’issue d’élections législatives cruciales en France, mais n’a toujours pas obtenu la majorité absolue, forçant le Parlement et l’exécutif à se lancer dans des négociations difficiles pour s’entendre sur un Premier ministre.

Après une avancée majeure de l’extrême droite au premier tour, les électeurs ont finalement tenu à distance le Rassemblement national, laissant le pays dans la position inédite de n’avoir aucun bloc politique dominant au Parlement.

Trois grands blocs ont émergé, et aucun d’entre eux n’est proche de détenir une majorité d’au moins 289 sièges sur 577. Au lieu de cela, le résultat attribue 182 sièges à la coalition de gauche du Nouveau Front populaire, 168 à la coalition centriste Ensemble pour la République du président Emmanuel Macron et 143 au parti d’extrême droite du Rassemblement national.

Ces résultats signifient que les alliés centristes de Macron ne seront certainement pas en mesure de mettre en œuvre leurs propositions favorables aux entreprises, comme la promesse de réformer les allocations chômage. Cela pourrait également rendre l’adoption d’un budget plus difficile.

Si les fractures parlementaires ne sont pas rares en Europe, la France n’en a jamais connu dans son histoire moderne. Cette situation ouvre la voie à des négociations tendues pour former un nouveau gouvernement et nommer un Premier ministre, dont la tâche sera de se concentrer sur la politique intérieure et de partager le pouvoir avec le président.

Aucun candidat n’a encore émergé. Macron peut proposer un nom, mais il lui faudra encore le soutien d’une majorité parlementaire – et ce, après que son bloc a obtenu une embarrassante deuxième place aux élections anticipées qu’il a convoquées.

La coalition au pouvoir de Macron est arrivée deuxième au scrutin de dimanche.
La coalition au pouvoir de Macron est arrivée deuxième au scrutin de dimanche.

Macron, qui se rend cette semaine à Washington pour un sommet de l’OTAN, a déclaré qu’il attendrait pour décider de la suite des choses. Mais les nouveaux députés commencent à travailler lundi et leur première session est prévue le 18 juillet.

Macron pourrait chercher à conclure un accord avec des éléments plus modérés de la gauche, mais la France n’a pas de tradition de ce type d’arrangement. De telles négociations s’annoncent donc difficiles et pourraient déboucher sur une alliance informelle et fragile.

Sylvain Maillard, ancien président du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale réélu sous la bannière d’Ensemble, estime qu’il faudra «plusieurs semaines» pour former une majorité.

« C’est juste qu’il va nous falloir du temps pour avoir une base programmatique. Ce n’est pas dans la culture française de devoir construire des coalitions et des alliances, donc ça va prendre un peu plus de temps. Mais quand je regarde nos partenaires européens, ça prend plusieurs semaines, donc on va probablement avoir plusieurs semaines de discussions », a-t-il dit.

Jean-Luc Mélenchon, fondateur de France Unbowed, prononce un discours après le second tour des élections législatives à Paris.
Jean-Luc Mélenchon, fondateur de France Unbowed, prononce un discours après le second tour des élections législatives à Paris.

Macron a déjà déclaré qu’il ne collaborerait pas avec le parti d’extrême gauche La France insoumise, mais il pourrait néanmoins tendre la main à d’autres partis du Nouveau Front populaire, comme les socialistes et les Verts. Cela ne signifie toutefois pas qu’ils seront ouverts à sa proposition.

Une personne qui ne sera probablement pas sur la photo est le chef du parti d’extrême gauche La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon.

Alors que Mélenchon affirme que l’alliance de gauche est « prête à gouverner », Macron refuse de travailler avec lui, et jusqu’à présent sa propre coalition ne l’a pas proposé – ni personne d’autre – pour ce poste. Le fondateur de la France insoumise, âgé de 72 ans, est détesté par de nombreux modérés et souvent perçu comme autoritaire.

Les adversaires politiques du parti affirment que la victoire de la gauche aux législatives de dimanche est davantage due à la peur de l’extrême droite qu’à une attirance pour Mélenchon ou son parti. Pour l’heure, les dirigeants du Nouveau Front populaire estiment que des discussions internes supplémentaires sont nécessaires.

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