A l’approche du premier tour des élections françaises de dimanche, le Rassemblement national (RN) d’extrême droite est actuellement en tête des sondages, devant l’alliance de gauche et la coalition centriste de Macron. Mais quelles sont leurs politiques clés ?
Jordan Bardella, leader du parti d’extrême droite Rassemblement national (RN), actuellement en tête dans les sondages, a dévoilé lundi les propositions de son parti sur la crise du coût de la vie, l’Ukraine et l’immigration pour les prochaines élections législatives françaises.
Les électeurs français se rendront aux urnes les 30 juin et 7 juillet pour élire une nouvelle Assemblée nationale après sa dissolution par le président Emmanuel Macron à la suite des élections européennes du début du mois.
Le Rassemblement national, qui a porté un coup dur au parti centriste de Macron en remportant plus de 31 % des voix aux élections européennes, est en tête dans tous les grands sondages. Selon un sondage OpinionWay pour Cnews, Europe 1 et JDD publié vendredi, le RN pourrait remporter 35% des suffrages, devant l’alliance de gauche Nouveau Front Populaire (27%) et la coalition libérale de Macron (20%).
L’Observatoire de l’Europe détaille ses propositions.
« Réduire considérablement » l’immigration et les doubles frontières
L’immigration est l’un des thèmes clés de l’extrême droite. Dans son tract de campagne, le Rassemblement national affirme vouloir « stopper la submersion migratoire » en « réduisant drastiquement l’immigration légale et clandestine » et en « expulsant les délinquants étrangers ».
Pour mettre en œuvre ces mesures, le leader Jordan Bardella veut soumettre au Parlement une « loi d’urgence » sur l’immigration si son parti obtient la majorité absolue (au moins 289 sièges).
Bardella a déclaré dans une interview à la chaîne de télévision française BFMTV que s’il devait être nommé Premier ministre, il adopterait « dans les premières semaines » de son mandat « une loi sur l’immigration qui visera dans un premier temps à faciliter l’expulsion des délinquants étrangers ». , en levant les contraintes administratives actuelles.
En particulier, cette loi d’urgence abolirait le « droit du sol » — le droit à la citoyenneté d’un pays fondé sur le fait d’y être né. En France, tout enfant né sur le territoire français de deux parents étrangers peut obtenir automatiquement la nationalité française à partir de 18 ans.
La loi d’urgence sur l’immigration vise également à modifier l’Aide Médicale d’État (AME), une aide médicale financée par l’État pour les immigrés sans papiers.
L’AME actuelle couvre à 100 % les frais médicaux des sans-papiers.
Pour le président du Rassemblement national, interrogé par la chaîne française CNews, ce fonds ne devrait couvrir que les urgences médicales et « il ne sera plus possible aux immigrés clandestins de bénéficier de l’ensemble des soins médicaux gratuits ».
Bardella a confirmé lundi que « les postes les plus stratégiques » du gouvernement « seront réservés aux ressortissants français », ce qui signifie que les personnes ayant la double nationalité seront exclues de l’accès à ces postes.
L’introduction d’une double frontière était une autre des propositions phares de Jordan Bardella lors de la campagne pour les élections européennes.
Cette mesure, a expliqué Bardella, vise à limiter les déplacements au sein de l’espace Schengen aux citoyens européens et donc à empêcher les migrants arrivant sur le territoire européen de pouvoir se déplacer à l’intérieur de l’espace.
Pas de missiles à longue portée pour l’Ukraine
« L’Ukraine doit être capable de se défendre », a déclaré Bardella la semaine dernière lors de sa visite au salon de l’armement Eurosatory à Paris.
Depuis quelques années, le RN tente de se débarrasser des accusations dont ses membres se rapprochent du Kremin.
Bardella n’a pas précisé quel type d’aide il apporterait à Kiev. Il a toutefois souligné des « lignes rouges » que son parti n’est pas disposé à franchir.
Il a par exemple refusé de fournir des missiles à longue portée et des armes capables de frapper le territoire russe.
Il a également réitéré l’opposition de la mouvance d’extrême droite au déploiement de militaires ou d’instructeurs français sur le sol ukrainien, régulièrement évoquée par Macron.
Le coût de la vie, une priorité absolue
Bardella a déclaré au journal français Le Parisien qu’en tant que Premier ministre, il réduirait la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 20 % à 5,5 % sur l’électricité et le carburant.
Pour le financer, Bardella veut mettre fin à certaines niches fiscales et réduire la contribution de la France au budget de l’UE de 2 à 3 milliards d’euros sur un total de 21,6 milliards d’euros pour la seule année 2024.
La deuxième mesure d’urgence du député serait de lancer des négociations avec la Commission européenne pour déroger aux règles de tarification de l’électricité. Cela permettrait de « réduire les factures de 30 % », a-t-il déclaré au journal.
Toutefois, cela nécessiterait le soutien d’autres États membres de l’UE pour soutenir la réforme et l’adopter.
Critiquant les dépenses « irresponsables » du président français Emmanuel Macron, Bardella a confirmé vouloir lancer un grand « audit des comptes de la nation ».
Il entend réduire « les dépenses publiques qui encouragent l’immigration ».
L’environnement et la crise climatique ne sont pas au premier plan du programme du RN, alors qu’ils constituent l’une des principales préoccupations des électeurs français selon un sondage IPSOS publié en mai.
Cependant, le candidat a déclaré lundi vouloir un moratoire sur la construction de davantage d’éoliennes et se concentrer sur la construction de davantage de réacteurs nucléaires.