Environment ministers in Luxembourg on 17 June 2024 for an EU Council summit

Jean Delaunay

Politique de l’UE. Les entreprises de mode rapide pourraient être pénalisées pour leur marketing agressif

Les gouvernements européens font pression pour agir sur la mode rapide, ouvrant la voie à des taxes ciblant les entreprises dont le modèle économique et la stratégie marketing sont basés sur des prix bas et un chiffre d’affaires élevé.

Les gouvernements devraient pouvoir imposer des taxes sur les détaillants de vêtements à perte de coûts et à chiffre d’affaires élevé, en fonction de la mesure dans laquelle leurs pratiques commerciales encouragent la surconsommation et conduisent à une augmentation des déchets, ont convenu les ministres de l’Environnement.

Les mesures, convenues lors du sommet du Conseil de l’UE lundi (17 juin), feraient partie d’une révision des règles de l’UE sur la prévention et la gestion des déchets qui ciblent spécifiquement les industries textiles et alimentaires en appliquant le principe du « pollueur-payeur », obligeant les producteurs élargis à (REP) obligatoires.

Cela signifierait que les entreprises paieraient une contribution proportionnelle aux coûts de collecte, de tri, de transport et de traitement des déchets de vêtements et de chaussures. La redevance serait modulée en fonction de facteurs tels que la durabilité et l’impact environnemental de la production.

Mais les ministres veulent aller plus loin en matière de fast fashion, en ajoutant à la directive-cadre sur les déchets une reconnaissance explicite selon laquelle la plupart des vêtements sont désormais jetés avant d’être usés. Ils attribuent implicitement cette tendance croissante aux stratégies marketing agressives.

Les autorités nationales devraient avoir le pouvoir de « moduler les contributions financières des producteurs sur la base des pratiques conduisant à une telle surgénération de déchets textiles, notamment en relation avec les stratégies industrielles et commerciales », ont-elles convenu dans un mandat de négociations avec le Parlement européen.

Les mesures prises pour remédier à l’impact environnemental croissant de la fast fashion ont tiré la sonnette d’alarme dans le commerce du textile, en particulier dans les entreprises dont le modèle économique repose sur un chiffre d’affaires énorme et rapide de vêtements produits à bas prix et vendus via des sites Web et des applications.

L’une de ces sociétés, Shein, s’est déjà retrouvée dans la ligne de mire législative avec une proposition française visant à imposer une taxe sur la fast-fashion commençant à 5 euros par article, bien que cette proposition soit désormais suspendue en attendant des élections anticipées.

L’entreprise chinoise basée à Singapour, qui a connu une croissance fulgurante pendant la pandémie de Covid et a récemment été soumise à des réglementations européennes strictes réservées aux « très grandes plateformes en ligne », affirme que son modèle à la demande minimise la surproduction et profite aux consommateurs à court d’argent. Shein a été contacté pour commenter l’accord ministériel.

Valérie Boiten, de la Fondation Ellen MacArthur, une ONG, considère le renforcement des réglementations comme « une opportunité d’aller au-delà de l’accent traditionnel mis sur la collecte et le recyclage » et de se concentrer également sur la conception, la réparation et la réutilisation des produits pour s’éloigner du « mode de fabrication actuel ». -modèle de déchets ».

Dans un rapport sur l’impact de la fast fashion, la fondation a noté que plus de 80 % des textiles mis au rebut sont soit incinérés, mis en décharge, soit finissent comme une pollution environnementale, et que la collecte sélective et la recirculation ne peuvent être économiquement viables sans une REP payante. système.

« En fin de compte, nous devons nous éloigner du modèle actuel prendre-faire-décheter, qui extrait principalement des ressources non renouvelables pour mettre de nouveaux articles sur le marché », a déclaré Boiten à L’Observatoire de l’Europe. « La REP peut contribuer à y parvenir, même si ce n’est pas la seule solution requise. »

Theresa Mörsen, du groupe de campagne Zero Waste Europe, a félicité les États membres qui « ont eu le bon sens d’exprimer ouvertement leur intention de mettre fin à la fast fashion » lors des négociations sur la réforme.

Les règles plus strictes sur la fast fashion reflètent une proposition commune diffusée plus tôt ce mois-ci par l’Autriche, la Finlande, la France et les Pays-Bas. La législation est sujette à de nouvelles modifications lors des négociations avec le Parlement européen, qui a adopté son mandat de négociation en février.

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