L'extrême droite française retire un manifeste qui incluait la Russie controversée et les projets de l'OTAN

Martin Goujon

L’extrême droite française retire un manifeste qui incluait la Russie controversée et les projets de l’OTAN

PARIS — Alors que le compte à rebours avant les élections anticipées en France est en cours, le Rassemblement national vacille-t-il sur son programme de défense favorable à la Russie ?

Le parti d’extrême droite a discrètement retiré de son site Internet une partie de son offre de politique de défense, supprimant les sections proposant un approfondissement des relations diplomatiques avec la Russie, l’arrêt des projets de coopération avec l’Allemagne et la sortie du commandement militaire intégré de l’OTAN.

Alors que le Rassemblement national semble prêt à réaliser des gains parlementaires importants, ouvrant ainsi la porte à une entrée au gouvernement, le parti cherche à renforcer sa crédibilité sur la scène mondiale avant que les électeurs français ne se rendent aux urnes les 30 juin et 7 juillet.

Les propositions supprimées provenaient de la campagne présidentielle de Marine Le Pen en 2022, au cours de laquelle son parti avait présenté 17 brochures thématiques décrivant ses propositions dans tous les domaines politiques. Alors que 16 brochures restent en ligne, celle sur la défense a été supprimée de la page Web quelque temps après le 11 juin. Elle est toujours disponible en ligne sur une page qui n’est plus liée au site Internet du parti.

Dans son manifeste, le Rassemblement national prônait la distance par rapport à Washington tout en essayant de dialoguer avec Moscou. Constatant que Washington « ne se comporte pas toujours en allié de la France », Le Pen proposait en 2022 dans son programme de rechercher « une alliance avec la Russie sur certaines questions », comme la sécurité européenne ou la lutte contre le terrorisme.

Le document retiré indiquait également que la France devrait quitter « immédiatement » le commandement militaire intégré de l’OTAN.

Le document supprimé proposait également de « mettre un terme » aux projets de coopération avec l’Allemagne dans le secteur militaire, compte tenu « d’une divergence doctrinale, opérationnelle et industrielle profonde et irréconciliable avec Berlin ». Ceux-ci incluent des plans pour des chars de combat de nouvelle génération et des avions de combat de nouvelle génération développés conjointement.

Ces derniers mois, le Rassemblement national a atténué certaines de ses positions les plus controversées.

En mars, les députés du Rassemblement national se sont abstenus lors du vote sur l’aide militaire à l’Ukraine, tandis que les députés de la gauche France Insoumise ont voté contre. Le même mois, l’étoile montante et président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a déclaré à L’Observatoire de l’Europe que la France devrait attendre la fin de la guerre en Ukraine avant de quitter le commandement intégré de l’alliance militaire. Bardella devrait devenir Premier ministre si le Rassemblement national remporte les élections législatives.

Dans son programme pour les élections européennes de 2024, le parti n’a pas réitéré ces propositions. Au lieu de cela, il a déclaré que « la Russie violait le droit international et provoquait une révision de l’ordre international ».

Ces derniers jours, le Rassemblement national a également fait marche arrière sur certaines de ses propositions économiques les plus coûteuses, car la perspective d’avoir l’extrême droite au pouvoir effraie les marchés.

Contacté par L’Observatoire de l’Europe, un porte-parole du Rassemblement national a indiqué que Bardella exposerait son programme, notamment en matière de défense, dans les prochains jours.

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