La montée en puissance des factions d’extrême droite au Parlement européen pourrait exercer une pression importante sur le secteur des énergies renouvelables. Les principales valeurs françaises de l’énergie verte ont déjà chuté en raison du bouleversement électoral.
Lundi, les marchés boursiers français ont été impactés par l’appel d’Emmanuel Macron à des élections anticipées après une défaite meurtrière du parti d’extrême droite, le Rassemblement national (NR), aux élections législatives européennes. L’indice de référence CAC 40 a chuté de 1,4% suite à cette nouvelle, les principales valeurs des énergies renouvelables telles que Engie SA, Voltalia SA et Neoen SA reculant entre 1% et 5%.
Les partis d’extrême droite exploitent leur pouvoir grâce au mécontentement du public
Alors que les partis d’extrême droite gagnent un pouvoir notable lors des élections européennes, certains secteurs, tels que les entreprises d’énergies renouvelables, pourraient être considérablement affectés par un éventuel changement de politique. Beaucoup de ces groupes d’extrême droite considèrent la transition énergétique verte comme une ambition excessive de l’Union européenne. Ils soutiennent que les réglementations climatiques contribuent à la hausse de l’inflation et exacerbent le coût de la vie.
Les groupes d’extrême droite affirment que les politiques vertes actuelles imposent des charges financières importantes aux citoyens et aux industries, attribuant la hausse de l’inflation et les coûts élevés des entreprises au respect des objectifs d’émissions. Le mécontentement des entreprises et des ménages a fourni un levier aux partis d’extrême droite, renforçant leur attrait populiste et conduisant à une augmentation notable du soutien du public. La présence accrue des partis d’extrême droite au Parlement européen ralentira probablement la mise en œuvre du Green Deal en intervenant dans les processus d’élaboration des politiques.
Risque de réduction des investissements dans les énergies renouvelables
Le secteur des énergies renouvelables a connu une année difficile en 2023 en raison d’une inflation importante et de la hausse des taux d’intérêt. Contrairement aux sociétés de combustibles fossiles, qui ont bénéficié de la flambée des prix du pétrole provoquée par la guerre, les entreprises axées sur les énergies vertes ont été confrontées à des difficultés. Ces entreprises dépendent souvent de dépenses d’investissement élevées, ce qui les rend particulièrement vulnérables aux taux d’intérêt élevés et à l’inflation. De nombreuses entreprises d’énergies renouvelables dépendent des subventions gouvernementales par le biais d’enchères d’énergies renouvelables. Ces enchères ont toutefois souffert de prix plafonds bas, ce qui a entraîné l’échec de l’attribution des projets en 2023.
Les partis d’extrême droite ont exprimé leurs inquiétudes quant au fait que la transition verte réduirait la compétitivité de l’Europe par rapport aux grandes économies, en particulier les États-Unis et la Chine. Leur influence sur les politiques pourrait se traduire par une diminution des investissements dans le secteur des énergies renouvelables, qui nécessite un soutien gouvernemental continu et des allocations de fonds.
Selon un rapport de la Banque centrale européenne : « La Commission européenne a estimé qu’un investissement supplémentaire de 620 milliards d’euros par an sera nécessaire entre 2023 et 2030. » Ce montant représente environ 3,7 % du PIB de l’UE en 2023.
D’un autre côté, une dilution des réglementations vertes pourrait profiter aux producteurs de combustibles fossiles, tels que TotalEnergies, en réduisant les coûts de la transition verte et en abaissant les normes obligatoires d’efficacité énergétique.
Les actions des énergies renouvelables rebondissent
L’indice européen des prix des énergies renouvelables a chuté de 24 % par rapport à l’année dernière et de 16 % depuis le début de l’année, tandis que l’indice Euro Stoxx 600 a augmenté de 13 % par rapport à l’année dernière et de 9 % cette année.
Toutefois, certaines valeurs du secteur des énergies renouvelables ont fortement rebondi depuis mars.
Les actions de la société espagnole de services publics Iberdrola ont bondi de 11 %, celles de la société énergétique finlandaise de 17 % et celles de la société danoise d’énergie renouvelable Orsted ont augmenté de 14 % au cours des trois derniers mois.
Le récent rebond de ce secteur a été soutenu par les attentes de baisses de taux des banques centrales et par les résultats positifs du premier trimestre. Cette résurgence témoigne d’un regain de confiance des investisseurs et suggère que, malgré les défis récents, les perspectives à long terme des énergies renouvelables restent prometteuses, notamment avec le potentiel de politiques monétaires de soutien et la poursuite de performances financières positives.
Le secteur des énergies renouvelables est principalement motivé par l’environnement macroéconomique plutôt que par l’influence politique. Même si le pouvoir croissant de l’extrême droite peut exercer une pression sur ce secteur en raison des résultats surprenants des élections, il est peu probable qu’il modifie la tendance mondiale à long terme. La résilience des énergies renouvelables face aux changements politiques souligne leur importance en tant que solution durable pour l’avenir, avec une croissance continue attendue à mesure que les préoccupations environnementales et les progrès technologiques conduisent la transition vers des sources d’énergie plus propres.