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Jean Delaunay

Eurovues. Le rapport de Draghi manque de transparence et les risques sont accaparés par les grandes entreprises

La voie vers une économie européenne prospère, résiliente, dynamique, innovante et démocratique consiste à rechercher l’équilibre et la diversité économiques plutôt que le monopole, écrivent Max Bank et Olivier Hoedeman.

Un spectre hante l’Europe : celui d’une compétitivité en déclin. Tout le monde en parle à Bruxelles.

Et d’après tout ce que nous avons entendu jusqu’à présent, la prochaine Commission européenne placera la compétitivité en tête de son agenda politique.

Le rapport de Mario Draghi sur l’avenir de la compétitivité européenne, attendu en juin, devrait donc avoir un impact considérable sur le prochain mandat de la Commission et sur l’avenir de l’UE.

En tant qu’organisations de la société civile européenne, nous sommes profondément préoccupés par ce rapport et nous les avons exprimées la semaine dernière dans une lettre ouverte à Mario Draghi et à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Piloté par l’industrie ?

Le manque de transparence et d’accès dans l’élaboration de ce rapport est profondément troublant.

Draghi a rencontré des représentants de l’industrie tels que la Table ronde européenne pour l’industrie et BusinessEurope. Même si une réunion avec les syndicats a eu lieu, de nombreux groupes de la société civile n’ont pas été consultés.

En outre, les responsables gouvernementaux des États membres se sont plaints du manque d’accès. Un rapport de cette importance doit toutefois être élaboré sur une base beaucoup plus transparente et accessible s’il veut être perçu comme légitime et soutenu par la société européenne dans son ensemble.

En bref, Draghi et von der Leyen devraient envisager de donner plus de poids à la société civile sur le contenu et les recommandations du rapport et de divulguer toutes leurs réunions avec des groupes d’intérêt.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s'entretient avec les médias alors qu'elle arrive pour un sommet de l'UE au bâtiment du Conseil européen à Bruxelles, en mai 2021.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’entretient avec les médias alors qu’elle arrive pour un sommet de l’UE au bâtiment du Conseil européen à Bruxelles, en mai 2021.

En outre, la philosophie globale exposée par Draghi dans son discours à La Hulpe du 16 avril a suscité de nouvelles inquiétudes. Pour plusieurs secteurs, tels que la défense, l’énergie et les télécommunications, il a proposé d’autoriser la consolidation du marché afin d’aider l’Europe à devenir plus compétitive sur les marchés mondiaux.

Cela permettrait une concentration du marché encore plus forte en Europe, ce qui nuirait aux consommateurs, aux travailleurs et aux petites entreprises européens, tout en sapant en fait notre compétitivité.

Cela conduirait à une situation dans laquelle les soi-disant « champions européens » seraient subventionnés de manière improductive par l’argent public tandis que d’importants objectifs sociaux, économiques et environnementaux seraient sacrifiés au profit des actionnaires de ces entreprises dominantes.

La menace d’un programme monopolistique se profile

Donner la priorité aux intérêts étroits des grandes entreprises plutôt qu’à l’intérêt public n’est pas une stratégie de développement économique acceptable ou réalisable.

En bref, Draghi et von der Leyen devraient envisager de donner plus de poids à la société civile sur le contenu et les recommandations du rapport et de divulguer toutes leurs réunions avec des groupes d’intérêt.

Ce n’est pas une bonne chose d’adopter un programme politique étroit motivé par les intérêts des géants du secteur privé. En fin de compte, la voie vers une économie européenne prospère, résiliente, dynamique, innovante et démocratique consiste à rechercher l’équilibre et la diversité économiques plutôt que le monopole.

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