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Jean Delaunay

Les détaillants croates tirent la sonnette d’alarme sur les effets de la loi sur le commerce dominical

Les promesses de la saison touristique estivale mettront à l’épreuve à quel point l’économie du pays dépend de la présence de magasins ouverts toute la semaine.

Les détaillants croates sont mécontents d’une loi qui interdit les achats la plupart du dimanche, affirmant qu’elle menace les petites entreprises et entraîne des licenciements dans un secteur crucial de l’économie.

La loi sur le commerce, adoptée l’année dernière, permet aux détaillants de choisir seulement 16 dimanches par an pour ouvrir leurs magasins. Si les syndicats semblent en être satisfaits, de nombreux entrepreneurs du commerce de gros et de détail ne le sont pas.

Les cinq grands centres commerciaux de Zagreb affirment que les revenus du dimanche ont tendance à être plus élevés et que les dimanches chômés imposés cette année pourraient leur nuire à hauteur de 50 millions d’euros.

Les propriétaires de petits magasins souffrent le plus, tandis que les grands détaillants ont été contraints de procéder à des licenciements.

La Chambre croate des métiers et de l’artisanat a souligné des lacunes flagrantes dans la nouvelle loi. Les fleuristes, par exemple, ne pourront pas ouvrir le jour de la Toussaint, l’un de leurs jours de revenus les plus élevés ; les petites boutiques de souvenirs seront fermées de nombreux jours fériés et dimanches pendant la saison touristique cruciale.

Une affaire dans les deux sens

Tous les acteurs du secteur ne sont pas unis dans leur opposition. Zlatica Štulić, présidente du Syndicat du commerce de détail, affirme que son organisation lutte depuis des années contre le commerce du dimanche.

« Pour les travailleurs du commerce de détail, cela représente environ un jour de repos par semaine », a-t-elle déclaré. « Ils veulent que leur jour de congé soit le dimanche et non un autre jour. Leurs familles sont alors libres et ils veulent passer la journée avec eux. »

Elle affirme que les besoins en main-d’œuvre ne vont pas diminuer, affirmant qu’avant l’entrée en vigueur de la loi, il existait déjà une pénurie de main-d’œuvre qui était couverte par les étudiants et les retraités travaillant à temps partiel.

Pourtant, Denis Ćupić, président de l’Association croate du commerce de détail et de la logistique, souligne que dans le secteur du commerce de détail non alimentaire et dans les centres commerciaux, le dimanche est le plus grand jour de shopping après le samedi. Il cite des données compilées par huit centres commerciaux à travers le pays, qui montrent que les dimanches représentent 20,9 % des ventes hebdomadaires.

Mais le véritable test de l’impact de la loi pourrait avoir lieu cet été. Selon le ministère du Tourisme, les touristes étrangers ont généré des revenus records pour la Croatie en 2023, avec des résultats particulièrement bons en pré-saison et en post-saison. Le ministère a conclu qu’il est également très satisfait des indicateurs pour le début de 2024.

Il reste à voir si la loi sur le commerce du dimanche interférera avec ces attentes en matière de revenus.

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