Le président de la Republika Srpska s’oppose à un mécanisme clé créé par les accords de Dayton de 1995
Un dirigeant serbe de Bosnie, Milorad Dodik, a soutenu une loi rejetant l’autorité du Haut Représentant international dans l’entité de la Republika Srpska, une décision qui risque d’aggraver les tensions dans un pays des Balkans divisé selon des critères ethniques.
La décision de Dodik représente un défi majeur pour le haut représentant Christian Schmidt, un homme politique allemand nommé à ce poste en 2021.
Le Haut Représentant, qui veille au respect des accords de Dayton de 1995 qui ont mis fin à la guerre en Bosnie, dispose d’un pouvoir discrétionnaire pour annuler ou imposer des lois et également pour révoquer des élus.
La nouvelle loi soutenue par Dodik stipule que les décisions prises par le Haut Représentant international ne seront plus publiées au journal officiel de l’entité serbe en Bosnie – un rejet de facto de l’autorité de Schmidt.
Les dirigeants serbes de Bosnie, et en particulier Dodik, ont affirmé à plusieurs reprises que Schmidt était un haut représentant « illégal » ou « faux » parce que – comme certains de ses prédécesseurs – il n’a pas été approuvé par le Conseil de sécurité de l’ONU.
Dodik, proche du Kremlin, a été visé par des sanctions américaines et britanniques ces dernières années après avoir proféré des menaces séparatistes à répétition.
En signant le dernier décret, il a ignoré la décision prise par Schmidt samedi dernier dans laquelle il a annulé la même loi.
Le diplomate allemand a également annulé une autre mesure adoptée fin juin par les députés serbes de Bosnie qui refusait d’appliquer en Republika Srpska les décisions de la Cour constitutionnelle bosniaque. Le texte a été vivement dénoncé par Washington, Paris et Londres, mais Dodik lui a désormais réaffirmé son soutien.
Depuis la guerre des années 1990, la Bosnie est divisée en deux entités, l’une serbe et l’autre bosno-croate, unies par des institutions centrales faibles.
En tant que principal allié international des Serbes de Bosnie, la Russie a proposé en juillet 2021 un projet de résolution au Conseil de sécurité de l’ONU, coparrainé par la Chine, prévoyant la fermeture du Bureau du Haut Représentant (OHR) en juillet 2022.
La résolution a été rejetée, les diplomates occidentaux accusant Moscou de chercher à saper la crédibilité de l’OHR.