Chaque niveau de la société allemande reconnaît que cette loi constitue une étape clé vers un monde plus juste et plus durable. Il est impopulaire auprès d’un parti dirigé par un homme qui semble tenter de s’imposer politiquement en créant des controverses inutiles, écrit Luisa Neubauer.
En décembre, les décideurs politiques européens de tous bords politiques ont convenu de contribuer à mettre fin à certaines des pires violations au monde, comme le travail des enfants, grâce à une loi révolutionnaire sur laquelle les entreprises et les militants du climat pourraient s’entendre.
Cela créerait enfin un ensemble de règles justes et égales pour les grandes entreprises, garantissant qu’elles ne soient pas liées à des violations des droits de l’homme et à la destruction de l’environnement.
La loi aurait dû être adoptée sans drame la semaine dernière, dans le cadre de ce qui est habituellement un processus d’« approbation sans discussion » entre les gouvernements nationaux à Bruxelles.
Mais le vote a été annulé à la dernière minute après que le FDP et son leader Christian Lindner ont forcé la main du chancelier Olaf Scholz, et l’Allemagne ne vote plus en faveur de la loi – malgré le soutien de l’opinion publique allemande, des acteurs majeurs du monde des affaires, et les partis majoritaires au gouvernement.
L’Allemagne était auparavant un champion de cette loi, et le parti de Scholz, le SPD, la soutient. La directive sur le devoir de diligence en matière de durabilité des entreprises a pris des années et se trouve dans une période de troubles. Elle constitue une étape audacieuse et pleine d’espoir vers un avenir plus juste.
Et cela ne créerait pas de division en Allemagne.
Tout le monde à bord, FPD à torpiller ?
Une vaste enquête menée avant la publication du projet de loi montre que plus de 80 % des Allemands soutiennent les objectifs de cette loi et estiment que les entreprises devraient être tenues responsables si elles nuisent à l’environnement en dehors de l’UE et qu’elles devraient être responsables de la prévention des violations des droits de l’homme. dans leurs opérations mondiales.
De nombreuses grandes entreprises allemandes, dont Aldi Süd et BMW Group (par l’intermédiaire d’associations qui les représentent), ont également manifesté leur soutien.
Et ce ne sont pas seulement les grandes entreprises qui le soutiennent, mais aussi les petites entreprises. Plus tôt cette semaine, le premier réseau mondial de PME, représentant plus de 700 entreprises en Allemagne, a exhorté les politiciens à adopter la loi.
Cette idée est également défendue par le propre parti du chancelier Scholz.
Mais le FDP – un parti libéral de centre-droit qui ne détient que 4 % des suffrages populaires allemands – a joué une carte qui divise et menace de faire échouer la loi pour toujours.
Les ministres des deux principaux partis de la coalition ont déploré la décision du FDP, ce qui signifie que la loi est désormais en jeu.
La ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock des Verts a fait allusion au signal négatif que cela envoie pour la position de l’Allemagne au sein de l’UE : « Nous avons une responsabilité en Europe. Si nous ne tenons pas parole à Bruxelles, on ne nous fera plus confiance. » , tandis que le ministre du Travail du SPD, Hubertus Heil, a déclaré que cette décision était « une erreur ».
Compte tenu du pouvoir de notre gouvernement dans le processus de vote européen, cela met en péril l’avenir de la loi, et il existe désormais un risque très réel que cette loi échoue si Scholz ne la soutient pas lors d’un nouveau vote cette semaine.
Courage et bon sens
La loi est populaire auprès du public allemand. Il est populaire auprès des entreprises allemandes. Il est apprécié par la majorité des partenaires du gouvernement allemand.
Toutes les couches de la société allemande reconnaissent que cette loi constitue une étape clé vers un monde plus juste et plus durable, ce qui est également logique sur le plan pratique.
Il est impopulaire auprès d’un parti dirigé par un homme qui semble tenter de s’imposer politiquement en créant des controverses inutiles.
Le chancelier Scholz doit le reconnaître, saisir l’occasion et utiliser son pouvoir suprême pour faire ce qui est démocratique, juste et nécessaire en rejetant son partenaire junior de coalition.
Aujourd’hui, nous ne parlons plus d’une seule loi. nous parlons de l’Europe qui tient ses promesses.
Alors que la polycrise frappe, les démocraties libérales subissent une pression sans précédent pour prouver qu’elles peuvent œuvrer en faveur du bien commun. L’Europe devrait défendre cette cause et ne pas céder sous la pression de quelques libéraux peu coopératifs. Il est temps pour Scholz d’intervenir et de mettre fin à l’embarras allemand à Strasbourg.
Il ne s’agit pas d’un programme militant, mais d’une question d’intégrité européenne et de bon sens.