La nouvelle directive de l’UE vise à fixer un niveau international tel que 60 % du salaire médian brut pour le salaire minimum. Il appelle également à des révisions régulières pour garantir que les niveaux de rémunération restent à jour.
Un niveau de vie décent est crucial dans une société. Un rôle clé pour y parvenir est de garantir que les salaires minimum légaux soient adéquats. La proportion de travailleurs gagnant uniquement le salaire minimum est supérieure à 10 % dans plusieurs pays d’Europe.
Cette année marque une étape importante vers l’amélioration des conditions de travail et de vie dans les États membres de l’UE, car la nouvelle directive européenne sur le salaire minimum doit entrer en vigueur d’ici le 15 novembre de cette année.
Pas de salaire minimum dans 5 pays de l’UE
Vingt-deux des 27 États membres de l’UE disposent d’un salaire minimum national. Ce n’est pas le cas du Danemark, de l’Italie, de l’Autriche, de la Finlande et de la Suède. Chypre en a introduit un au début de l’année dernière.
Parmi les dix pays candidats et candidats potentiels, huit ont un salaire minimum national. Le Monténégro, la Moldavie, la Macédoine du Nord, la Géorgie, l’Albanie, la Serbie, la Turquie et l’Ukraine en ont tous un, tandis que la Bosnie-Herzégovine et le Kosovo n’en ont pas.
Les pays de l’Association européenne de libre-échange (AELE), à savoir la Norvège, la Suisse et l’Islande, n’ont pas de salaire minimum national.
Le salaire minimum brut est inférieur à 1 000 € dans près des deux tiers de l’UE
Les salaires minimum dans les pays de l’UE varient considérablement, le salaire minimum mensuel brut allant actuellement de 477 € en Bulgarie à 2 571 € par mois au Luxembourg.
Le salaire minimum est supérieur à 2 000 € au Luxembourg, en Irlande, aux Pays-Bas et en Allemagne, tandis qu’il est de 1 767 € en France et de 1 323 € en Espagne.
Le salaire minimum est inférieur à 1 000 € dans 14 des 22 États membres où il existe un salaire minimum national.
Ce chiffre varie de 360 € en Macédoine du Nord à 613 € en Turquie parmi les pays candidats et candidats potentiels.
La Bulgarie (477 €) a un salaire minimum inférieur à celui de la Turquie, de la Serbie et du Monténégro, qui sont tous des pays candidats.
Les variations sont plus faibles en SPA
Les variations du salaire minimum sont considérablement plus faibles en standard de pouvoir d’achat (SPA), ce qui permet une comparaison plus juste.
Le SPA est une « unité monétaire artificielle » définie par Eurostat, basée sur les différences de niveau de prix entre les pays. Une unité de SPA peut théoriquement acheter la même quantité de biens et de services dans chaque pays.
Le salaire minimum, ajusté en fonction du SPA, varie actuellement de 542 € en Albanie à 1 883 € en Allemagne.
Outre l’Allemagne, ce chiffre dépassait 1 250 € au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Belgique, en France, en Irlande, en Pologne, en Slovénie et en Espagne.
La Tchéquie, la Slovaquie, l’Estonie, la Lettonie et la Bulgarie ont enregistré le salaire minimum en SPA le plus bas parmi les pays de l’UE, avec un salaire minimum en SPA inférieur à 1 000 €.
Certains pays candidats tels que la Turquie, la Serbie et le Monténégro avaient des niveaux de salaires plus élevés que des pays de l’UE tels que l’Estonie, la Lettonie et la Bulgarie, mais ce chiffre restait inférieur à 1 000 € pour tous les pays candidats et candidats potentiels pour lesquels des données sont disponibles.
La proportion de salariés au salaire minimum est importante dans certains pays
La proportion de salariés percevant le salaire minimum varie considérablement. Le salaire minimum est crucial dans certains pays où il y a plus de personnes au bas de l’échelle des revenus que dans d’autres pays. Les données sont basées sur les chiffres de 2018, la dernière année pour laquelle des données sur les revenus sont disponibles.
Ainsi, en 2018, la proportion d’employés rémunérés à moins de 105 % du salaire minimum national était supérieure à 10 % dans cinq pays de l’UE. Il s’agissait de la Slovénie (15,2 %), de la Bulgarie (14,1 %), de la Roumanie (13,3 %), de la Pologne (12,1 %) et de la France (11,6 %).
Cette proportion était également supérieure à 5 % dans 10 membres de l’UE, dont l’Allemagne (6,6 %).
Comment décider d’un salaire minimum adéquat ?
Il n’est pas facile de définir un salaire minimum adéquat. La directive de l’UE comprend cette déclaration :
« A cette fin, les Etats membres peuvent utiliser des valeurs de référence indicatives couramment utilisées au niveau international telles que 60 % du salaire médian brut et 50 % du salaire moyen brut, et/ou des valeurs de référence indicatives utilisées au niveau national. «
Les chiffres pour 2022 montrent que de nombreux pays européens avaient des ratios inférieurs à ce niveau.
Ratio salaire minimum/salaire médian
Le rapport entre le salaire minimum et le salaire médian est un autre indicateur utile indiquant le statut des salariés au salaire minimum.
En 2022, le salaire minimum représentait moins de 50 % du salaire médian dans 10 pays de l’UE selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Il s’agissait notamment de l’Espagne, de la Hongrie, de l’Irlande, de la Croatie, de la Lituanie, des Pays-Bas, de la Tchéquie, de l’Estonie, de la Belgique et de la Lettonie.
Ce ratio était supérieur à 60 % dans seulement trois États membres : le Portugal (66,3 %), la Slovénie (61,7 %) et la France (60,9 %). La Turquie, pays candidat, a un ratio de 65,2% pour cet indicateur.
« Ces ratios peuvent être trompeurs lorsqu’ils sont interprétés de manière trop littérale », prévient l’Organisation internationale du travail (OIT), car les salaires minimums sont relativement élevés dans certains pays, en France par exemple.
Il est important d’ajuster régulièrement le salaire minimum
Le salaire minimum réel a chuté dans la plupart des États membres de l’UE lorsque l’inflation a atteint ses niveaux les plus élevés en 2022. L’OCDE appelle à des révisions régulières pour protéger le niveau de vie des travailleurs à bas salaire.
« Il est important que les salaires minimum légaux s’ajustent régulièrement », indique le rapport de l’OCDE intitulé « Le salaire minimum en période de hausse de l’inflation ».
La directive de l’UE vise à établir un cadre pour :
- adéquation du salaire minimum légal
- promouvoir la négociation collective sur la fixation des salaires ;
- améliorer l’accès effectif des travailleurs à leurs droits à la protection du salaire minimum.