La compagnie aérienne Mexicana a pris son envol en proposant des vols commerciaux entre différentes villes du pays.
La nouvelle compagnie aérienne militaire mexicaine a pris son envol cette semaine avec son premier vol commercial.
Avec un certain retard dû au mauvais temps, le vol inaugural de Mexicana a atterri mardi dans la station touristique de Tulum, sur la péninsule mexicaine du Yucatan, en provenance de Mexico.
Les opérations de la compagnie aérienne comprendront des vols intérieurs entre différentes villes mexicaines. L’entreprise n’est pas nouvelle : elle est en fait l’héritière de l’ancienne Compañía Mexicana de Aviación, fondée en 1921, qui a cessé ses activités en raison de problèmes financiers en 2010 après avoir été privatisée.
Ce qui est nouveau, c’est que la compagnie aérienne est désormais gérée directement par les forces armées du pays.
Pourquoi le Mexique a-t-il lancé une compagnie aérienne dirigée par l’armée ?
Mexicana est le dernier à rejoindre la liste croissante des services gérés par l’armée mexicaine.
Il s’agit d’une décision du président Andrés Manuel López Obrador, qui a confié aux militaires la gestion de nombreux aéroports, hôtels, trains, douanes du pays et même de parcs touristiques.
Le général Luís Cresencio Sandoval, secrétaire à la Défense du Mexique, a déclaré que le fait que toutes ces diverses entreprises soient gérées par l’armée était « courant dans les pays développés ».
Cependant, selon l’agence de presse AP, seuls quelques pays, comme Cuba, le Sri Lanka, l’Argentine et la Colombie, disposent de compagnies aériennes militaires. Il s’agit pour la plupart de petits transporteurs dotés d’une poignée d’avions à hélices qui opèrent principalement sur des routes intérieures mal desservies ou éloignées.
Mexicana proposera des vols abordables vers les zones touristiques
Ce n’est pas le cas de Mexicana, qui concurrencera les compagnies aériennes commerciales sur les vols intérieurs vers des destinations populaires comme Cancun, Puerto Vallarta, Los Cabos, Zihuatanejo, Acapulco et Mazatlan.
Elle prévoit également de desservir 16 petits aéroports régionaux qui disposent actuellement de peu ou pas de vols.
La compagnie aérienne espère être compétitive principalement sur le prix : les 425 premiers billets vendus coûtaient environ 92 dollars (83 euros) pour le vol Mexico-Tulum, qui, selon le gouvernement, est environ un tiers moins cher que les autres compagnies.
Les vols seront programmés tous les trois ou quatre jours, principalement le week-end. L’armée, qui n’a aucune expérience dans les vols commerciaux, a créé une filiale pour gérer Mexicana.
Le secrétaire à la Défense a déclaré que la compagnie aérienne avait commencé ses opérations avec trois avions Boeing et deux avions Embraer plus petits, et qu’elle espérait louer ou acquérir cinq avions supplémentaires début 2024.
Mexicana poursuit la militarisation des services publics et du tourisme
López Obrador a qualifié le décollage du premier Boeing 737-800 de Mexicana d’« événement historique » et de « nouvelle étape ».
Depuis son entrée en fonction en 2018, le président mexicain a durement critiqué les privatisations d’entreprises publiques réalisées par les gouvernements précédents.
Le président est connu pour sa nostalgie du passé, lorsque l’État dirigeait de grandes sociétés pétrolières, énergétiques, aériennes et de télécommunications.
Beaucoup de ces services étaient connus pour être inefficaces et souvent corrompus, en raison du contrôle politique. López Obrador a trouvé la solution à ce problème dans l’armée. Selon lui, les forces armées sont l’arme la plus incorruptible et la plus patriotique du gouvernement.
Côté tourisme, Mexicana devrait compléter les services offerts par le Train Maya, la ligne ferroviaire controversée en construction sur la péninsule du Yucatán.
Encore une fois, ce sont les militaires qui construisent une partie des infrastructures. Et ils y parviendront.
