The proposed directive could re-classify millions of gig workers across the EU as

Jean Delaunay

L’accord de l’UE visant à reclasser les travailleurs à la demande en « employés » s’effondre à la dernière minute

Un accord âprement disputé sur un projet de loi destiné à améliorer les conditions de millions de travailleurs à travers l’Union européenne s’est effondré de manière inattendue vendredi matin lors d’une réunion des ambassadeurs à Bruxelles.

En vertu de la directive, les travailleurs indépendants des plateformes numériques comme Uber et Deliveroo pourraient être reclassés comme employés formels, et donc avoir accès aux droits sociaux et du travail fondamentaux, s’ils répondent à deux des cinq indicateurs économiques.

Le changement de statut pourrait affecter jusqu’à 5,5 millions des 28 millions de travailleurs des plateformes actuellement actifs dans l’ensemble du bloc, selon les estimations de la Commission européenne.

L’accord provisoire sur la directive a été conclu la semaine dernière entre le Parlement européen et le Conseil, qui représente les États membres. L’Espagne, actuelle titulaire de la présidence tournante du Conseil, a été chargée de parler au nom des 26 autres pays.

Les ambassadeurs étaient alors simplement censés ratifier le texte issu des négociations. Mais lors de la réunion en coulisses de vendredi, une majorité de pays, qualifiés de « solides » par une source diplomatique, se sont fermement opposés à l’issue des négociations institutionnelles, rendant impossible leur progression.

La présomption légale d’une relation de travail (par opposition au travail indépendant) et la charge administrative ont été citées comme deux des raisons de l’opposition.

« Nous sommes parvenus à la conclusion que nous ne disposons pas de la majorité qualifiée nécessaire pour parvenir à un accord sur ce dossier important », a déclaré un porte-parole de la présidence espagnole, confirmant la nouvelle.

« Nous avons donc décidé de ne pas soumettre le texte au vote formel du COREPER (la réunion des ambassadeurs) aujourd’hui et de le transmettre à la prochaine présidence belge pour poursuivre les négociations, pour lesquelles nous leur souhaitons bonne chance. »

L’effondrement a eu lieu le dernier jour avant que Bruxelles ne s’arrête pour les vacances d’hiver, ce qui signifie qu’une nouvelle tentative pour amender le texte et rassembler les votes nécessaires ne devrait pas avoir lieu avant la mi-janvier, au plus tôt.

Si les changements réclamés par les pays rebelles sont trop importants, le Conseil sera contraint de rouvrir les négociations avec le Parlement, prolongeant ainsi le processus. Les colégislateurs n’ont que jusqu’en février pour conclure toutes leurs négociations en raison de la date butoir imposée par les prochaines élections européennes, prévues début juin.

La directive a été présentée par la Commission européenne en décembre 2021 et a immédiatement attiré l’attention des médias et déclenché une pression de lobbying de la part du secteur privé.

Un rapport publié l’année dernière par le Corporate Europe Observatory a révélé que des entreprises comme Uber, Deliveroo, Bolt et Wolt ont rapidement augmenté leurs dépenses à Bruxelles pour influencer la forme de la loi. Ces entreprises risquent de voir leurs coûts monter en flèche si les millions de travailleurs à la demande qui utilisent leurs plateformes sont reclassés comme « employés » et ont accès aux droits du travail et aux droits sociaux tels que le salaire minimum, la négociation collective, les limites de temps de travail, l’assurance maladie, l’assurance maladie. congés, allocations de chômage et pensions de vieillesse.

La directive, telle qu’approuvée par le Conseil et le Parlement, introduirait également des règles sur l’utilisation d’algorithmes pour la gestion des ressources humaines. Cela empêcherait également les plateformes de traiter certains types de données personnelles, notamment l’état émotionnel et psychologique des travailleurs à la demande, leurs conversations privées et leur activité syndicale.

Laisser un commentaire

trois × 2 =