Kinshasa a accueilli la Conférence sur le risque pays de la RDC pour la deuxième année consécutive afin de guider les investisseurs dans l’examen des forces et des faiblesses du pays. L’objectif est de diversifier l’économie en mettant l’accent sur les réformes et une plus grande transparence afin qu’elle devienne plus attractive à l’échelle internationale
La République démocratique du Congo a fait passer sa cote de crédit de 5,1 à 5,5 entre 2022 et 2023, selon l’agence de notation panafricaine champ fleuri. Le pays subsaharien a l’un des taux de croissance les plus élevés de la région.
La RDC a gagné 40 points de base en l’espace d’un an, ce qui contribue à améliorer le profil économique du pays.
La deuxième édition du Congolais Conférence Risque Pays a eu lieu à Kinshasa le 28 juin ; un événement conçu pour attirer plus d’investissements et faire de la RDC un succès durable.
« C’est un exercice endogène. La République démocratique du Congo le veut. C’est une opportunité de dialogue entre toutes les parties prenantes, en premier lieu le secteur privé », a déclaré Nicolas Kazadi, ministre des Finances de la RDC, à L’Observatoire de l’Europe.
La RDC continue de faire face à de réels défis, notamment des infrastructures inadéquates, des taxes arbitraires et l’insécurité dans l’est du pays.
Depuis 1996, six millions de personnes sont mortes dans l’est de la RDC, épicentre des tensions ethniques dans le pays et de la lutte pour les ressources naturelles vitales.
Un climat d’instabilité est une mauvaise nouvelle pour les investisseurs potentiels.
Ces dernières années, le gouvernement a accéléré les réformes et mis l’accent sur :
- performances macroéconomiques
- gestion responsable des finances publiques
- stabiliser le système financier
Ces trois facteurs sont nécessaires pour asseoir la crédibilité du pays, notamment aux yeux des investisseurs privés et pour que les questions sociales, la création d’emplois et la création de richesse ne soient pas reléguées dans un angle mort.
« De manière générale, je dirais que c’est une très bonne chose et que ce sont de très bonnes initiatives. Parce qu’on sent la volonté du gouvernement de faire ce qu’il faut », a déclaré Marie Chantal Kaninda, directrice générale de Glencore en RDC.
La transparence est la clé
Alors que la RDC dispose de vastes gisements miniers, elle cherche à diversifier son économie. Pour que les banques soutiennent ces ambitions de diversification et de croissance, elles doivent prôner une politique efficace et claire, comme Gancho Kipulu Baya, le Country Head of Rawbank explique : « Le défi majeur est celui de la transparence. Le défi de la traçabilité des produits exportés.
« Et nous, les banques, nous nous greffons sur ce marché, et nous avons aussi besoin du soutien de l’Etat, qui doit assurer cette transparence et cette traçabilité pour nous permettre d’assurer un financement adéquat ».
Grâce à une initiative turco-congolaise, une nouvelle place financière à Kinshasa sera inaugurée en décembre. Il s’inscrit dans cette nouvelle chaîne de valeur comprenant cinq tours et un centre de conférence de 90 000 m2 grâce à un investissement de plus de 300 millions de dollars américains (275 millions d’euros).
Il disposera de services interconnectés qui concentreront plusieurs opérations sur un même site pour optimiser les services du ministère du Budget et du ministère des Finances. Ces alliances public-privé façonnent la future architecture financière et urbaine de la capitale congolaise.
« Ça va être comme un hub financier. Aussi un hub gouvernemental de la RDC, au cœur du pays. Mais aussi, nous avons un projet d’aéroport de Kinshasa. Le projet d’aéroport de Kinshasa va être le hub de la région de l’Afrique centrale ; avec une capacité de huit millions de passagers et l’un des plus grands terminaux de fret du continent africain », a déclaré Turhan Mildon, président du conseil d’administration du géant de la construction MIvest.
« En plus de cela, je peux mentionner le projet Arena; une installation sportive que nous construisons ici. Nous faisons progresser les travailleurs congolais ici dans le pays. De plus, nous avons une académie, que nous avons établie ici, pour éduquer les Congolais. Donc ces investissements ajoutera de la valeur au pays, et ajoutera également de la valeur à l’environnement des affaires du pays ».
Mais des défis demeurent. Avec plus de 80 millions d’hectares de terres fertiles et des conditions favorables à une agriculture toute l’année, la production du pays est trop faible. Plus de 80 % des produits alimentaires de consommation sont importés.
Mais, Safia Ibrahim-Netter, la directrice du Agence Française de Développementla RDC a expliqué que l’optimisation de la politique agricole permettra à la RDC de se réaffirmer comme un géant sur la scène internationale.
« On n’aurait pas pu faire tout ça s’il n’y avait pas eu d’accord avec le FMI, et pour qu’il y ait un accord avec le FMI, des réformes devaient être mises en œuvre. Alors c’est comme ça que je vois la RDC : il ne se passe pas un jour sans qu’une entreprise française exprime son désir de venir ici ».