Les dirigeants de l'UE se réunissent à Bruxelles pour discuter de l'Ukraine, de la Chine et de la migration

Jean Delaunay

Les dirigeants de l’UE se réunissent à Bruxelles pour discuter de l’Ukraine, de la Chine et de la migration

Les dirigeants des 27 États membres se réunissent aujourd’hui à Bruxelles pour un sommet avec un ordre du jour chargé sur la table.

La réunion de deux jours du Conseil européen manque d’orientation thématique claire et abordera plutôt une variété de sujets, y compris le soutien militaire à l’Ukraine, la confiscation des avoirs russes gelés, les menaces économiques posées par la Chine et la dernière flambée de tensions entre Kosovo et Serbie.

La migration occupera également une place importante dans le débat, notamment dans le cadre de la coopération avec les pays voisins pour freiner l’arrivée de nouveaux demandeurs d’asile.

Au fil des discussions se profilera l’insurrection éphémère déclenchée ce week-end par Evgueni Prigojine et ses troupes mercenaires du groupe Wagner, un moment extraordinaire de défi contre la poigne de fer de Vladimir Poutine que les gouvernements européens tentent encore de comprendre.

« La guerre de la Russie en Ukraine se poursuit sans relâche. Notre unité inébranlable contraste avec la désunion en Russie mise en évidence par les événements de ce week-end », a écrit Charles Michel, président du Conseil européen. son invitation aux dirigeants.

Le sommet débutera jeudi après-midi et sera précédé d’un déjeuner avec le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg.

Les pourparlers autour de l’Ukraine devraient être multiformes et complexes.

Les dirigeants de l’UE discuteront d’une nouvelle proposition de 50 milliards d’euros visant à fournir à Kiev un soutien financier à long terme, un ensemble d’aides militaires de 500 millions d’euros qui reste bloqué par la Hongrieles progrès réalisés dans le processus d’adhésionet la possibilité d’apporter des garanties de sécurité à long terme à l’Ukraine, même si ce dernier point ne sera véritablement étoffé qu’au sommet de l’OTAN à la mi-juillet.

La question encore non résolue de savoir comment utiliser les actifs gelés de la Banque centrale russe pour payer la reconstruction de la nation déchirée par la guerre devrait également émerger au cours du long débat.

S’exprimant sous couvert d’anonymat, les diplomates affirment qu’il existe une volonté politique autour de la table d’aller de l’avant avec le projet de gestion des actifs et de réorientation des bénéfices vers l’Ukraine, mais qu’il y a encore trop d’embûches juridiques en cours de route.

Pour compliquer les choses, la Banque centrale européenne s’est inquiétée des effets potentiellement néfastes que cette décision non testée pourrait avoir sur la stabilité financière et le rôle de l’euro en tant que monnaie de réserve mondiale.

« C’est extrêmement compliqué, cela n’a jamais été fait auparavant », a déclaré un haut diplomate. « Nous sentons tous personnellement que nous voulons le faire, mais cela doit être faisable. »

Sur la Chine, la discussion devrait s’articuler autour la stratégie de sécurité économique présenté récemment par la Commission européenne, le premier du genre.

La stratégie, qui ne mentionne pas la Chine nommément mais s’inspire évidemment des relations tendues entre le bloc et la superpuissance asiatique, recommande une plus grande surveillance des exportations de technologies de pointe qui pourraient « renforcer les capacités militaires de certains pays préoccupants ».

Bien qu’il ne soit pas aussi belliqueux que le discours marquant remis par Ursula von der Leyen fin mars, le document s’appuie sur son idée de « réduction des risques » comme approche incontournable pour traiter avec Pékin, un concept approuvé plus tard par le Groupe des Sept.

« Les Européens veulent coopérer et s’engager avec la Chine, mais ils le feront désormais avec une vision claire qui n’est plus naïve », a déclaré un autre diplomate. « (Nous ne sommes) plus dans l’illusion que la Chine va, en fait, devenir une économie de marché, que la Chine a des pratiques de coopération et de concurrence équitables. »

En ce qui concerne la migration, les dirigeants se concentreront sur la soi-disant « dimension externe », un langage codé pour approfondir la coopération avec les pays non membres de l’UE afin d’empêcher les migrants d’atteindre les côtes du bloc.

Plus tôt ce mois-ci, la Commission européenne a donné son feu vert à un paquet de 100 millions d’euros pour la Tunisie pour améliorer la gestion des frontières, qui sera suivi d’un protocole d’accord la semaine prochaine.

Mais ce que signifie exactement le renforcement de la « dimension extérieure » est encore en suspens.

Un petit groupe de pays, qui comprendrait, entre autres, l’Autriche et le Danemark, pousse à explorer des « solutions innovantes » pour diminuer le nombre d’arrivées, un terme que d’autres États membres interprètent comme des mesures qui seraient en pratique incompatibles, ou à la limite incompatible avec le droit international.

Le sommet a lieu deux semaines après un bateau transportant entre 400 et 750 migrants a chaviré près de Pylos, dans le sud de la Grèce, dans ce qui est considéré comme l’un des pires naufrages de l’histoire récente de la Méditerranée.

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