Les rues de Slovaquie ont de nouveau été le théâtre de manifestations mardi, avec des milliers de personnes mobilisées dans les grandes villes pour s’opposer aux projets du nouveau gouvernement populiste du Premier ministre Robert Fico visant à modifier le code pénal du pays.
Les changements envisagés, qui nécessiteront l’approbation du Parlement et du président avant de devenir loi, incluent une proposition visant à abolir le bureau du procureur spécial, chargé de traiter les crimes graves tels que la corruption, le crime organisé et l’extrémisme.
Selon les plans, à partir de la mi-janvier, ces affaires seront confiées aux procureurs des bureaux régionaux, qui n’ont pas traité de tels crimes depuis 20 ans.
Michal Simecka, chef du parti d’opposition libéral slovaque, a déclaré que les changements « entraîneraient une amnistie pour la mafia et les personnes corrompues ».
« Nous devons leur montrer que nous défendrons la justice », a-t-il ajouté.
La Commission européenne a appelé à une « analyse minutieuse et approfondie » de la réforme qui, de par sa nature même, « est de grande envergure et touche à de nombreux droits de l’UE ».
Les médias locaux ont confirmé lundi que le gouvernement de coalition composé de populistes de gauche et d’ultranationalistes avait reporté son projet d’introduire les changements controversés par procédure d’urgence avant Noël, le calendrier étant désormais reporté à la nouvelle année.
Mais ce retard n’a pas empêché les manifestants de se rassembler en nombre mardi, environ 15 000 personnes manifestant dans la capitale du pays, Bratislava, où la foule a été entendue à plusieurs reprises scander : « Nous en avons assez de Fico ».
Depuis que le gouvernement de Fico est arrivé au pouvoir plus tôt cette année, certains enquêteurs d’élite et responsables de la police chargés des principales affaires de corruption ont été licenciés ou mis au chômage technique.
Le parquet spécial que le gouvernement propose de supprimer traite actuellement plusieurs affaires de corruption majeures impliquant des hommes politiques du parti Smer de Fico, comme l’ancien chef de la police Tibor Gaspar et le vice-président du parlement Peter Ziga, ainsi que le gouverneur de la banque centrale Peter Kazimir et l’ancien chef des services de renseignement.
Les changements prévus dans le système juridique comprennent également une réduction des sanctions en cas de corruption.
Fico est revenu au pouvoir pour la quatrième fois en septembre, après que son parti de gauche a remporté les élections législatives slovaques sur un programme pro-russe et anti-américain.
Ses détracteurs craignent que son retour ne conduise la Slovaquie à abandonner sa voie pro-occidentale et à suivre plutôt la direction de la Hongrie sous Viktor Orbán.
Les manifestations se sont intensifiées depuis le 7 décembre, date à laquelle les gens sont descendus pour la première fois dans les rues de Bratislava.
Les organisateurs ont indiqué mardi que des rassemblements avaient eu lieu à Kosice, Presov, Poprad, Banska Bystrica, Zilina, Nitra, Trnava, Trencin, Spisska Nova Ves, Liptovsky Mikulas et Povazska Bystrica.