Un envoyé urbain de l’UE placé au centre unirait les politiques et initiatives disparates de l’UE qui ont actuellement un impact sur les villes et les zones urbaines en une seule mélodie, écrit Burkhard Jung.
À Leipzig, ville aux échos de Bach et de Mendelssohn, on comprend le pouvoir de l’harmonie.
Tout comme une symphonie a besoin de tous les instruments pour contribuer à son exécution, l’Union européenne a besoin de ses villes pour orchestrer un avenir durable, inclusif et dynamique.
Au cours de mes 17 années en tant que maire, un crescendo de crises a secoué l’UE – de l’urgence climatique et de la crise énergétique aux bouleversements économiques, aux pandémies et à la guerre.
Dans le même temps, le respect de l’État de droit, des droits fondamentaux et des valeurs démocratiques a été érodé dans certaines parties du bloc.
À l’approche des élections européennes de l’année prochaine et de tant de troubles dans le monde, nous devons renforcer le message selon lequel une meilleure Europe commence dans les villes.
Nous gouvernons là où vit 75 % de la population européenne
Alors que de nombreux dirigeants nationaux, tout au long de cette période, ont profité de l’occasion pour faire de l’UE un bouc émissaire pour leurs propres défauts, les dirigeants des villes ont longtemps promu et inspiré le projet européen.
C’est en effet à Leipzig que Schiller a écrit son « Ode à la joie », le poème qui a inspiré ce qui deviendra plus tard l’hymne de l’Union européenne.
Parallèlement, nous ne sommes que trop conscients de la souffrance réelle des personnes pour qui la précarité économique et la marginalisation sociale sont devenues la « nouvelle normalité ».
Les notes discordantes de polarisation politique que cela a engendrées et la montée particulièrement inquiétante de l’extrême droite sapent le tissu social européen et nos communautés.
Les dirigeants des villes sont les principaux présidents de l’ensemble européen. Nous gouvernons les lieux où vit 75 % de la population européenne et les lieux où les politiques économiques, sociales et durables se répercutent sur les zones périurbaines et rurales avec lesquelles nous entretenons des liens étroits.
Nous n’avons jamais tardé à agir, que ce soit pour protéger nos propres populations des effets néfastes du coût de la vie, des crises énergétiques et sanitaires, ou pour soutenir nos alliés en Ukraine et au-delà.
Nous avons besoin d’une UE robuste travaillant en tandem avec les villes
L’idéal de l’Europe est un lieu où la liberté d’expression, la tolérance, la diversité et la prospérité font partie du rythme de vie quotidien. C’est cette Europe que nous nous engageons à construire dans nos villes.
Mais nous avons besoin d’institutions européennes qui, comme nous, peuvent soutenir ces idéaux par des politiques et des actions.
Nous avons besoin d’une Union européenne plus solide, qui tire pleinement parti du lien direct que les gouvernements locaux peuvent offrir avec les expériences vécues des citoyens.
C’est pourquoi moi-même et les 200 maires des grandes villes européennes représentés par le réseau Eurocities appelons à un commun accord en faveur d’une Union européenne forte, plus proche des citoyens et en tandem avec les villes.
A quoi sert l’Europe sinon à ses citoyens ? L’agenda social européen, inscrit dans le socle européen des droits sociaux, est une priorité essentielle pour les villes.
Ce programme et sa mise en œuvre doivent être actualisés pour faire face à un monde confronté à crise après crise.
Les villes ont besoin d’une collaboration bien conçue avec les autres niveaux de gouvernement pour garantir que les droits sociaux des citoyens soient au centre de toutes les politiques – qu’il s’agisse de logements sociaux et abordables, d’emplois et de compétences pour la transition numérique verte, de sécurité et d’inclusion, ou de santé et bien-être. — le rôle des villes doit être fortement articulé au niveau de l’UE.
Les villes ont devancé les États membres avec des objectifs climatiques ambitieux, étant entendu que l’UE fournirait un soutien politique concret et un cadre de mise en œuvre.
Nous avons désormais besoin de politiques et de financements pour mettre en œuvre des transports durables, des bâtiments économes en énergie, une économie circulaire, des systèmes alimentaires durables et l’adoption généralisée des énergies renouvelables.
L’Europe doit s’engager à réduire ses émissions nettes de 90 % d’ici 2040 et à prendre des mesures d’adaptation pour renforcer sa résilience face aux effets du changement climatique, comme la chaleur et le froid extrêmes qui frappent nos habitants.
Un envoyé urbain de l’UE unirait toutes les politiques en une seule mélodie
La rhapsodie des technologies émergentes nouvelles et plus puissantes est très prometteuse. Mais ils doivent être mis au service des citoyens grâce à un cadre solide pour les droits de l’homme numériques ainsi qu’à un outil européen commun que les villes peuvent utiliser pour mesurer et faire respecter ces droits.
L’impact de la technologie sur notre empreinte carbone doit également être mieux reconnu et aligné de toute urgence sur les objectifs de neutralité d’ici 2050, depuis les matières premières utilisées pour le matériel jusqu’aux émissions liées à l’utilisation des logiciels.
Alors que les villes doivent être les conductrices du changement nécessaire à une Europe résiliente et durable, l’UE doit investir dans le renforcement de nos capacités techniques et administratives, à la fois par un meilleur accès direct aux financements de l’UE, par une décentralisation fiscale et par une plus grande flexibilité et des incitations pour les services publics locaux à long terme. investissement.
Il va de soi qu’en tant que fervents défenseurs de la politique européenne, les villes doivent disposer d’un cadre de dialogue direct et régulier avec les institutions européennes.
Un envoyé urbain placé au centre unirait les politiques et initiatives disparates de l’UE qui ont actuellement un impact sur les villes et les zones urbaines en une seule mélodie.
Nous ne pouvons pas nous permettre que des inefficacités structurelles continuent de faire obstacle à ce qui doit être un dialogue ouvert et cohérent, notamment par le biais de réunions régulières avec le président de la Commission européenne, le président du Parlement européen et les présidences de l’UE.
Nous savons qu’une meilleure Europe commence dans les villes. Pour y arriver, nous devons tous jouer à partir d’une partition de chanson commune.