Ces dernières semaines, les rendements des obligations souveraines de la zone euro ont connu une tendance à la baisse significative, propulsée par l’anticipation croissante du marché concernant les prochaines baisses de taux de la Banque centrale européenne (BCE) en 2024.
Le rendement des obligations allemandes à 10 ans est tombé en dessous de 2,2 % cette semaine, marquant son point le plus bas depuis mai 2023. Cette baisse substantielle fait suite à sa précédente hausse à 3 %, un sommet sur plusieurs décennies observé en septembre.
De tels mouvements de rendement ont également été observés dans d’autres pays, comme l’explore L’Observatoire de l’Europe Business.
En France, les rendements à 10 ans ont atteint 2,73 %, leur plus bas niveau depuis avril 2023, tandis que le rendement du BTP italien est descendu en dessous de 4 %, en baisse notable par rapport à sa précédente position de plus de 5 % en octobre.
Cette tendance se reflète également dans les rendements à plus court terme, qui tendent à réagir davantage aux attentes en matière de taux d’intérêt. Par exemple, le rendement à 2 ans allemand est passé de 3,30 % à la mi-octobre à 2,60 %. De même, le rendement des obligations italiennes à 2 ans a connu une baisse de 100 points de base à 3,20 % au cours de la même période, tandis que le rendement des obligations françaises à 2 ans est passé de 3,50 % à 2,70 %.
Alors que les pressions inflationnistes dans la zone euro continuent de s’atténuer – avec un taux d’inflation annuel de novembre à 2,4 %, le plus bas depuis juillet 2021 et bien en deçà des attentes de 2,7 % – et que les données des ventes au détail d’octobre indiquent un ralentissement, le marché parie de manière préventive sur un changement significatif dans la politique monétaire de la BCE en 2024.
Il y a seulement deux mois, les marchés monétaires prévoyaient une réduction de 60 points de base des taux d’intérêt de la BCE pour 2024, ce qui équivaut à deux baisses de 25 points de base pleinement intégrées. Cependant, le paysage a connu une transformation significative, les marchés anticipant actuellement une première baisse des taux dès mars.
Ils prévoient désormais une réduction totale de 144 points de base d’ici décembre 2024, cinq réductions cumulées étant déjà intégrées dans leurs prévisions.
Les faucons perdent de leur influence à Francfort
Même les voix les plus bellicistes au sein du conseil d’administration de la BCE semblent désormais moins convaincues que la politique monétaire doit rester restrictive plus longtemps. Isabel Schnabel, membre du conseil d’administration de la Banque centrale européenne et l’un des faucons du conseil d’administration, a récemment déclaré que de nouvelles hausses de taux étaient « plutôt improbables » après les dernières données sur l’inflation, signalant une position plus douce à venir.
Un autre faucon bien connu, Joachim Nagel, président de la Deutsche Bundesbank, reconnaît également des tendances encourageantes en matière d’inflation, mais met en garde contre un optimisme excessif concernant les baisses de taux en 2024.
Carsten Brzeski, responsable mondial de la recherche macro chez ING, estime que malgré le virage progressif de la BCE vers une attitude accommodante, il existe toujours un risque que la banque sous-estime le rythme de la désinflation, de la même manière qu’elle a sous-estimé la force et la vitesse de la flambée de l’inflation en 2021 et 2022. .
Goldman Sachs, dans une note récente, suggère qu’il faudra peut-être anticiper des baisses de taux, car la politique budgétaire devient plus restrictive et freine l’activité économique en 2024. La banque d’investissement américaine a souligné que l’Allemagne devra procéder à des ajustements budgétaires après une Un arrêt de la Cour constitutionnelle a jugé inconstitutionnel un transfert de 60 milliards d’euros vers le Fonds pour le climat et la transformation (KTF).
Réunion de la BCE la semaine prochaine : à quoi s’attendre ?
La BCE doit se réunir jeudi 14 décembre et il est fort probable que les taux d’intérêt sur les principales opérations de refinancement et sur la facilité de prêt marginal, ainsi que sur la facilité de dépôt, resteront inchangés à 4,50%, 4,75% et 4,00. %, respectivement.
La présidente Lagarde reconnaîtra probablement les récents chiffres favorables de l’inflation tout en réitérant l’engagement de la BCE en faveur d’une approche dépendante des données.
Les observateurs du marché examineront de près les projections économiques trimestrielles de la Banque centrale européenne pour obtenir un aperçu des perspectives en matière de politique monétaire.
En septembre, les projections macroéconomiques des services de la BCE prévoyaient une inflation moyenne de 5,6 % en 2023, 3,2 % en 2024 et 2,1 % en 2025. Hors énergie et alimentation, l’inflation sous-jacente était estimée à 5,1 % en 2023, 2,9 % en 2024. , et 2,2 % en 2025. Il est probable que les estimations pour 2024 et 2025 soient révisées à la baisse pour les deux mesures d’inflation, compte tenu des récentes tendances favorables.
En termes de croissance économique, la BCE prévoyait en septembre que l’économie de la zone euro connaîtrait une croissance de 0,7 % en 2023, de 1,0 % en 2024 et de 1,5 % en 2025.
Des révisions à la baisse pour 2024 et 2025 pourraient encore renforcer les attentes du marché concernant de multiples baisses de taux en 2024, exerçant une pression baissière supplémentaire sur les rendements des obligations souveraines de la zone euro.