L'avenir de la pharmacie ?  L’IA change la donne pour le développement de médicaments

Jean Delaunay

L’avenir de la pharmacie ? L’IA change la donne pour le développement de médicaments

Les startups de biotechnologie utilisent l’IA pour accélérer la découverte de médicaments, révolutionnant ainsi le secteur pharmaceutique. Iktos vise à réduire de moitié le temps de découverte préclinique de médicaments.

L’industrie pharmaceutique adopte l’intelligence artificielle (IA) avec une augmentation du nombre de startups et d’entreprises de biotechnologie dont les projets promettent de révolutionner le développement de médicaments.

« Dans cinq ans, toutes les petites molécules auront été découvertes grâce aux méthodes d’IA générative », estime Yann Gaston-Mathé, PDG de la startup Iktos.

Créée en 2016, la startup d’une soixantaine de salariés en région parisienne utilise l’IA pour concevoir des médicaments contre le cancer.

Iktos vise à « réduire de moitié le temps nécessaire pour découvrir un candidat-médicament préclinique », qui n’a pas été testé chez l’homme, selon Quentin Perron, son directeur de la stratégie.

Le temps est un enjeu stratégique pour l’industrie pharmaceutique.

« Il faut deux fois plus de temps pour développer un médicament que pour construire un avion », a déclaré un haut cadre de l’industrie pharmaceutique française.

Le développement d’un médicament, par exemple, implique l’identification de composés chimiques dotés de caractéristiques capables d’obtenir l’effet thérapeutique souhaité.

« C’est comme chercher une solution dans un espace chimique quasiment infini puisqu’on considère que le nombre de molécules pouvant être synthétisées est de l’ordre de 10 puissance 60, soit presque le nombre d’atomes de l’univers », a déclaré Gaston. -Mathe.

La phase de découverte du médicament précède la phase de développement clinique au cours de laquelle le candidat médicament est testé chez l’homme.

Il vise à identifier des médicaments potentiellement prometteurs qui peuvent être développés davantage. Cette phase dure jusqu’à cinq ans et nécessite un investissement moyen de près de 100 millions de dollars (92,5 millions d’euros) par candidat-médicament.

« L’équivalent d’environ 30 chimistes dans un laboratoire »

Traditionnellement, le chimiste médicinal crée le composé et le teste en laboratoire, mais l’IA pourrait changer le processus.

Bien qu’il n’existe actuellement aucune statistique permettant de comparer les méthodes traditionnelles avec celles mises en œuvre avec l’IA générative, les grandes sociétés pharmaceutiques collaborent avec des biotechnologies et des startups axées sur cette technologie.

Parmi les plus reconnues figurent la biotech britannique Excensitia, les sociétés américaines Schödinger et Atomwise, Insilico Medicine basée à Hong Kong, et BenevolentAI enregistrée à Amsterdam.

Sanofi s’est récemment associé à la startup française Aqemia dans la découverte de médicaments grâce à l’IA.

Iktos espère bientôt rejoindre le rang des acteurs majeurs, avec, au cœur de sa stratégie, des solutions d’IA intégrées dans un robot.

Le premier système d’IA est comme un cerveau qui se nourrit de données biologiques pour créer une molécule qui « coche toutes les cases » : efficace à la dose la plus faible possible, sûre, stable, brevetable et synthétisée.

« Cela prend quelques heures », a déclaré Perron.

Ensuite, une autre IA intervient et peut fournir la recette pour « passer à de vraies poudres » en quelques secondes en s’appuyant sur des millions de publications sur les réactions chimiques et les données de brevets.

Le robot se transforme ensuite en outil de production, capable de synthétiser 96 composés à la fois.

Le processus peut être répété à l’infini pour trouver des composés encore plus prometteurs.

Il s’agit encore d’une opération à petite échelle mais « équivalente à environ 30 chimistes en laboratoire », a expliqué M. Perron, estimant que cette phase initiale de développement « prend entre un et deux mois pour produire 100 molécules en parallèle » dans le robot, alors qu’il faut  » entre deux et trois mois » dans un laboratoire traditionnel.

C’est un temps gagné qui permet au chimiste médicinal « de se concentrer sur des tâches à valeur ajoutée, de lire la littérature spécialisée, de voir ce que fait la concurrence au lieu de nettoyer la paillasse, de balayer le laboratoire ou de chercher où se procurer le produit », estime l’expert. .

Il faudra cependant un peu plus de temps pour voir émerger des médicaments issus de l’IA, sachant que, selon le Syndicat des entreprises pharmaceutiques (Leem), il faut plus de 10 ans pour développer un médicament et que sur 10 candidats médicaments, seulement on réussit à être commercialisé.

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