Le monde est en passe de dépasser régulièrement 1,5°C d’ici sept ans, selon le budget carbone mondial

Milos Schmidt

Le monde est en passe de dépasser régulièrement 1,5°C d’ici sept ans, selon le budget carbone mondial

Les incendies de forêt au Canada ont contribué à un niveau record d’émissions de combustibles fossiles en 2023, selon le nouveau rapport.

Il ne nous reste que sept années de budget carbone avant que la température mondiale dépasse 1,5°C, selon un nouveau rapport majeur.

Le budget carbone mondial annuel coupe ce que Greta Thunberg appelle le « bla bla bla » des COP. Essentiellement, cela donne un aperçu qui donne à réfléchir sur ce que les humains peuvent encore faire avec les combustibles fossiles sans déclencher un changement climatique incontrôlable.

Les émissions mondiales de carbone provenant du pétrole, du gaz et du charbon ont encore augmenté cette année – en hausse de 1,1 % par rapport aux niveaux de 2022 pour atteindre environ 36,8 milliards de tonnes.

Si la pollution continue sur cette voie, les scientifiques de l’équipe du Global Carbon Project estiment qu’il y a 50 % de chances que le réchauffement climatique dépasse régulièrement 1,5°C dans environ sept ans.

« Les impacts du changement climatique sont évidents partout autour de nous, mais les mesures visant à réduire les émissions de carbone provenant des combustibles fossiles restent terriblement lentes », déclare le professeur Pierre Friedlingstein, ancien auteur principal du GIEC, qui a dirigé l’étude.

« Il semble désormais inévitable que nous dépassions l’objectif de 1,5°C de l’Accord de Paris, et les dirigeants réunis à la COP28 devront accepter des réductions rapides des émissions de combustibles fossiles, même pour maintenir l’objectif de 2°C », ajoute le professeur, qui travaille au Global Systems Institute d’Exeter.

Qu’arrive-t-il au carbone produit par le monde ?

Si l’on tient compte du changement d’affectation des terres ainsi que de l’utilisation de combustibles fossiles, les émissions mondiales totales de CO2 sont estimées à 40,9 milliards de tonnes en 2023.

Même si les émissions dues à la déforestation, par exemple, devraient légèrement diminuer, elles restent trop élevées pour être compensées par le rythme actuel de replantation de nouvelles forêts.

L’histoire du carbone en 2023 s’inscrit dans une tendance plus large et inquiétante : un « plateau » d’émissions sur 10 ans qui, selon les scientifiques, est loin de la forte réduction nécessaire de toute urgence pour atteindre les objectifs climatiques.

Mais pour ceux qui sont en première ligne du changement climatique, cela a été 12 mois de crises distinctes – un avertissement de ce qui nous attend à l’approche du seuil de 1,5°C. Cette année, les émissions mondiales de CO2 provenant des incendies ont été supérieures à la moyenne, en partie à cause d’une saison d’incendies de forêt extrême au Canada.

Environ la moitié de tout le CO2 émis continue d’être absorbée par les « puits » terrestres et océaniques, le reste restant dans l’atmosphère où il provoque le changement climatique.

Ces puits naturels sont de loin notre outil le plus efficace pour lutter contre les émissions rejetées. L’élimination du dioxyde de carbone basée sur la technologie comme le CSC ne représente encore qu’environ 0,01 million de tonnes de CO2, note le rapport.

C’est plus d’un million de fois inférieur aux émissions actuelles de CO2 fossile.

Où libère-t-il le plus de carbone ?

Réalisé par une équipe internationale de plus de 120 scientifiques, le rapport Global Carbon Budget 2023 dresse un tableau mitigé de la pollution dans le monde.

Il montre que les émissions de CO2 fossile diminuent dans certaines régions, dont l’Europe, mais augmentent globalement.

Cette année, les émissions devraient augmenter en Inde (8,2 pour cent) et en Chine (4 pour cent), et diminuer dans l’UE (-7,4 pour cent) et aux États-Unis (-3 pour cent).

Les progrès de l’Europe sont en grande partie dus à une baisse de la consommation de charbon et de gaz fossile. Les auteurs attribuent cela à une augmentation de la capacité des énergies renouvelables ainsi qu’aux effets persistants de la crise énergétique, les prix élevés de l’énergie et d’autres facteurs inflationnistes entraînant une baisse de la demande énergétique.

Les émissions de CO2 fossile en Inde sont désormais supérieures à celles de l’UE, les émissions de charbon, de pétrole, de gaz et de ciment dans ce pays d’Asie du Sud ayant toutes augmenté cette année. Du point de vue de l’industrie, le rapport note également que les émissions de l’aviation et du transport maritime internationaux devraient augmenter de 11,9 % en 2023.

« Les dernières données sur le CO2 montrent que les efforts actuels ne sont pas suffisamment profonds ou généralisés pour placer les émissions mondiales sur une trajectoire descendante vers le zéro net, mais certaines tendances en matière d’émissions commencent à bouger, montrant que les politiques climatiques peuvent être efficaces », professeur Corinne Le Quéré, Commentaires du professeur de recherche de la Royal Society à l’École des sciences de l’environnement de l’UEA.

« Au niveau actuel, les émissions mondiales augmentent rapidement la concentration de CO2 dans notre atmosphère, provoquant un changement climatique supplémentaire et des impacts de plus en plus graves et croissants. »

Le message adressé aux dirigeants de la COP28 est clair : « Tous les pays doivent décarboner leurs économies plus rapidement qu’ils ne le font actuellement pour éviter les pires impacts du changement climatique », ajoute-t-elle.

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