Le changement climatique pèse de plus en plus lourdement sur les forêts européennes. Les données satellitaires pourraient aider à les sauver.
Un système de surveillance des forêts utilisant des satellites pour suivre les menaces telles que les incendies de forêt provoqués par le changement climatique et l’exploitation forestière illégale pourrait bientôt être mis en œuvre dans l’UE.
Le changement climatique pèse de plus en plus lourdement sur les forêts européennes, car les chaleurs extrêmes et les sécheresses augmentent le risque d’incendies de forêt meurtriers.
Près de 900 000 hectares de terres européennes ont été brûlées par des incendies de forêt l’année dernière, soit une superficie équivalente à celle de la Corse, selon un rapport publié mercredi par la Commission européenne.
Cela en fait la deuxième pire année depuis le début de la surveillance via le Système européen d’information sur les incendies de forêt (EFFIS) en 2000. En 2017, 1,3 million d’hectares de terres ont été brûlés.
La dégradation des forêts européennes est source de problèmes, car leur capacité de stockage de CO2 est nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques et protéger les zones environnantes des inondations.
Comment fonctionnerait le système de surveillance des forêts ?
Mercredi, la Commission a proposé une loi qui permettrait à Bruxelles de collecter des données forestières provenant des satellites européens Copernicus Sentinel.
Les États membres de l’UE seraient également obligés de recueillir des mesures sur le terrain des tendances, notamment les zones disponibles pour l’exploitation forestière, le volume des arbres et l’emplacement des forêts anciennes.
« Nous devons observer les tendances, mieux prévoir, nous devons voir comment elles réagissent au changement climatique », a déclaré le commissaire européen à l’environnement, Virginijus Sinkevicius.
« À l’heure actuelle, il n’existe aucune exigence de surveillance globale pour fournir une image globale de l’état de nos forêts », ajoute-t-il.
Près de la moitié (43 %) des terres brûlées l’année dernière ont eu un impact sur les sites Natura 2000, un réseau de zones protégées couvrant les espèces et habitats les plus précieux et les plus menacés d’Europe. C’est le plus élevé depuis une décennie, selon le rapport.
Le changement climatique est-il responsable de l’aggravation des incendies de forêt en Europe ?
La plupart des incendies de 2022 (96 %) ont été provoqués par des actions humaines, mais ils ont été aggravés par l’augmentation du risque d’incendie due au changement climatique, selon le rapport.
Les pays de l’UE prennent des mesures de prévention et améliorent leur préparation à l’aggravation des incendies de forêt. Mais les méthodes traditionnelles de lutte contre les incendies ont du mal à faire face à la température, à l’intensité et à la vitesse élevées des incendies.
Alors que les températures continuent d’augmenter et que les sécheresses deviennent plus fréquentes et plus graves, les incendies de forêt pourraient continuer de s’aggraver dans toute l’Europe.
La plupart des incendies de forêt se produisent dans des zones urbaines situées à l’intérieur ou à proximité de végétation sauvage. Le rapport appelle à des mesures de prévention généralisées prenant en compte ces communautés et acteurs ruraux en contact direct avec les espaces naturels.
Comment se compare l’année 2023 aux incendies de forêt en Europe ?
Des incendies de forêt sans précédent se sont poursuivis jusqu’en 2023, causant des dommages environnementaux dévastateurs et des pertes de vies humaines.
Jusqu’à présent cette année, les incendies ont brûlé environ 500 000 ha de terres naturelles dans l’UE. Le plus grand incendie de forêt enregistré dans l’UE – avec plus de 96 000 ha brûlés à Alexandroupolis, en Grèce – est inclus dans ce chiffre.
Le Portugal, l’Espagne, l’Italie et la Grèce ont également été confrontés à d’importants incendies de forêt en 2023, ainsi que de nombreux autres pays dans le monde.
La fréquence et l’intensité élevées des incendies de forêt en été ont mis à rude épreuve les pompiers, confrontés à des conditions difficiles et dangereuses.
Les données satellitaires pourraient également contribuer à lutter contre l’exploitation forestière illégale
Les nouvelles données aideront également à suivre d’autres risques, comme l’exploitation forestière illégale, au-delà des frontières nationales, explique Sinkevicius.
L’UE s’est heurtée à des pays, dont la Pologne, sur cette question. La Cour de justice européenne a statué en mars que la politique polonaise autorisant l’exploitation forestière pendant les saisons de reproduction des oiseaux violait la législation européenne en matière d’environnement. Le tribunal s’est également prononcé en 2018 contre l’autorisation accordée par Varsovie d’exploiter l’ancienne forêt de Bialowieza.
Le groupe de campagne Fern a salué la proposition de l’UE comme « une opportunité potentiellement en or » pour fournir les données nécessaires à la protection des forêts européennes. Toutefois, le groupe estime que la loi devrait aller plus loin et obliger les pays de l’UE à prendre des mesures pour améliorer la santé des forêts.
Bruxelles affirme que les données forestières actuellement fournies par les États membres présentent des lacunes et souvent de longs retards, ce qui entrave leur capacité à se préparer aux aléas climatiques.