Les néobanques vertes, nouveau modèle de banque en ligne, s’adressent à une clientèle éco-responsable pour peser sur la lutte contre le changement climatique. Peuvent-ils vraiment faire une différence ?
Green-Got et Helios sont deux néobanques françaises créées en 2020 qui partagent des objectifs similaires : retirer des parts de marché aux banques traditionnelles qui participent à l’exploitation des énergies fossiles.
Entre janvier 2016 et juin 2023, les banques françaises ont participé à plus de la moitié des émissions obligataires mondiales de l’industrie fossile dans le monde, selon une enquête d’un consortium de journalistes publiée en septembre 2023.
Dans de telles opérations, les banques ne prêtent pas directement de l’argent, mais conseillent les compagnies pétrolières sur la manière d’obtenir des prêts auprès d’investisseurs privés.
Financer les investissements verts
Les fondateurs de Green-Got insistent sur le fait que les actifs liquides déposés sur leurs comptes courants génèrent moins d’émissions qu’avec une banque traditionnelle.
« Un euro produit quatre fois moins d’émissions de carbone qu’un euro émis par une grande banque française », a déclaré à l’AFP Maud Caillaux, cofondatrice de Green-Got. Selon elle, les projets de la néobanque « reposent toujours sur le même fondement : réduire les émissions de gaz carbonique et préserver la biodiversité ».
Certains de leurs projets récents incluent la plantation d’arbres dans une forêt en Bretagne à la suite des incendies de forêt en 2022 et une centrale solaire en Inde.
Caillaux a indiqué qu’elle souhaiterait commencer à proposer des comptes d’épargne à ses clients, l’offre de Green-Got ne comprenant pour l’instant que de l’assurance-vie, des comptes professionnels et des comptes joints.
En revanche, Helios a choisi de ne pas proposer cette option. « Il est assorti de règles et n’est pas géré à 100% par la banque qui l’émet », explique à l’AFP Maeva Courtois, co-directrice d’Helios.
Une loi de novembre 2023 autorise les comptes d’épargne français à financer l’industrie de défense.
Trop petit pour faire une différence significative ?
Les néobanques françaises ont financé des projets pour un montant total de 6 millions d’euros depuis 2020. Mais 6 millions d’euros sur trois ans, ce n’est pas grand-chose dans la lutte contre le changement climatique.
Dans un rapport publié plus tôt cette année, l’économiste Jean Pisani-Ferry et la contrôleure financière Selma Mahfou estiment qu’environ 2 % du PIB de toute entité est nécessaire pour réussir à financer la transition verte.
Cela représente 60 à 70 milliards d’euros par an rien que pour la France.
Cependant, les néobanques vertes sont plutôt nouvelles dans le paysage financier, et ont le temps de se développer et d’attirer une clientèle plus large. Par exemple, Green-Got affirme déjà avoir rassemblé 62 000 clients et traité 327 millions d’euros de transactions depuis sa création il y a trois ans.
Mais un obstacle majeur à leur attractivité et à leur capacité à faire la différence reste un obstacle majeur : ce ne sont pas de véritables banques, car elles ne disposent pas d’une licence bancaire.
En tant que telles, les néobanques ne peuvent pas accorder de prêts hypothécaires à leurs clients, ce qui limite leur capacité à rivaliser avec les banques traditionnelles.