Le Kremlin a rejeté les sanctions de Washington quelques jours seulement après les moqueries de Poutine concernant d’éventuelles interdictions d’exportation de l’UE.
« Bien entendu, les sanctions créent des problèmes supplémentaires », a déclaré vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. « Mais je le répète, nous nous sommes adaptés aux sanctions… Nous avons appris à les surmonter. »
Moscou réagissait à une centaine de mesures punitives annoncées hier par le gouvernement américain, visant à perturber l’offensive militaire du président russe Vladimir Poutine en Ukraine.
Les sanctions visent un certain nombre d’objectifs clés, notamment s’attaquer à la base industrielle nationale de la Russie, à son secteur des services financiers et à sa croissance technologique.
La réponse de Moscou intervient quelques jours seulement après que Poutine se soit moqué d’éventuelles sanctions européennes concernant la guerre en Ukraine, selon le média russe TASS.
Les mesures européennes non finalisées pourraient imposer des restrictions à l’exportation sur un certain nombre de produits allant des diamants aux machines à souder.
« Peut-être que moins il y a de déchets, mieux c’est », aurait déclaré Poutine. « Il y a moins de risques que des punaises de lit viennent ici des grandes villes européennes. »
Collaborateurs tiers
Washington cherche également à réprimer le soutien que Moscou reçoit de la part de nations et d’individus étrangers.
La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a déclaré dans un communiqué : « La Russie dépend d’individus et d’entités de pays tiers disposés à réapprovisionner son armée et à perpétuer sa guerre odieuse contre l’Ukraine. »
Elle a ajouté que les États-Unis « n’hésiteront pas à leur demander des comptes ».
Washington espère en particulier cibler les échanges commerciaux de la Russie avec la Chine, la Turquie et les Émirats arabes unis, car le Kremlin dépend de ces pays pour les « articles hautement prioritaires » tels que les composants d’armes critiques.
Pékin a sévèrement critiqué vendredi les nouvelles mesures américaines, affirmant que Washington devrait « corriger ses mauvaises pratiques » et « cesser de contenir et de réprimer les entreprises chinoises ».
GNL et drones meurtriers
Une autre cible des sanctions est le projet Arctic LNG 2, géré par le deuxième producteur de gaz naturel russe, Novatek.
Ce projet fait partie du plan russe visant à accroître sa production de gaz naturel liquéfié, ce qui permettrait au Kremlin de consolider et d’étendre son influence géopolitique.
Bien que l’UE ait réduit ses importations de gazoduc russe, le bloc reste dépendant du GNL russe, avec des expéditions augmentant de 40 % de janvier à juillet de cette année, par rapport à la même période en 2021.
Novatek a annoncé en septembre qu’elle commencerait à exporter du GNL Arctic-2 au début de l’année prochaine, et il reste à voir quelle quantité de gaz russe pourrait être bloquée par les mesures de Washington.
Les nouvelles sanctions visent également à lutter contre les drones suicides KUB-BLA et Lancet utilisés par l’armée russe en Ukraine en mettant sur liste noire les entreprises contribuant au processus de fabrication.
Andrii Yermak, chef de cabinet du président ukrainien Volodymyr Zelensky, a salué l’annonce de Washington.
Il a écrit sur Telegram : « Je suis très heureux que… les restrictions soient renforcées contre les entreprises liées au complexe militaro-industriel de la Fédération de Russie. »
Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy a également salué les mesures américaines dans son discours nocturne, affirmant qu’elles sont « exactement ce dont nous avons besoin ».