L'Espagne a proposé d'interdire les vols court-courriers – mais les groupes environnementaux ne sont pas satisfaits

Milos Schmidt

L’Espagne a proposé d’interdire les vols court-courriers – mais les groupes environnementaux ne sont pas satisfaits

Les groupes environnementaux ont qualifié la proposition de « purement symbolique ».

L’Espagne souhaite interdire les vols court-courriers alors qu’il existe une alternative en train qui prend moins de 2,5 heures.

La proposition émane du Parti socialiste (PSOE) au pouvoir en Espagne et du parti d’extrême gauche Sumar, qui sont parvenus le mois dernier à un accord pour former un nouveau gouvernement de coalition progressiste.

La mesure vise à réduire les émissions des vols intérieurs rapides et à encourager des voyages plus durables, dans le cadre du plan d’action climatique espagnol 2050.

Cela pourrait affecter les vols au départ de villes comme Alicante, Barcelone, Séville et Valence vers Madrid. Cependant, les vols utilisant la capitale pour se connecter à des routes internationales ne seraient pas inclus dans l’interdiction.

La France a introduit une mesure similaire plus tôt cette année, mais les écologistes se demandent dans quelle mesure elle est efficace pour réduire les vols.

L’Espagne va-t-elle interdire les vols court-courriers ?

Reste à savoir si l’interdiction entrera en vigueur. La coalition entre le PSOE et Sumar n’est pas suffisante pour construire une majorité, c’est pourquoi le soutien des petits partis régionaux, y compris des indépendantistes catalans, est encore nécessaire.

Le Premier ministre sortant Pedro Sánchez a jusqu’au 27 novembre pour obtenir une majorité, faute de quoi de nouvelles élections auront lieu en janvier 2024.

Comment une interdiction des vols court-courriers pourrait-elle aider l’environnement ?

L’élimination des vols courts là où il existe une alternative ferroviaire allant jusqu’à quatre heures permettrait d’économiser jusqu’à 300 000 tonnes de CO2 et 50 000 opérations aériennes par an, selon une étude publiée le mois dernier par Ecologistas en Acción.

La confédération des groupes environnementaux a proposé 11 routes aériennes qui pourraient être remplacées par des voyages en train, réduisant ainsi les émissions de CO2 de l’aviation intérieure espagnole de près de 10 pour cent.

Cependant, la proposition du gouvernement édulcore cet objectif en se concentrant sur les trajets pouvant être effectués en train en moins de 2,5 heures.

Elle ne s’appliquerait pas non plus aux vols de correspondance vers les aéroports principaux – une mise en garde qui a conduit Ecologistas en Acción à qualifier l’interdiction de « mesure théorique » qui reste « purement symbolique » dans la pratique.

L’interdiction française sur les vols court-courriers s’est avérée tout aussi limitée, n’affectant que trois liaisons aériennes.

L’Espagne dispose-t-elle de suffisamment de liaisons ferroviaires pour remplacer les vols court-courriers ?

Les voyages en train gagnent en popularité en Espagne, avec une part du rail sur la route Madrid-Valence déjà de 90 pour cent par rapport à l’avion, a déclaré le président de l’association espagnole des compagnies aériennes ALA, Javier Gándara, au journal Politico.

Il n’est cependant pas toujours facile de remplacer les vols court-courriers par des voyages en train. Effectuer une correspondance internationale à l’aéroport Barajas de Madrid depuis une ville comme Valence impliquerait de prendre un train à grande vitesse jusqu’à la gare centrale de la capitale, puis de passer à un service régional.

Les vols internationaux en correspondance ne sont donc pas inclus dans l’interdiction proposée, car les passagers choisiraient probablement simplement de se connecter dans d’autres aéroports européens.

La compagnie aérienne espagnole Iberia a également fait valoir que la fréquence des trains desservant les principaux aéroports ne peut actuellement pas égaler celle des vols intérieurs courts.

L’ALA a fait valoir que, plutôt que d’imposer une interdiction, les grands aéroports devraient être connectés au réseau ferroviaire à grande vitesse pour donner aux voyageurs le choix entre voyager en avion et en train.

Le réseau se développe rapidement et l’aéroport de Barajas devrait y être connecté d’ici 2026.

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