par Eric Zemmour
« Merkozy est mort, vive Merkeron ! C’est le nouveau roi d’Europe, le nouveau couple, la nouvelle alliance qui impose ses vues à notre continent. On ne l’avait pas vu venir lorsque la chancelière allemande avait accueilli avec mille grâces la menace du Premier ministre anglais de quitter l’Union. On aurait du se méfier, Hollande aussi. Depuis, il regarde passer les trains.
Dans la négociation sur le budget de l’Union comme sur le prétendu plan de relance de croissance ou encore l’union bancaire, les positions françaises ont été enfoncées, défoncées, pulvérisées par le bulldozer anglo-allemand. L’annonce faite au même moment, par Bruxelles, de la création prochaine d’une grande zone de libre-échange entre l’Europe et les États-Unis sonne comme une nouvelle provocation de Merkel et Cameron. Il y a dix ans, Lionel Jospin avait mis son veto à cette idée déjà avancée par la Commission, au nom de nos deux exceptions françaises : la culture et l’agriculture.
Dix ans plus tard, Bruxelles, obstinée, revient à la charge. Les Français n’ont pas changé d’avis, surtout pas à gauche. Mais Bruxelles s’assoit, désormais, sur les réserves français car l’Angleterre et l’Allemagne sont enthousiastes. Même chose pour l’euro : la France peste contre son cours trop élevé, les Allemands la font taire, les Anglais se marrent : l’euro n’est jamais trop fort à leurs yeux puisqu’ils ont conservé la livre sterling, qui baisse suffisamment pour ressusciter une industrie anglaise compétitive pendant que son homologue française coule.
Merkel et Cameron sont faits pour s’entendre. Tous deux de droite, politiquement conservateurs, économiquement libéraux, partisans du libre-échange… Le grand large est l’âme de l’Angleterre et depuis que l’Allemagne s’est réunifiée, elle a renouée avec sa grande politique mondiale d’antan. Elle exporte partout ses voitures, ses machines-outils et, partout, elle retrouve la City qui finance tout ce dont elle a besoin. Les deux font la paire. Ils jugent également les Français trop socialistes, trop étatistes, trop protectionnistes, pour tout dire, trop européens.
Bref, ils trouvent les Français trop Français. C’est historiquement le retour d’une alliance millénaire qui, de Bouvines à Waterloo, en passant par la guerre de Sept Ans, a longtemps ligué les Anglais et les Allemands contre les ambitions françaises. La monarchie anglaise vient de Hanovre et les élites britanniques ont toujours été fascinées par l’Allemagne. L’entente cordiale entre Français et Anglais fut en fait une parenthèse du XXe siècle pour contenir les visées hégémoniques de l’Allemagne sur le continent.
Cette parenthèse se referme ironiquement alors même que les Français célèbrent, sans trop y croire, le cinquantième anniversaire du traité d’amitié signé entre Charles de Gaulle et Konrad Adenauer. Les deux hommes consacraient alors, dans la cathédrale de Reims, une Europe continentale, groupée autour du Rhin, d’inspiration carolingienne. Une Europe catholique, sociale, protégée à ses frontières par ses douaniers et son tarif extérieur commun…
Bref, une Europe française. Une Europe que les Anglais ont toujours détesté et à laquelle les Allemands ne font plus semblant de se soumettre. Une Europe morte. Une Europe que Cameron et Merkel enterrent joyeusement. »
La chronique d'Eric Zemmour du 15 février sur RTL
(script : Nouvelles de France)
Dans la négociation sur le budget de l’Union comme sur le prétendu plan de relance de croissance ou encore l’union bancaire, les positions françaises ont été enfoncées, défoncées, pulvérisées par le bulldozer anglo-allemand. L’annonce faite au même moment, par Bruxelles, de la création prochaine d’une grande zone de libre-échange entre l’Europe et les États-Unis sonne comme une nouvelle provocation de Merkel et Cameron. Il y a dix ans, Lionel Jospin avait mis son veto à cette idée déjà avancée par la Commission, au nom de nos deux exceptions françaises : la culture et l’agriculture.
Dix ans plus tard, Bruxelles, obstinée, revient à la charge. Les Français n’ont pas changé d’avis, surtout pas à gauche. Mais Bruxelles s’assoit, désormais, sur les réserves français car l’Angleterre et l’Allemagne sont enthousiastes. Même chose pour l’euro : la France peste contre son cours trop élevé, les Allemands la font taire, les Anglais se marrent : l’euro n’est jamais trop fort à leurs yeux puisqu’ils ont conservé la livre sterling, qui baisse suffisamment pour ressusciter une industrie anglaise compétitive pendant que son homologue française coule.
Merkel et Cameron sont faits pour s’entendre. Tous deux de droite, politiquement conservateurs, économiquement libéraux, partisans du libre-échange… Le grand large est l’âme de l’Angleterre et depuis que l’Allemagne s’est réunifiée, elle a renouée avec sa grande politique mondiale d’antan. Elle exporte partout ses voitures, ses machines-outils et, partout, elle retrouve la City qui finance tout ce dont elle a besoin. Les deux font la paire. Ils jugent également les Français trop socialistes, trop étatistes, trop protectionnistes, pour tout dire, trop européens.
Bref, ils trouvent les Français trop Français. C’est historiquement le retour d’une alliance millénaire qui, de Bouvines à Waterloo, en passant par la guerre de Sept Ans, a longtemps ligué les Anglais et les Allemands contre les ambitions françaises. La monarchie anglaise vient de Hanovre et les élites britanniques ont toujours été fascinées par l’Allemagne. L’entente cordiale entre Français et Anglais fut en fait une parenthèse du XXe siècle pour contenir les visées hégémoniques de l’Allemagne sur le continent.
Cette parenthèse se referme ironiquement alors même que les Français célèbrent, sans trop y croire, le cinquantième anniversaire du traité d’amitié signé entre Charles de Gaulle et Konrad Adenauer. Les deux hommes consacraient alors, dans la cathédrale de Reims, une Europe continentale, groupée autour du Rhin, d’inspiration carolingienne. Une Europe catholique, sociale, protégée à ses frontières par ses douaniers et son tarif extérieur commun…
Bref, une Europe française. Une Europe que les Anglais ont toujours détesté et à laquelle les Allemands ne font plus semblant de se soumettre. Une Europe morte. Une Europe que Cameron et Merkel enterrent joyeusement. »
La chronique d'Eric Zemmour du 15 février sur RTL
(script : Nouvelles de France)